En 1899, Ernest Maisse, instituteur à Pussay, pouvait écrire dans sa monographie : « Le territoire de Pussay est sillonné par de bonnes routes, en nombre suffisant pour assurer ses communications avec les localités voisines et pour parer à toutes les exigences… Les chemins vicinaux au nombre de trois ont une longueur totale de 2.882 mètres… En outre, le territoire est sillonné par 28 km de chemins ruraux dont 7 km sont pierrés et entretenus exclusivement aux frais de la commune qui y consacre chaque année une somme de 2500 francs… Avant le vote de la loi du 21 mars 1836, la somme affectée, chaque année, à l’entretien des chemins macadamisés de toute nature, était de 1100 francs. En 1839 le budget vicinal porte pour l’entretien des chemins et des routes parcourant le territoire une somme de 5200 francs non compris les 2500 francs destinés aux chemins ruraux. Il est facile de voir, par ces chiffres, quelle importance a pris le développement des voies de communication par terre ».
Le XIXe siècle a été le siècle de la transformation des voies de communication, qu’elles soient terrestres ou ferroviaires. La voie ferrée Paris-Orléans ne traverse pas le territoire de Pussay. Nous en parlerons un peu à la fin de ce chapitre. Par contre :
- la normalisation des chemins ruraux,
- la construction des chemins vicinaux,
- l’alignement de la traverse du village ou chemin de Grande Communication G. C. n° 18
- le percement de nouvelles rues, ont profondément modifié le paysage.
Les découvertes en matière d’hygiène et de salubrité ont également conduit:
- à de nouveaux aménagements,
- et au transfert du cimetière.
Autant de changements qui ont laissé leur empreinte sur le paysage de la commune. Certaines de ces modifications ont entrainé de nombreuses protestations et contestations de la part des habitants et la vie de la commune s’en est trouvée bien souvent perturbée tout au long du siècle. C’est ce à quoi nous allons assister maintenant.
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LES CHEMINS COMMUNAUX
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Bien avant ce siècle, des contestations sur le bornage des chemins, voire même leur existence, voient le jour. En 1809, les sieurs Jean Simon Denizeau, cultivateur et propriétaire demeurant à Pussay, sa sœur Marie Françoise, veuve d’Adrien Pierre Venard, cultivatrice et propriétaire demeurant à Bel Air commune de Barmainville,
et les sieurs Antoine Delorme, cordonnier à Gommerville, Pierre Perrot, cultivateur et aubergiste à Pussay, Jean Baptiste Cochin, marchand à Pussay, Pierre Morainglaine, ancien pharmacien demeurant à Paris et Jacques François Darchambault, propriétaire demeurant à Chartres,
sont en contestation devant le tribunal civil d’Etampes, au sujet du chemin du tour du village, situé entre le bois de Pussay et une pièce de terre labourable qui a été divisée entre les sieurs ci-dessus.
Les premiers soutiennent que « le chemin existe de temps immémorial, qu’il est utile à la commune et aux étrangers, qu’il est vicinal et comme tel porté sur le tableau des chemins vicinaux du département qui a été affiché sans réclamation de qui que ce soit » et ils produisent un arpentage réalisé par le sieur Lacheny. Les seconds demandent la suppression du chemin, au motif qu’il fait partie de la pièce de terre en question.
Le Conseil municipal délibère le 5 août 1809 et, après avoir examiné et analysé les pièces produites par les deux parties, déclare unanimement « la réclamation des sieurs Delorme, Perrot, Cochin, Morainglaine et Darchambault injuste et mal fondée ». Après réclamation et protestation de la part des plaignants, le Conseil de préfecture du département de Seine-et-Oise entérine, le 2 janvier 1810, la décision du Conseil municipal de Pussay. Il devient donc de plus en plus nécessaire de répertorier et formaliser les chemins.
En rouge, la route départementale n° 14 de Dourdan à Angerville ; en vert le chemin de Grande Communication n° 18 de Gommerville à Sermaises qui traverse Pussay ; en bleu pointillé, les chemins vicinaux ordinaires. Ce plan date de 1874 et pourtant l’on y voit encore en bleu pointillé le chemin de Chalou ou d’Etampes qui a été classé en chemin rural.
