Toute reproduction, même partielle, est interdite sans l’autorisation des auteurs du site.
La Révolution va modifier la façon de recruter les hommes. Au début il s’agit d’appels de volontaires et de levées en masse, puis le Directoire instaure la conscription.
Dès le 23 juillet 1791, le district d’Etampes doit fournir, conformément à la loi du 12 juin, 158 auxiliaires, eu égard à sa population, engagés pour 3 ans. Les soldats auxiliaires devaient avoir 18 ans. Ils recevaient 3 sols de solde par jour tant qu’ils restaient sur le lieu de leur résidence et bénéficiaient du même traitement que les autres militaires dès qu’ils rejoignaient leur corps. Le canton d’Angerville doit en fournir 20 et celui de Saclas 15.
Volontaires
La guerre est déclarée à l’Autriche le 20 avril 1792. Le 6 juillet, la Prusse entre en guerre aux côtés de l’Autriche. l’Assemblée législative proclame » la patrie en danger » le 11 juillet et demande à tous les volontaires d’affluer vers Paris. Parmi ceux qui se présentent dès l’an 1 (22 septembre 1792), pour se porter aux frontières, il y a les gendarmes si bien que, vu la loi du 26 août 1792 par laquelle il est autorisé à faire remplacer les gens d’armes qui se portent aux frontières par des surnuméraires ou autres sujets à leur choix… le directoire arrête qu’il sera fait dans le jour, un relevé du registre des inscriptions des personnes qui désireraient entrer dans le corps de la gendarmerie.
Avant même cette date, le 22 mai 1792, Jean Bagnol, maître en chirurgie et premier officier de la municipalité de Saclas, désire avoir l’honneur d’entrer dans la gendarmerie nationale de France en qualité de brigadier. J’ai été dit-il à la fédération de Paris capitaine des grenadiers et à Versailles de même et anciennement j’ai servi deux ans et demi dans les dragons d’officiers.
« Aujourd’huy vingt deux du mois de may de l’année mil sept cent quatre vingt douze Jean Bagnol maître en chirurgie et fédéré de Paris et de Versailles et électeur de Versailles et premier officier de la municipalité de Saclas lieu de sa demeure de l’endroit du canton de Saclas district d’Etampes département de Seine-et-Oise de Versailles désire avoir l’honneur d’entrer dans la gendarmerie nationale de France et a l’honneur de prier les messieurs présidents du district d’Etampes de présenter le présent mémoire de ma demande aux messieurs du département de Versailles à qui j’ai eu l’honneur de rendre mes devoirs toute ma vie ainsi qu’à tous mes représentants. J’ai été à la fédération de Paris capitaine des grenadiers au premier tour de tous les tours et à Versailles de même et anciennement a servi deux ans et demi dans les dragons d’officiers compagnie de monsieur … et en … de servir toute ma vie prie tous ces messieurs de vouloir bien m’honorer ? d’entrer dans la gendarmerie nationale sus dit en qualité de brigadier et à leur volonté et a l’honneur de le faire vérifier par les messieurs de son département. Vu la municipalité le présent certificat et que le sieur Bagnol est officier municipal et capitaine des compagnies de Saclas et Guillerval. Signé Baudry maire, Barrelier officier, Bagnol. Je certifie que Jean Bagnol a été capitaine des grenadiers à la fédération de Paris. Signé Morry de Méréville , Barrellier de Méréville, Guillaumeron grenadier dans la garde nationale de Méréville , André lieutenant dans la garde nationale de Méréville « .
Deux gendarmes en résidence à Angerville se portent également volontaires pour l’armée. Leur histoire nous est connue car ils appartiennent à l’armée de Custine qui à l’époque est considéré comme un traître. « L’administration sait, est-il écrit dans un rapport du 1er prairial an 2, que le traître Custine a par toutes sortes de manœuvres fait quitter l’armée qu’il commandait par toute la gendarmerie. Parmi les gendarmes les uns ont été ses victimes, il a accusé faussement les autres, quelques uns ont été destitués, un petit nombre a fui la persécution, et s’est retiré dans ses résidences. Dans le département de Seine et d’Oise six gendarmes retirés dans leur résidence y ont été mis provisoirement en subsistance. Les citoyens Asnier et Godeau furent du nombre de ceux qui revinrent, leur résidence était à Angerville. Aussitôt qu’ils surent que leur retour n’était pas approuvé deux jours seulement après leur arrivée ils se présentèrent au département pour être renvoyés à tel poste que l’on jugerait de leur assigner « . Nous donnons en fin de ce chapitre, la biographie d’Adam Philippe Custine de Sarëck, telle qu’elle figure sur le site de l’Assemblée Nationale.
Un arrêté des représentants du peuple dans le département de Seine-et-Oise en date du 30 nivôse portait que les nommés Lacoley, Jouette, Oberhausser, Houbert, Godeau et Asnier, gendarmes revenus de l’armée sans congé, étaient destitués. Leur paiement cessait à compter du 1er pluviôse. Leurs chevaux, équipages et armements étaient mis en réquisition ; il leur en serait tenu compte sur l’estimation qu’un expert en ferait.
Une enquête est cependant diligentée et « la subsistance leur fut également assurée par cette lettre jusqu’à ce que la cour prononça sur le sort de tous les gendarmes que Custines avait forcé de quitter son armée « . Le rapport du 1er prairial continue ainsi : « Le 13 pluviôse le citoyen Redy capitaine de gendarmerie résident à Etampes certifia de la manière la plus formelle au département que le besoin de secours pour la gendarmerie épuisée de fatigue avait engagé à remettre en activité les citoyens Asnier et Godeau et que depuis la reprise de leurs fonctions ils s’étaient acquittés de leur service avec exactitude et patriotisme et attesta en son âme et conscience que soit avant leur départ pour l’armée soit depuis leur retour ils ne lui avaient laissé rien à désirer dans le service. Le 19 du même mois la municipalité d’Angerville témoin oculaire de la conduite d’Asnier et Godeau leur donna un certificat tout aussi avantageusement dicté pour eux. Il y est dit qu’ils ont toujours fait le service avec zèle et qu’aucune plainte n’est parvenue à la municipalité. Ce certificat est en outre visé par le comité de surveillance « .