Le 20 mai 1827, le maire convoque le Conseil municipal pour débattre sur le travail relatif aux chemins communaux. Il rappelle aux Conseillers la loi du 28 juillet 1824 et l’arrêté du préfet du 3 novembre 1826 et leur communique le tableau des chemins communaux qui fixe la largeur de ces derniers et qui a été affiché le 29 avril 1827, ainsi que le registre ouvert pour recevoir les réclamations des habitants. Il en ressort les observations suivantes :
- Les chemins d’Etampes, de Chalou, de Rétréville et de Monnerville sont adoptés par le Conseil tels qu’ils sont portés sur l’état, « anticipation faite par M. Morainglaine sur le chemin de Monnerville ; le conseil est d’avis que ledit sieur supportera la perte pour le manque de largeur au chemin ».
- Le chemin d’Angerville ; voir l’état pour restitution à faire par le sieur Chaudé Pierre.
- Le chemin de Jodainville, le Conseil observe que le chemin a été changé de place par le sieur François Bertrand, il est d’avis qu’il soit remis à son ancienne place, à la rive de sa pièce de quatre mines, du côté de Pussay. Sur ledit chemin immédiatement après la traverse de la route de Dourdan, les sieurs Séjourné, Maçon et Pavard, cultivateurs, seront tenus de rendre le chemin dans son ancien alignement et de plus de faire les réparations pour rendre la voie publique praticable, et ce pour l’avoir dégradé et fouillé en tirant des pierres.
- Les chemins de la Folie, d’Arnouville, de Gommerville, du Moulin, de Grandville, de Thionville, de Blois, dite Traversine, des Meuniers et de Chicheny sont adoptés par le Conseil suivant l’état.
- Les sentes d’exploitation du Paradis, de Châtillon, du Rougemont, du Montbergeon, des petits Evanris sont adoptés par le Conseil suivant l’état.
- Les sentes de pied du Mesnil et de la Justice sont reconnues utiles comme sentes d’exploitation.
- Les sentes de pied n° 1 et 5 (de la Brèche du four et de la Garenne) sont tolérées sans être obligatoires.
- Les sentes de pied n° 3, 6 et 7 (du Moulin, de la Folie et de la pièce du Bois) sont supprimées par le conseil.
Concernant le tour de la commune : le Conseil est d’avis que les propriétaires des haies vives situées dans la partie du midi seront tenus de se retirer pour se mettre en ligne. Quant à sa largeur, le Conseil le maintient en chemin vicinal à une largeur de six mètres.
L’état qui comprend 28 chemins ou sentes est homologué en novembre 1827.
Tableau des chemins communaux en date du 29 avril 1827
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Il faut bien sûr pourvoir à l’entretien et à la réparation de ces chemins. Pour ce faire, un rôle de prestations est établi, dont voici un exemple mentionné dans la délibération du Conseil municipal en date du 15 mai 1831, qui fixe le taux de leur conversion en argent ainsi qu’il suit :
Pour chaque journée d’hommes | 1,00 franc |
Pour chaque journée de bêtes de trait ou de somme | 3,50 francs |
Pour chaque journée de chevaux de selle, d’attelage ou de luxe | 3,50 francs |
Pour chaque journée de charrettes | 2,00 francs |
Lesquelles prestations seront exigibles du 1er mai 1832 au 31 septembre suivant.
A la suite, un registre mentionne :
- les noms, prénoms et qualités des habitants contribuables soumis à la prestation.
- le nombre de journées requises qui seront effectuées en nature d’hommes, de bêtes de trait ou de somme, de chevaux et de charrettes.
- la conversion en argent
- la subvention spéciale de la part des exploitants des carrières, forêts, etc.
- les émargements.