Tenant compte de toutes ces considérations, le 3 prairial an 2, le citoyen Asnier est admis pour remplir la première place vacante dans la gendarmerie du district, où le nombre de gendarmes est considérablement diminué et où les occupations et le besoin des services de la gendarmerie augmentent de jour en jour. Godeau lui avait déjà été rappelé au service des armées. Sa demande d’être réintégré à la place de gendarme à la résidence d’Angerville est acceptée.
Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (A.Robert et G.Cougny) de Adam Philippe Custine de Sarëck : député aux Etats-Généraux de 1789, né à Metz (Moselle), le 4 février 1740, exécuté à Paris, le 28 août 1793, fut, comme fils de famille noble, nommé sous-lieutenant au régiment de Saint-Chamons, dès l’âge de sept ans (1747), et figura à ce titre dans la suite du maréchal de Saxe, lors de la campagne dans les Pays-Bas en 1748. Réformé en 1749, il vint faire ses études à Paris, entra dans le régiment du roi, suivit la guerre de Sept ans, devint capitaine aux dragons de Schombert, et passa quelque temps à la cour de Prusse pour étudier la nouvelle organisation militaire, due à Frédéric-le-Grand. Au retour, le duc de Choiseul fit créer pour lui le régiment des dragons de Custine, que celui-ci soumit à la discipline prussienne, et qu’il échangea, en 1780, contre celui de Saintonge-infanterie, à la tête duquel il prit part à la guerre de l’indépendance américaine, et se distingua au siège de New-York ; rentré en France, il fut nommé maréchal de camp et commandant de Toulon. Le 16 mars 1789, la noblesse du bailliage de Metz l’élut député de son ordre aux Etats-Généraux, par 18 voix sur 23 votants ; il se montra partisan des réformes, vota pour l’organisation des gardes nationales, pour la déclaration des droits de l’homme, mais contre l’aliénation des biens du clergé, contre les décrets relatifs aux émigrés, et pour la prérogative royale du droit de paix et de guerre. Vivement attaqué pour ces contradictions de conduite, il s’en expliqua dans une lettre adressée, le 10 février 1791, à la Gazette nationale : » Mon mépris pour la calomnie, pour les pamphlets qui la publient, et que je ne lis jamais, m’a longtemps laissé ignorer que mon nom fût sur la liste du club monarchique. Député de l’Assemblée nationale, je me suis fait la loi de n’adopter aucun parti. Je ne suis pas plus du club des Jacobins que du club monarchique ; mes opinions sont celles d’un citoyen français dont l’âme libre ne put jamais être enchaînée; les décrets sanctionnés sont ma religion; persuadé que nulle société ne peut exister sans loi, celles de l’Assemblée nationale, sanctionnées par le roi, n’auront jamais un plus ferme, un plus inébranlable défenseur. CUSTINE, député à l’Assemblée nationale « .
« Elevé au grade de lieutenant-général, le 6 octobre 1791, il fut envoyé à l’armée du Rhin (1792), et appelé par Luckner au commandement de Landau, qu’il défendit vaillamment contre l’armée prussienne. Nommé général en chef du camp de Soissons, il sollicita bientôt un autre commandement, et remplaça Luckner à la tète de l’armée du Rhin. Sa campagne fut brillante; il prit Spire d’assaut (19 septembre 1792), s’empara de Worms, et, arrivé devant Mayence, le 21, y entra, au bout de deux jours de négociations. Cédant lui-même à l’enivrement de la victoire, et comptant sur un soulèvement général de l’Allemagne, il ne tint pas compte de l’ordre du ministre de la guerre qui lui prescrivait de marcher sur Coblentz, entra en Allemagne et occupa Francfort-sur-le-Main. Mais les Prussiens l’en chassèrent, et, Custine, craignant d’être coupé, se retira en hâte sur Mayence, non sans avoir perdu, à Costein, une partie de son artillerie. Mayence fut bientôt investie par des forces considérables. Custine, qui attribuait déjà ses revers à l’impéritie du ministre de la guerre et à la jalousie de Kellermann, demanda des renforts; on lui adjoignit l’armée de la Moselle, mais, battu à Bingen, et apprenant que l’ennemi avait forcé les passages des Vosges, il se replia derrière les ligues de Wissembourg, et offrit sa démission à la Convention, qui la refusa, en lui maintenant sa confiance. Il eut alors l’imprudence d’écrire an président de la Convention une longue lettre dans laquelle il insinuait que la patrie ne pouvait être sauvée que par un dictateur, et que ce dictateur devait être un général. Cette lettre lui attira les plus vives attaques de Marat et des Jacobins ; on le mit pourtant à la tête de l’armée du Nord, que la mort du général Dampierre venait de laisser sans chef, mais il avait à peine pris possession de son commandement, qu’un ordre du comité de Salut public le rappela à Paris. Arrêté, enfermé à l’Abbaye, il fut, sur un rapport de Barère, traduit devant le tribunal révolutionnaire, sous la prévention d’avoir livré Francfort aux Prussiens, d’avoir abandonné Mayence, d’avoir trahi la République et aspiré à la tyrannie. Il se défendit avec courage, soutenu, dans cette terrible tâche, par la persévérance et les démarches de sa belle-fille ; mais les menaces d’Hébert et un discours de Robespierre bâtèrent la solution du procès qui traînait en longueur, et Custine fut condamné à mort (27 août 1793). Il demanda un confesseur, écrivit à son fils une lettre touchante, dans laquelle il le chargeait de réhabiliter sa mémoire à l’aide de sa correspondance, et fut exécuté le lendemain « .
Armée de Vendée
Le procès du Roi débute le 11 septembre 1792. La mort votée par 387 voix sur 718, le sursis rejeté, Louis XVI est guillotiné le 21 janvier 1793. La mort du Roi relance la guerre qui est déclarée à l’Angleterre le 1er février. Pour faire face et remplacer les volontaires de 1792, qui ont légalement quitté l’armée, la Convention décrète, le 24 février, une levée de 300 000 hommes. Cette levée doit se faire par tirage au sort, ce qui provoque une vaste protestation spontanée essentiellement paysanne. Dans la plupart des régions, les soulèvements armés retombent ou sont étouffés avant d’avoir pu se développer, alors qu’en Vendée la rébellion s’organise et prend de l’ampleur.
Le 7 prairial an 1 (26 mai 1793), le recrutement des hommes pour la guerre de Vendée donne lieu à une belle empoignade dans le canton de Saclas. Le citoyen Lartillot est nommé le 23 mai par le comité de salut public d’Etampes, pour effectuer ce recrutement et il se rend donc à Saclas, pour réunir le contingent de 8 hommes demandé aux 13 communes qui composent le canton. Il est accueilli par plus de 300 personnes assemblées dans l’église, dont un quart sont citoyens non mariés. Selon Lartillot ceux-ci manifestent dès l’ouverture de la réunion un esprit de trouble et de discorde. « Ils ont tellement gêné la liberté de suffrage dans le reste des citoyens présents, par les menaces qu’ils ont dirigé contre les maires de chaque commune et notamment contre celui de Saclas, que dans la crainte de perdre la vie et pour éviter toutes voies de fait le reste de l’assemblée n’a osé prendre aucun parti définitif pour opérer le recrutement dans la crainte de contrarier la résolution que montrait la généralité des garçons de se refuser à toute réquisition qui ne viendrait pas directement de la convention nationale. Il a donc été arrêté après environ six heures de séance que les 8 hommes ne seraient fournis que d’après un décret à intervenir de la convention « . C’est au milieu de ce trouble que Lartillot rédige son procès verbal et se fait insulter et frapper par deux hommes plus particulièrement.
L’un d’entre eux est le citoyen Vincent Jouanet, garçon meunier chez la veuve Lamy au moulin de Fontenette à Abbéville. Il a 24 ans, il est venu à la réunion car il doit faire partie du contingent et son intention était de faire tirer au sort. Selon lui « c’est Lartillot lui-même qui a aigri tous les esprits attendu la demande qu’il a faite à l’assemblée de lui faire 3000 livres pour dispenser le canton du contingent, que sur cette demande plusieurs lui ont répondu que puisque l’on demandait des hommes on ne demandait pas d’argent « . Quant aux insultes et aux coups, il nie les avoir donnés.
Le second est le citoyen Germain Liénard journalier, natif de Saint-Père à Méréville, âgé de 45 ans, demeurant à Saclas, marié avec Julienne Marchand, deux enfants. Il réfute lui aussi avoir insulté et frappé Lartillot. Les autres témoins interrogés sont moins formels. L’un d’entre eux affirme même l’avoir entendu dire, que quiconque signerait le procès-verbal aurait la barre du cou cassée. Par contre, ils ont entendu Lartillot demander 3000 livres pour les dispenser du contingent, que personne n’a voulu y consentir et que c’est sur cette proposition que l’assemblée a été dissoute. Un autre dit que c’est cette demande qui a mis l’assemblée en révolution.
Après les interrogatoires, il est reconnu d’une part, que la dissolution de l’assemblée a été provoquée par la demande des 3000 livres qu’a faite le citoyen Lartillot pour l’exemption du recrutement des 8 hommes demandés, ce qui a aigri les esprits, et d’autre part que Liénard a insulté Lartillot en lui retirant le procès-verbal des mains. Ce dernier est donc condamné à 15 livres d’amende.
Peu de temps auparavant, une délibération du département du 10 mai 1793 (21 floréal an 1) ordonne au district d’Etampes de « tenir à la disposition du citoyen Hoggues, administrateur en chef des chevaux de charrois des armées « . Le citoyen Hoggues réclame d’Etampes un contingent de 130 chevaux, attelés à 40 charrettes ou chariots en état de partir avec leur conducteur pour le service de l’armée, mercredi 15 de ce mois et de pourvoir aux subsistances et logement de 316 chevaux et des hommes. Il réclame aussi aux communes d’Angerville, Pussay, Monnerville, Méréville, Thionville et Congerville 120 chevaux attelés à 40 charrettes ou chariots aussi en état de partir et leur conducteur pour le même jour et de pourvoir aux subsistances et logement pour 335 chevaux et des hommes., tous les chevaux et voitures qu’il requerra et tous les emplacements qui lui seront nécessaires tant pour le logement des chevaux que pour les approvisionnements de fourrages qu’il sera dans le cas de faire et de lui donner toutes facilités sur le moyen de former des approvisionnements
« Considérant qu’il est instant de pourvoir aux moyens de satisfaire aux réquisitoires, sans cependant fatiguer l’agriculture ni comprendre celles des communes qui ont fait le service pour l’armée de la Moselle, le directoire arrête que la municipalité de cette commune sera invitée de faire trouver mercredi prochain deux heures de relevée sur la place du marché de Saint Gilles 130 chevaux garnis de colliers ou bricoles et traites de cordes pour y être inspectés et un conducteur par trois chevaux, lesquels hommes et chevaux resteront à la disposition de l’inspecteur du convoi destiné à aller au secours de nos frères de la Vendée et est la municipalité autorisée à annoncer que les chevaux seront payés à raison de 4 livres par jour les hommes 2 livres et que l’étape sera fourni avec demi étape aux relais « .