Ainsi, en 1832, le registre mentionne, par exemple :
- Buret Louis Vincent, fabricant de bas : 2 hommes, 2 bêtes, ½ charrette, soit 10 francs
- Buret-Venard, fabricant de bas : 4 hommes, 2 bêtes, ½ charrette, soit 12 francs
- Buret-Langlois, fabricant de bas et cultivateur : 4 hommes, 6 bêtes, 2 charrettes, soit 29 francs
- Delanoue Jean Pierre, propriétaire : 10 hommes, 12 bêtes, 4 charrettes, soit 60 francs
- Dujoncquoy Alexandre, fabricant de bas : 6 hommes, 18 bêtes, 4 charrettes, soit 77 francs
- Denizeau Augustin, cultivateur : 10 hommes, 14 bêtes, 5 charrettes, soit 69 francs.
La plupart des habitants donne des journées d’hommes. Aucun ne donne de chevaux. Au total, 184 personnes donnent 456 journées d’hommes, 176 journées de bêtes et 56 ½ journées de charrettes qui sont évaluées en argent à 1 185 francs, que le percepteur est chargé de recouvrer à raison de 4 centimes et demi par franc pour les frais d’impression des rôles.
Un état des fournisseurs de pierres comptées en mètre est également dressé. En 1832, 52 habitants fournissent 231 mètres 1/3 de pierres.
Cette carte postale montre les tas de cailloux, sur le bord de la route de Monnerville, en attente d’être utilisés, route qui fait partie du G. C. 18.
En 1834, 188 personnes acquittent 451 journées d’hommes, 160 journées de bêtes de trait, 50,5 journées de charrettes, soit pour le même tarif 1 112 francs.
En 1835, 194 personnes acquittent 452 journées d’hommes, 148 journées de bêtes de trait, 49,5 journées de charrettes, soit pour le même tarif 1 069 francs.
En 1836, 190 personnes acquittent 456 journées d’hommes, 152 journées de bêtes de trait, 52 journées de charrettes, soit 1 118 francs, le tarif de la charrette est passé à 2,50 francs.
En 1838, le tarif passe à 1 franc pour la journée d’hommes, 2,25 francs pour la journée de cheval, 1 franc pour la journée de bœuf, mulet ou âne, 1,25 franc pour les voitures. 65 personnes déclarent vouloir acquitter en nature. Les travaux concernent tous le G. C. 18 et sont effectués quelquefois en juin mais surtout en juillet.
En 1858, 135 personnes acquittent 356 journées d’hommes, 152 journées de chevaux, 40 journées de voitures à un collier, 8 journées de voitures à deux colliers, 36 journées de voitures à trois colliers, 12 journées d’ânes, soit 1 218 francs. Les prestataires ont tous signé dans la case taxe en nature. Neuf seulement ne savent pas signer.
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LES CHEMINS VICINAUX ET DE GRANDE COMMUNICATION
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Une loi votée en 1793 institue la voirie vicinale. C’est ainsi que dans le recueil des actes administratifs de la préfecture de Seine-et-Oise, le préfet indique en 1816 que « Les événements qui se sont succédés depuis plusieurs années n’ont pas permis de donner le soin convenable à l’entretien des chemins vicinaux. Les avantages inappréciables que l’agriculture et le commerce doivent retirer du bon état de ces communications sont trop évidents et trop généralement sentis pour que j’aie besoin de vous les retracer ». Suit l’ensemble des règlements qui s’appliquent à leur réparation.
Ce n’est pourtant que le 28 juillet 1824 qu’une autre loi établit que « les chemins reconnus, par un arrêté du préfet sur une délibération du conseil municipal, pour être nécessaires à la communication des communes, sont à la charge de celles sur le terrain desquelles ils sont établis ». Le but est de développer des échanges entre les produits agricoles et les produits manufacturés en provenance des grandes villes. Cela ne veut pas dire qu’il n’y avait pas d’échanges auparavant, mais l’accélération induite par les progrès agricoles et industriels nécessitait une amélioration des moyens de communication.