« De faire la recherche de tous les carrosses et chariots étant en cette ville et de les faire conduire au nombre de 40 dans les cours de la cidevant congrégation de cette ville, pour être employés en cas de nécessité au remplacement de celles qui à l’arrivée d’Etampes seront susceptibles d’être échangées et en cas d’insuffisance de carrosses et chariots d’y suppléer par des voitures, et pour éviter la confusion et le mélange de ces carrosses chariots et voitures le directoire se charge de faire appliquer en la présence d’un membre du directoire une plaque numérotée sur chacune desdites voitures et d’en tenir registre afin qu’elles puissent être rendues aux citoyens qui les auront fournis « .
Le directoire arrête de même que les communes d’Angerville, Pussay, Monnerville, Méréville, Thionville et Congerville seront tenus de fournir la quantité de 120 chevaux garnis de colliers ou bricoles et traites de cordes et de les faire trouver mercredi prochain de relevée avec un homme pour trois chevaux sur la place d’Angerville pour y être inspecté par la municipalité dudit lieu et rester à la disposition de l’inspecteur audit convoi tant qu’il durera.
Levée d’hommes et de chevaux
La loi du 23 août 1793 (6 fructidor an 1) ordonne une levée de 3400 hommes de cavalerie dans 7 départements, dont celui de Seine-et-Oise, qui doit fournir 340 hommes, dont 37 pour le district d’Etampes. Les volontaires qui se destineront à cette arme recevront une gratification de 250 livres qui sera payée dès que la compagnie dans laquelle ils entreront sera organisée, qu’ils seront admis et habillés à Versailles. Aucun ne doit être reçu qu’il n’ait 5 pieds 2 pouces (1,674 m) et soit âgé de 18 à 40 ans. On parle de volontaires, mais les deux cantons d’Angerville et de Saclas ont cependant à fournir 10 hommes, qu’ils le veuillent ou non, qui se répartissent ainsi : Guillerval et Saint-Cyr : 1, Saclas, Boissy, Fontaine : 1, Marolles, Bois-Herpin, La Forêt, Abbéville, Roinvilliers : 1, Arrancourt, Méréville, Estouches, Blandy : 2, Angerville, Pussay : 2, Monnerville, Congerville, Saint-Hilaire, Chalou-Moulineux : 1, Mérobert, Châlo, Boutervilliers, Saint-Escobille : 2.
Le 28 fructidor le conseil général examine les demandes de dispense de la levée ordonnée par la loi du 23 août dernier. Louis Damon, étapier à Angerville, est dispensé de la réquisition ordonnée, vu qu’il est activement employé pour le service des armées, en tant qu’étapier. (Cf activité de sa veuve à la fin du chapitre sur la vie des relais de poste).
A la même époque, Charles Bouillon tailleur d’habits à Saclas, doit apprendre le métier de tailleur à Christophe Lesage mineur ayant perdu ses parents, pendant 28 mois, moyennant la somme de 180 livres versée par Eloi Lesage tuteur de Christophe. Mais au bout de 7 mois, cela se passe le 29 fructidor an 1, Charles Bouillon dit devoir se séparer de son apprenti « pour prétexte qu’il n’avait plus d’ouvrage de son métier, vu le départ des citoyens pour les armées « .
Ces volontaires un peu forcés ont tendance à déserter. Le 2 nivôse an 2, le ministre de la guerre s’adresse aux commandants de gendarmerie nationale et aux commissaires des guerres pour leur dire : « … Un grand nombre de militaires abandonnent lâchement les corps auxquels ils sont attachés… pour arrêter le cours de ces perfides manœuvres et prévenir les maux qui pourraient en résulter, je déclare à tous les commissaires de guerre que s’ils n’apportent pas la plus scrupuleuse attention aux passeports, congés, certificats de maladie… le ministre de la guerre les destituera sur le champ… faire rechercher et arrêter tous les militaires qui ne pourront justifier légalement de leur absence du corps dont ils font partie… ».
Le président du département met également en garde les citoyens administrateurs du district d’Etampes sur les abus commis par plusieurs volontaires qui envoient à leurs parents des effets d’habillement et autres appartenant à la République. Ils passent par les voitures publiques et même par celles des subsistances, d’où la nécessité d’effectuer une surveillance.
Ces désertions n’étaient pas nouvelles. Déjà en 1792, les hommes manquant d’ouvrage et mendiant, s’enrôlaient alors dans l’armée qu’ils désertaient aussi rapidement, errant de nouveau à droite, à gauche en quête d’un travail. Ainsi, le 7 janvier 1792, Jean Pierre Haillard procureur de la commune de Congerville, amène à la gendarmerie d’Angerville un particulier arrêté chez Augustin Fondrier cabaretier à Congerville, comme « étant suspect et dans le cas de troubler la tranquillité publique parce qu’à son air et à son costume il paraissait être vagabond et en état de fomenter des projets qui pourraient nuire aux intérêts et à la sûreté publique « . Interrogé, le particulier dit s’appeler Honoré Chatenay de la paroisse de Guillerval, âgé de 19 ans, fils des défunts Thomas Chatenay maçon et Marie Louise Sergent. Vers la Saint Michel dernier, il s’est engagé à Etampes pour le régiment de la Reine qu’il a été rejoindre à Bayeux, où il a séjourné pendant 18 jours. De là, il a été en garnison à Auray en Basse Bretagne où il est resté environ un mois. Puis il lui a pris envie de déserter pour revenir dans sa patrie et y faire son état de maçon. Il s’est arrêté à l’auberge de Congerville pour y manger la soupe. Quant à l’habit de son régiment il l’avait changé contre un mauvais gilet et une mauvaise veste. Attendu qu’il se mettait dans le cas d’être toujours suspecté et regardé comme errant et vagabond, le juge de paix l’envoie en la maison d’arrêt du tribunal du district d’Etampes où il restera pendant trois mois, à moins qu’il ne soit réclamé avant par son régiment.