Toujours dans le recueil des actes administratifs, le préfet de Seine-et-Oise remarque en 1832 « qu’une des causes qui augmente assez généralement le mauvais état des chemins vicinaux et des sentes dans les communes rurales, vient de ce que les cultivateurs, en cultivant leurs terres, croisent en tout sens et labourent, pour ainsi dire, les chemins avec leurs charrues » et il engage les maires à verbaliser.
Le 28 octobre 1832, une commission se réunit au chef-lieu de chaque canton pour procéder au classement des chemins communaux de grande vicinalité du canton. Le travail de la commission consiste à faire connaître la nature des produits agricoles et industriels du canton, leurs débouchés principaux et les chemins communaux dont la viabilité est le plus nécessaire pour favoriser l’écoulement de ces produits et les relations les plus importantes pour le canton.
Le maire de Pussay fait observer à cette occasion qu’il y aurait tout lieu d’y classer le chemin conduisant à Monnerville pour « procurer à la commune des communications faciles à la grande route royale par Monnerville et à celle qui conduit au canton. La commune de Pussay et celle de Monnerville pourraient s’entendre ».
Ces plaques existent encore en 2016 sur les murs de Pussay
Avec la loi de 1824, les préfets établissaient la situation des chemins vicinaux de chaque commune, fixaient les dépenses à faire et les ressources à créer chaque année. A défaut de ressources suffisantes, les communes étaient obligées de pourvoir aux travaux soit par deux journées de prestations applicables à chaque contribuable, soit par le rachat en argent de ces prestations selon des tarifs établis. Cependant, la loi ne prévoyait pas les mesures d’application et les prestations étaient souvent mal employées.
C’est la raison pour laquelle une nouvelle loi, dite de Thiers-Montalivet, est votée le 21 mai 1836. Elle instaure deux catégories de chemins vicinaux :
- la voirie communale non classée, totalement à la charge de la commune (chemins ruraux, voirie urbaine),
- les chemins vicinaux classés, dits chemins de Grande Communication, (G. C.) à la charge d’une ou plusieurs communes et pouvant recevoir des subventions du département.
D’autres lois vinrent compléter ce dispositif en 1868 et en 1880, si bien qu’avant la fin du XIXe siècle, un réseau dense et important sillonne la France.
Extrait de la loi de 1836 :
« Art. 1er. Les chemins vicinaux légalement reconnus sont à la charge des communes, sauf les dispositions de l’art. 7 ci-après.
Art. 2. En cas d’insuffisance des ressources ordinaires des communes, il sera pourvu à l’entretien des chemins vicinaux, à l’aide, soit de prestations en nature, dont le maximum est fixé à trois journées de travail, soit de centimes spéciaux en addition au principal des quatre contributions directes et dont le maximum est fixé à 5. Le conseil municipal pourra voter l’une ou l’autre de ces ressources, ou toutes les deux concurremment…
Art. 3. Tout habitant, chef de famille ou d’établissement, à titre de propriétaire, de régisseur, de fermier ou de colon partiaire, porté au rôle des contributions directes, pourra être appelé à fournir, chaque année, une prestation de trois jours : 1° pour sa personne, et pour chaque individu mâle, valide, âgé de 18 ans au moins et de 60 ans au plus, membre ou serviteur de la famille, et résidant dans la commune ; 2° pour chacune des charrettes ou voitures attelées, et, en outre, pour chacune des bêtes de somme, de trait, de selle, au service de la famille ou de l’établissement dans la commune.
Art. 4. La prestation sera appréciée en argent, conformément à la valeur qui aura été attribuée annuellement pour la commune à chaque espèce de journée, par le conseil général, sur les propositions des conseils d’arrondissement. La prestation pourra être acquittée en nature ou en argent, au gré du contribuable. Toutes les fois que le contribuable n’aura pas opté dans les délais prescrits, la prestation sera de droit exigible en argent. La prestation, non rachetée en argent, pourra être convertie en tâches, d’après les bases et évaluations de travaux préalablement fixées par le conseil municipal ».
Art. 7. Les chemins vicinaux peuvent, selon leur importance, être déclarés chemins vicinaux de grande communication par le conseil général, sur l’avis des conseils municipaux, des conseils d’arrondissement, et sur la proposition du Préfet. Sur les mêmes avis et proposition, le conseil général détermine la direction de chaque chemin vicinal de grande communication, et désigne les communes qui doivent contribuer à sa construction ou à son entretien », ces derniers pouvant recevoir des subventions sur les fonds départementaux. (Gallica : « Commentaire de la loi du 21 mai 1836 sur les chemins vicinaux », par M. Victor Dumay, avocat à la cour royale – 1836)
Le tableau général des chemins vicinaux existant sur le territoire de la commune formé en exécution de l’arrêté du préfet en date du 17 décembre 1836 mentionne :
- le chemin de Monnerville (G. C. n° 18) pour une longueur de 1750 m sur le territoire de la commune,
- le chemin de la Folie (faisant également partie du G. C. n° 18, il s’agit de l’actuelle portion de la rue Etienne Laurent allant de la route de Grandville à la route de Dourdan) pour une longueur de 150 m
- le chemin de Gommerville pour une longueur de 1600 m.
En 1846, le chemin de Gommerville est intégré au G. C. n° 18. La commune souhaite déclarer le chemin de Chalou, également appelé chemin d’Etampes en chemin vicinal, mais en 1863, l’agent voyer en chef considère que ce chemin est un simple chemin rural servant uniquement à l’exploitation des terres. Il est donc d’avis qu’il ne soit plus maintenu au nombre des chemins vicinaux. Le 10 juillet 1864, le Conseil accepte cette proposition par sept voix contre une. Il y avait deux absents.
En 1874, il ne reste donc plus que trois chemins vicinaux : le chemin de Pussay à Grandville, le chemin du tour de ville côté nord et le chemin du tour de ville côté sud. Plus bien sûr, le chemin vicinal de Grande Communication n° 18 qui traverse Pussay.
Le Conseil général du département de Seine-et-Oise détermine dans les sessions de 1836 à 1840, les communes intéressées aux chemins vicinaux de grande communication et le préfet arrête le 29 avril 1841, les dépenses à faire pour l’amélioration du G. C. 18, soit 4 600 francs, non compris la subvention départementale, qui se répartissent ainsi :
- Pussay : 1 100 francs,
- Monnerville : 900 francs,
- Méréville : 2 400 francs (il est en outre réclamé 400 francs pour le G. C. n° 49)
- Estouches : 200 francs (il est en outre réclamé 100 francs pour le G. C. n° 49)
Le maire de chaque commune doit délibérer sur les moyens de réaliser le contingent assigné à sa commune et s’il ne vote pas les ressources nécessaires, il y sera pourvu par le préfet.
Le 22 juin 1842, la commune de Pussay fait un emprunt de 1130 francs pour son entretien, remboursable en deux ans par un impôt et, pour les mêmes raisons, Monnerville fait un emprunt de 1500 francs.