En frimaire an 4, tous les congés de réquisition que le comité de salut public a accordé depuis le 15 germinal jusqu’au 15 thermidor suivant, à des militaires ou des jeunes gens de la première réquisition, sont rapportés et comme non avenus. Effectivement, en ce printemps 1796 (germinal an 4), la France lance une grande offensive pour contraindre l’Autriche à la paix. Une lettre est donc adressée à tous les agents municipaux du canton, pour qu’ils affichent et publient l’arrêté du comité de salut public et qu’ils envoient les jeunes gens concernés auprès de l’administration qui leur délivrera leur feuille de route pour rejoindre leurs corps ou armées, ou dénoncent les récalcitrants.
Du coup des demandes de délai d’incorporation ou d’exemption se font jour. La citoyenne veuve Argant, cultivatrice à Boissy, fait valoir que son fils, qui se trouve être de l’âge de la première réquisition et qui travaille chez elle à l’agriculture, lui est absolument nécessaire et que sans lui elle ne peut travailler. L’administration reconnaît que la demande est sincère mais enjoint au citoyen Argant de rejoindre son bataillon sous 10 jours.
Les maladies sont mieux considérées, mais des officiers de santé sont nommés pour constater l’état de santé des réquisitionnaires et ne leur accorder qu’un délai provisoire.
Les chevaux ne sont pas en reste et une levée est ordonnée par la loi du 15 pluviôse an 4. Le nombre des chevaux dans le canton d’Angerville s’élevant à 674, le nombre des chevaux à fournir à raison du 30ème cheval est donc de 22 et pour le canton de Saclas il est de 16 le nombre des chevaux s’élevant à 484. Convocation est donc faite des propriétaires de chevaux pour leur donner la faculté de s’accorder entre eux sur la fourniture des chevaux. Comme à Angerville, ils n’arrivent pas à s’entendre, l’administration désigne François Rabourdin, cultivateur à Ouestreville, Louis Laigneau cultivateur et aubergiste, Louis Lubin Bertrand cultivateur et marchand de bas et Pierre Leguay fils cultivateur et aubergiste pour fournir sur le champ chacun un cheval. Elle fixe au 16 germinal, le départ des chevaux et nomme François Germain Gillet agent municipal de Monnerville, pour les accompagner au chef lieu du département à Versailles à leur examen, signalement, estimation et réception par le commissaire du directoire exécutif. Les propriétaires des chevaux requis étaient tous cultivateurs, meuniers ou aubergistes.
Les cultivateurs étaient bien sûr toujours réticents à fournir leurs chevaux, comme par exemple Achille Venard à Guillerval, qui use de tous les prétextes possibles pour retarder sa livraison. D’autres fournissent de mauvais chevaux qui sont rejetés lors de l’examen à Versailles et doivent être remplacés. Le 24 pluviôse an 5, Achille Venard n’a toujours pas livré son cheval, si bien que l’administration centrale du département nomme le citoyen Reydy, capitaine de gendarmerie à Etampes, pour l’y contraindre d’une part et d’autre part faire livrer deux autres chevaux refusés par l’administration centrale et qui n’ont jusqu’à ce jour pas été remplacés. Reydy est autorisé à se servir de la force armée. En paiement de leurs chevaux, les propriétaires reçoivent des bons pouvant leur servir à acquitter leurs contributions de l’an 4 ou à payer des biens nationaux à vendre.
Les hommes rentrent parfois blessés de la guerre. En frimaire an 5, le président de l’administration municipale d’Angerville demande aux citoyens Serveau et Gouny, officiers de santé à Angerville et Méréville, conformément à la lettre du ministre de la guerre en date du 19 brumaire, de visiter le citoyen André Brossonneau, ex fusilier en la 144ème demie brigade résidant à Pussay, afin de constater la nature de ses blessures ou infirmités et qu’il soit statué sur la pension à laquelle il a droit. Le rapport rendu le 26 frimaire au citoyen Petiet ministre de la guerre, atteste que le citoyen Brossonneau est « hors de rendre aucun service à la République » des suites des « fatigues de la guerre ». Il a perdu l’usage de ses membres et ne peut plus travailler. La conclusion s’exprime ainsi : « Veuillez donc citoyen ministre prendre la triste situation de ce citoyen qui n’a aucune ressource pour vivre ne pouvant travailler en grande considération en le faisant jouir de la subsistance de 30 sols par jour tel qu’il avait toujours joui « , car entre temps ce secours lui avait été supprimé.
Par les actes d’apposition de scellés faits pour préserver l’héritage des enfants quand un parent meurt, nous connaissons les affectations de certains de ces volontaires : Lorsque son père, Alexandre Petit, berger à Roinvilliers, décède le 7 pluviôse an 7, laissant sa veuve avec cinq enfants dont un mineur, Jean Alexandre est chasseur dans la 14ème demi brigade d’infanterie légère, 2ème compagnie du 3ème bataillon de l’armée française en Helvétie à Zurich. Dans ce cas une lettre est envoyée au fils pour l’avertir du décès de son père et de la pose des scellés et demander l’envoi d’une procuration, sinon il lui est nommé un curateur conformément à la loi du 11 ventôse an 2 et une lettre est envoyée au ministre de la guerre.
En messidor an 7, Jean Baptiste Imbault de Marolles est réquisitionnaire dans la 52ème demi brigade d’infanterie 3ème bataillon 4ème compagnie actuellement en garnison à Belle Ile en mer.