Ces dépenses d’entretien du G. C. 18 sont reconduites d’année en année :
Année | Pussay | Monnerville | Méréville | Estouches | Total en francs |
1842 | 1100 | 900 | 2400 | 200 | 4600 |
1843 | 1150 | 850 | 2400 | 200 | 4600 |
1844 | 1150 | 820 | 2400 | 200 | 4570 |
1845 | 1186 | 788 | 2338 | 214 | 4526 |
1846 | 1220 | 765 | 2370 | 200 | 4555 |
1848 | 1500 | 990 | 2650 | 250 | 5390 |
1849 | 1400 | 900 | 2000 | 250 | 4550 |
1850 | 1500 | 940 | 2000 | 200 | 4640 |
RESSOURCES POUR L’ENTRETIEN DES CHEMINS COMMUNAUX ET VICINAUX
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L’entretien des chemins vicinaux est réalisé, tout comme pour les chemins ruraux, grâce à des prestations en nature ou en argent, selon des tableaux de conversion établis par l’agent voyer de l’arrondissement. En 1847 et 1879, ce dernier propose de fixer le prix des journées de la manière suivante :
Prestations | Prix en francs en 1847 | Prix en francs en 1879 |
Journées d’hommes |
1,50 |
2,25 |
Journées de chevaux |
2,50 |
3,75 |
Journées de voiture à 1 collier |
1,25 |
0,75 |
Journées de voiture à 2 colliers |
2,00 |
1,00 |
Journées de voiture à 3 colliers |
2,50 |
1,50 |
Journées de mulets |
1,50 |
2,50* |
Journées d’ânes |
1,00 |
1,75 |
*bœufs ou mulets
Entre ces deux années prises pour exemple, les tarifs ont beaucoup augmenté. Le préfet s’en explique le 30 avril 1864, dans une lettre au maire de Pussay : « Le tarif de conversion en argent des prestations en nature voté en 1857 par le Conseil général et appliqué depuis cette époque étant devenu insuffisant par suite de l’augmentation du prix des journées de travail et de l’introduction d’attelages de bœufs dans un certain nombre de fermes du département, j’ai invité M. l’Agent Voyer à étudier un nouveau tarif [ce nouveau tarif est maintenant divisé en 4 catégories et Pussay se trouve en catégorie 4 au lieu de 3 auparavant]. Les prix de ce tarif sont inférieurs de 1/5e environ à ceux des journées salariées, afin de ne pas réduire la somme des rachats, particulièrement nécessaires pour l’emploi des ressources en nature sur les chemins vicinaux ordinaires ».
Après avoir examiné les prix de la main-d’œuvre et ceux des matériaux, les lieux les plus favorables pour leur extraction, l’agent voyer propose les tarifs suivants pour la conversion en tâches des journées de prestations en nature, pour les années 1847 et 1881 :
Il faut trouver, pour ces travaux, des cailloux calcaires ou siliceux dont l’extraction est très réglementée et confiée à un entrepreneur par bail approuvé par le préfet. Ainsi, l’agent voyer du canton de Méréville constate le 17 décembre 1854 que les carrières de cailloux situées sur un certain nombre de parcelles de la commune de Thionville et indiquées au bail d’entretien du G. C. n° 18, approuvé par le préfet le 12 janvier 1852 pour l’entretien de la partie de ce chemin comprise entre la route départementale n° 14 (entre Dourdan et Angerville) et la route impériale n° 20, pendant six années du 1er janvier 1852 au 31 décembre 1857, sont épuisées. En conséquence, il propose de remplacer ces carrières par d’autres à ouvrir sur des parcelles situées section D du cadastre de Pussay appartenant à MM. Gry, Sergent, Cochery, Barbet Jean Hilaire, Barré, Bertrand Eléonore, Poncelet François, Ballot, Huret, marquis de Villedeuil, Guyon Jérôme, héritiers Delanoue, Savouré et Chauvin.
Le sous-préfet demande aussitôt au préfet de prendre un arrêté, pour autoriser le sieur Lespitau Pierre, entrepreneur du bail d’entretien du chemin n° 18, demeurant à Méréville, à prendre possession, des terrains susdits pour ouvrir des carrières, et ce, afin d’empêcher les entrepreneurs d’Eure-et-Loir et du Loiret de s’emparer des terrains désignés, soit au moyen d’arrêté les autorisant régulièrement à faire des extractions, soit en traitant à l’amiable, et d’éviter ainsi l’enchérissement des matériaux, par suite des prétentions d’indemnités réclamées par les propriétaires.
Et comme de fait, le 16 janvier 1855, le préfet du Loiret demande l’autorisation, pour le sieur Sevestre, entrepreneur des G. C. n° 9 et 25 du Loiret, d’extraire des cailloux sur ces mêmes parcelles, ce qui lui est refusé, étant donné que les carrières de Pussay s’épuiseraient alors trop vites obligeant l’entrepreneur du G. C. n° 18 à aller beaucoup trop loin chercher ses cailloux.
ALIGNEMENT DES RUES
avant de regarder les problèmes posés par la rectification d’alignement de la rue principale de Pussay, attardons-nous un instant sur ce plan qui montre l’entrée de Pussay côté Monnerville en 1811 et sur lequel figure l’emplacement du presbytère.