François Girault de Fontaine-la-Rivière est volontaire absent du pays depuis 7 ans au 2ème bataillon de la 86ème demi brigade 3ème compagnie en garnison à Bastia en l’île de Corse, quand, le 18 fructidor an 7, sa mère, veuve Cantien Girault décédé il y a environ 8 ans, décède à son tour, laissant quatre enfants majeurs dont François.
Louis Gervais Gontard de Guillerval est conscrit dans la 11ème demi brigade d’infanterie légère 2ème bataillon 7ème compagnie à l’hospice de Cologne, quand sa mère décède le 12 frimaire an 8. Son père, jardinier, reste seul avec neuf enfants.
Un autre est à l’armée d’Italie en garnison à Nice. Avec ces appositions de scellés on se rend compte que nombre de parents meurent jeunes laissant de nombreux enfants mineurs, jusqu’à 12 enfants, et que peu de familles échappent à la guerre
Les parents des « défenseurs de la Patrie » comme on appelait les volontaires, recevaient des secours en argent chaque trimestre, tout au moins en l’an 3 et 4.
Conscription
Le dernier militaire cité est conscrit, car à partir de l’an 7, un changement se produit. La loi Jourdan-Delbrel, du nom des députés qui l’ont proposée : Pierre Delbrel et Jean-Baptiste Jourdan, du 19 fructidor an VI (5 septembre 1798), institue la » conscription universelle et obligatoire « : » Tout Français est soldat et se doit à la défense de sa patrie « . Cette loi, qui établissait le service obligatoire pour tous les célibataires de 20 à 25 ans, était destinée à faire face à la grande démobilisation consécutive au 9 thermidor. Tous les Français nés la même année forment une » classe « , et à l’âge de 20 ans révolus doivent être inscrits ensemble (c’est-à-dire » conscrits « ) sur les tableaux de recrutement de l’armée. Les conscrits, avant d’être incorporés, subissent une visite médicale devant un conseil de révision. En temps de paix, le gouvernement peut n’appeler qu’une classe, ou même qu’une fraction de classe. La durée du service militaire en temps de paix est fixée à cinq ans.
Et c’est ainsi qu’elle se répercute dans nos cantons le 30 vendémiaire an 7 : « Vu la loi du 19 fructidor an 6 (5 septembre 1798) relative au mode de formation de l’armée de terre, vu la loi du 3 vendémiaire an 7 (24 septembre 1798) qui met 200 000 défenseurs conscrits en activité de service… vu les listes des conscrits fournis par les agents municipaux, considérant qu’il est dans son canton des conscrits assez insouciants pour ne s’être point fait inscrire, l’administration municipale arrête qu’il sera procédé classe par classe à la formation du tableau général des conscrits et que tous ceux qui ne se sont point présentés pour se faire inscrire seront inscrits en tête du tableau de première classe comme n’ayant que 20 ans et devant être les premiers à marcher « .
Bonaparte avait entre temps remporté des victoires décisives en Italie, forçant l’Autriche à signer la paix par le traité de Campo Formio le 28 germinal an 5 (17 avril 1797). La Russie et le Royaume-Uni qui craignaient la contagion révolutionnaire et une trop forte domination de la France sur l’Europe forment avec l’Autriche, la deuxième coalition en 1798.
Dans le canton de Saclas, la conscription ne va pas sans mal. Certains conscrits, portés par erreur dans une des classes et trop jeunes, font une réclamation. D’autres, non enregistrés, sont inscrits par l’agent municipal de leur commune. Un jury composé de six citoyens, dont le citoyen Bagnol, médecin de Saclas, est chargé de l’examen des conscrits se prétendant infirmes : les visites effectuées par les médecins sont contestées. Il faut également veiller à procurer aux conscrits l’habillement et la solde qui leur sont accordés par la loi du 28 germinal. Enfin, l’administration municipale de Saclas réclame des gendarmes à Etampes, pour faire les recherches nécessaires afin de découvrir les citoyens de l’âge de la conscription qui cherchent à s’en soustraire. Comme la gendarmerie d’Etampes ne lui envoie qu’un homme, elle requiert huit hommes armés de la garde nationale de Saclas pour l’accompagner dans chaque commune, prendre les renseignements nécessaires et se rendre chez les citoyens où on soupçonne qu’il existe des jeunes gens de l’âge de la conscription et qui ne sont point inscrits dans le canton.
Le 25 floréal an 7, lecture est faite de l’arrêté du département du 21 floréal an 7, contenant les noms des conscrits désignés par le sort pour former le contingent du canton. François Nolleau de Blandy et Jean Pierre Baptiste Leblanc de Guillerval sont, pour cause de maladie, dans l’impossibilité absolue d’aller au chef lieu de canton. Ils seront visités par Gudin officier de santé à Etampes qui accordera une dispense provisoire d’un an au premier et de six mois au second.
Se présente alors le citoyen Louis Honoré Charpentier, meunier à Saclas, conscrit de la 2ème classe, lequel déclare vouloir jouir du bénéfice de l’article 19 de la loi du 28 germinal et présente, pour le remplacer, François Chenu fils de Cantien et de Marie Anne Poirier né le 12 mai 1780, lequel est présent et y consent, disant vouloir toucher ses effets de petit équipement en numéraire, car il désire se les fournir et les présenter au moment voulu et il signe. Ce dernier n’étant ni conscrit de la 1ère classe, ni réquisitionnaire, ni autre militaire appartenant aux drapeaux, l’administration accepte.
Il en va de même pour Joseph Chanon manouvrier à Saclas, conscrit 3ème classe, qui présente, pour le remplacer, Joseph Blot fils de Jean et de Claire Lavigne, lequel déclare également qu’il se fournira lui-même d’une paire de bas, de deux chemises et d’une paire de souliers et qu’il ne sait signer. Les conscrits avaient 5 jours pour trouver un remplaçant et beaucoup préféraient toucher leurs effets en argent et se les procurer par eux-mêmes. Denis Scellerin conscrit 2ème classe, présente son remplaçant : Pierre Berlande, né le 4 mai 1781 qui se fournit lui-même et ne sait signer. Germain Venard 3ème classe, est remplacé par Louis Philippe Corsin, né le 30 avril 1779 qui se fournit lui-même et signe.
Enfin, le 2 prairial, l’administration municipale leur délivre l’habillement et l’équipement, réceptionne ceux fournis par les conscrits eux-mêmes, qu’elle reconnaît de bonne qualité, leur remettant sur le champ un mandat du prix correspondant. Charles Lacheny instituteur à Saclas aide les conscrits qui ne savent pas signer.
Amant Lefebvre postillon à Mondésir et Jean Cavilliers manouvrier de Guillerval, tous deux désignés par le sort et qui ne se sont présentés à aucun appel sont tenus de le faire sous trois jours pour être envoyés au chef lieu du département. A défaut ils seront dénoncés à la gendarmerie comme fuyards.
Les 25 conscrits, dont 4 remplaçants, faisant le contingent du canton, sont remis à Albert Piet, volontaire blessé à la défense de la patrie et officier de la garde nationale, nommé pour les conduire à Versailles, caserne des Récollets et en rapporter certificat.
En vendémiaire an 8, hommes et chevaux sont à nouveau mobilisés. La loi du 4 vendémiaire ordonne la levée extraordinaire de 40 000 chevaux pour le service des armées. Le petit nombre de chevaux qui existe dans ce canton permet d’espérer que le directoire exécutif pourrait réduire cette levée au cinquantième.
L’administration doit former le tableau des citoyens qui atteignent leur 20ème année au 1er vendémiaire et la liste des conscrits et réquisitionnaires mis en activité de service, actuellement dans leurs foyers. Elle est en retard. Le 15 vendémiaire, le commissaire du directoire exécutif adresse donc au commandant de la gendarmerie d’Etampes, un réquisitoire pour l’inviter à faire faire par ses gendarmes, une tournée dans le canton, afin d’obtenir des agents, l’état nominatif de tous les conscrits réquisitionnaires et autres militaires rentrés ou restés dans leurs foyers sans titre légal, qui n’étaient pas rendus à leur corps ou à l’armée la plus voisine au 10 vendémiaire. L’administration avertit les réquisitionnaires conscrits et autres militaires de se rendre au lieu des séances le 7 brumaire s’ils veulent éviter d’être arrêtés par la force armée.
La garde nationale
La loi sur la garde nationale est votée les 27 et 28 juillet 1789, mais elle ne se traduit pas immédiatement dans les faits. Ce n’est qu’avec la loi du 14 octobre 1791 sur le décret de l’assemblée nationale du 29 septembre relatif à l’organisation de la garde nationale, que les deux cantons de Saclas et d’Angerville dressent la liste des citoyens de plus de 18 ans en état de porter les armes, à savoir 695 pour le premier, Arrancourt n’ayant pas répondu, à la date du 29 janvier 1792, et 1248 pour le second, Congerville et Thionville n’ayant pas répondu, à la date de décembre 1791.
Saclas et Guillerval réunissant 188 citoyens formeront 3 compagnies, dont une de 64 hommes et deux de chacune 62 hommes ; Boissy la Rivière, 63 citoyens, une compagnie ; Blandy et Roinvilliers, réunissant 65 citoyens, une compagnie ; La Forêt Sainte Croix et Bois-Herpin, 79 citoyens, une compagnie ; Marolles, 68 citoyens, une compagnie ; Abbéville, 72 citoyens, une compagnie ; Fontaine et Saint-Cyr, 92 citoyens, une compagnie. Quant aux citoyens de la commune d’Arrancourt qui n’a formé aucune liste et dont le nombre des citoyens en état de porter les armes doit être environ de 31, ils formeront une compagnie avec ceux d’Estouches au nombre de 37.
Il sera extrait de ces dix compagnies, le nombre d’hommes nécessaire, pour composer une compagnie de grenadiers.
Angerville composée de 374 citoyens effectifs formera quatre compagnies dont deux de 94 hommes et deux de 93 hommes. Il en sera extrait le nombre d’hommes nécessaire pour composer une compagnie de grenadiers. Méréville, 331 citoyens, quatre compagnies dont deux de chacune 83 hommes et deux de chacune 82 hommes ; Pussay, 156 citoyens, deux compagnies de chacune 78 hommes ; Saint Escobille et Mérobert, 206 citoyens formeront trois compagnies dont deux de chacune 69 hommes et une de 68 hommes ; Monnerville, 82 citoyens, une compagnie ; Chalou-la-Reine et Moulineux, Congerville et Thionville réunissant ensemble savoir les deux premières 99 citoyens et les deux dernières environ 60 citoyens, soit 159 au total, formeront deux compagnies dont une de 80 hommes et l’autre de 79 hommes. Les citoyens de Congerville et Thionville ne pourront pas faire de service en personne, jusqu’à ce qu’il ait été justifié de leur inscription sur les registres de la garde nationale de leur communauté mais seront sujet au remplacement.
Il sera extrait de ces douze compagnies le nombre d’hommes nécessaire pour former une compagnie de grenadiers.
Les citoyens actifs destinés à former une compagnie, se réuniront sous huitaine pour élire un capitaine, un lieutenant, un sous lieutenant, deux sergents et quatre caporaux. Le capitaine, le lieutenant et le sous lieutenant de chaque compagnie formeront les deux pelotons pour les deux sergents et quatre sections pour les quatre caporaux, en observant de réunir dans cette formation les citoyens des mêmes communes dans les campagnes et ceux des mêmes quartiers dans les villes. Dans la huitaine suivante les capitaine, lieutenant, sous lieutenant et sergents se réuniront au chef lieu du canton pour former les bataillons, à raison d’un demi bataillon depuis trois compagnies jusqu’à cinq et d’un bataillon depuis six compagnies jusqu’à dix en observant de placer dans le même bataillon les compagnies des communes les plus voisines, et élire le commandant en chef, le commandant en second et l’adjudant.
En l’an 3 et 4 on tente de réorganiser cette garde nationale sans grand succès. Le 1er thermidor an 3, à Angerville, le président de l’administration municipale fait avertir tous les citoyens, tant par le son de la caisse que celui de la cloche, et se rend au temple de l’Etre Suprême, en général l’église, sur les 4 heures de l’après-midi, accompagné du citoyen Roy, commandant en chef la garde nationale. Ils y restent deux heures sans qu’il se présente quiconque. Ils font de nouveau sonner la cloche et voyant qu’il ne vient toujours personne et ne pouvant procéder à la réorganisation, se retirent et dressent procès-verbal.
Le 3 floréal an 4, le président de l’administration municipale avertit les commandants d’Angerville et Méréville que la garde nationale de leur bataillon n’est pas organisée conformément aux lois des 28 germinal an III et 16 vendémiaire an IV. Les vols et assassinats qui se commettent, tant de jours que de nuit, sur les chemins publics et dans les maisons particulières en démontre l’extrême urgence. L’administration leur demande donc de convoquer sur le champ tous les citoyens formant leur bataillon pour procéder à la réorganisation.
Cependant, le 4 thermidor, la garde nationale n’est toujours pas organisée bien que cela devienne indispensable afin d’assurer le bon ordre, la tranquillité et le respect dû aux propriétés, de surveiller les ennemis jurés de la République, d’arrêter ces hordes de brigands qui se répandent dans les campagnes et qui, sous le prétexte de mendier leur vie, assassinent, pillent et volent partout où elles se rencontrent. L’administration décide donc que chaque agent municipal réunira ses concitoyens pour les informer des lois et organiser la garde nationale. Mais, là encore, rien ne se passe, si bien que, le 3ème jour complémentaire de l’an 4, elle avertit les agents que, s’ils ne procèdent pas à cette réorganisation, elle les dénoncera au département.
Le 10 brumaire an 5, une nouvelle mise en garde leur est adressée pour organiser promptement les citoyens de leurs communes en garde nationale, et veiller de plus à l’exécution de la loi du 10 vendémiaire dernier sur les passeports et la police intérieure des communes. Leur insouciance, est-il ajouté, « attire à l’administration entière les reproches les plus amères ». Le lendemain, le commissaire du directoire exécutif s’adresse aux président, agents et adjoints municipaux en ces termes :
« Je vous ai requis de prendre toutes les mesures nécessaires pour remplir les obligations qui vous sont imposées relativement à l’organisation de la garde nationale sédentaire de ce canton et à la formation des détachements des colonnes mobiles qui devaient être en activité le 1er messidor dernier, d’après toutes mes sollicitations je devais espérer que vous feriez tous vos efforts pour activer cette organisation et en cela seconder le gouvernement. Il est à votre connaissance que j’ai donné deux réquisitoires aux commandants de la garde nationale de ce canton les 19 germinal et 14 floréal pour faire rassembler tous les citoyens les 20 germinal et 20 floréal à l’effet d’activer cette organisation. Il paraît qu’on a pris à tâche d’entraver toutes les mesures que j’ai prises jusqu’à présent pour ces opérations par ce qu’au moment où le commandant de cette commune se proposait de travailler à former les tableaux des hommes qui devaient composer la garde nationale on a prétendu qu’il fallait dire la messe, la séance remise à deux heures de relevée on a aussi déclaré qu’il y avait les vespres à dire en sorte que personne ne s’est trouvé ensuite aux appels « .
« Depuis toutes ces tentatives, je ne me suis aucunement aperçu que vous ayez pris quelques mesures à ce sujet. Au contraire j’ai vu que vous y ayez apporté la plus coupable insouciance… Enfin dans votre séance d’hier je vous ai pressé de vous en occuper en vous démontrant la nécessité de faire promptement ce travail et en vous indiquant les moyens d’y parvenir vous avez rejeté toutes mes propositions en adoptant aucunes mesures actives et décisions. Il semble que vous preniez plaisir à cumuler votre besogne surtout lorsqu’il s’agit d’intérêt national ou de sûreté pour ne vous occuper que d’intérêts particuliers « .
« Je vous requiers… qu’il soit convoqué une séance extraordinaire pour que d’ici à 5 jours la garde nationale et les colonnes mobiles soient entièrement organisées « .
Enfin, le 26 pluviôse an 5, il semble que l’organisation de la garde nationale et de la colonne mobile du canton ait été parachevée pour le canton d’Angerville, car pour celui de Saclas il n’en est toujours rien.
L’année suivante, le même problème se repose, les mêmes reproches sont adressés à l’administration municipale qui, cette fois, répond qu’elle a toujours fait tout ce qui était en son pouvoir pour organiser la garde nationale et faire dresser les états de population de son canton, mais qu’elle n’a jamais pu y réussir.
Sources : Archives Départementales de l’Essonne – Série L
L858 à 866 justices de paix du canton de Saclas
L 92 à 95 délibérations d’Etampes
L 116 caserne et gendarmerie
L 129 registre de délibérations du canton d’Angerville
L 130 registre de correspondance du canton d’Angerville
L 172 registre des délibérations de Saclas
Laisser un commentaire