Traverse de Pussay
L’agent-voyer de l’arrondissement d’Etampes propose, fin 1839 début 1840, un plan pour la rectification d’alignement dans toute la traverse du pays. Ce plan indique deux mares et un puits place du Carouge alors appelée Carroire, un puits sur la place du Four, un puits rue du Carrefour. Cet alignement et les suivants intéressants la commune vont soulever de nombreuses protestations et avoir raison de plusieurs maires.
Le 10 mars 1840, le sous-préfet invite le Conseil municipal de Pussay à délibérer et donner son « avis motivé » sur le projet de rectification du G. C. 18. Le Conseil se réunit le 29 mars 1840 et n’est pas d’avis que la rectification projetée ait lieu « attendu que cette mesure occasionnerait beaucoup de dépenses, sans procurer un avantage réel ; en conséquence il approuve les réclamations portées au procès-verbal pour que la route soit assise sur l’ancien chemin ».
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Projet de rectification du chemin de Grande Communication n° 18, dans la partie comprise à la sortie du village côté Monnerville et l’extrémité de la chaussée construite, près des fonds de Pussay.
Le projet de plan d’alignement du chemin de Grande Communication n° 18 fait apparaître, côté Monnerville, un tracé direct qui coupe en deux la propriété du marquis de Villedeuil, lequel s’oppose bien évidemment à la rectification projetée, par l’intermédiaire de M. Brinon, notaire à Gommerville qui gère ses propriétés : « attendu que cette mesure occasionnerait beaucoup de dépenses sans procurer un avantage réel. La route actuelle est solidement établie et si, au sortir de Pussay, elle fait une petite sinuosité, c’est sans inconvénient puisqu’il y a là beaucoup d’espace. A l’égard de la dépense, M. Brinon observe que d’après le nouveau tracé la route viendrait passer sur des terres de première classe du pays, ce qui donnerait lieu à de grandes indemnités et, particulièrement, cette route traverserait une pièce de terre en ouche indispensable à l’usage de la ferme de M. de Villedeuil et de plus une cour de ladite ferme et le jardin : il en résulterait la suppression de plusieurs bâtiments sis dans cette cour. Quelle est l’indemnité qui pourrait tenir lieu à M. le marquis d’une telle perte ? Par ces motifs, le soussigné proteste contre le projet dont il s’agit, invite l’administration à l’abandonner et fait offre dans ce cas et pour l’ancienne route d’une journée de prestation à six chevaux et d’une somme de cent francs en espèce ». Soit 130 francs au total, la journée d’un cheval étant estimée à l’époque à 5 francs.
Le marquis de Villedeuil n’est pas le seul à protester :
- Jean Baptiste Dargère s’oppose au redressement du chemin projeté et demande à ce que la route soit faite sur l’ancien chemin.
- Michel Dargère Michel, idem.
- Louis Frédéric Peltier, idem.
- Baptiste Amable Thomin, idem.
- Baptiste Legendre, propriétaire de la pièce de terre n° 5 du plan, proteste « outre que cette ligne porterait un grand préjudice aux terres qu’elle traverserait, la route ne serait pas aussi solide qu’en suivant l’ancien chemin qui est naturellement bombé dans presque toute sa longueur, au moyen de terres qui viennent en about sur l’ancien chemin des deux côtés. S’il plaît à l’administration de suivre l’ancienne ligne, ledit sieur Legendre souscrit pour une somme de cinq francs sous la réserve de retirer son offre, si on suit la ligne projetée au plan ».
De nombreux autres propriétaires vont suivre cet exemple et proposer de l’argent en espèces ou en prestations de chevaux pour entretenir l’ancien chemin, « s’il plait à l’administration d’abandonner son projet et de suivre l’ancienne ligne » :
- M. Delanoue Marcille, propriétaire de la pièce de terre n° 4, 10 et 21 du plan, idem pour une journée de prestation à neuf chevaux, soit 45 francs.
- Louis Elie Lemaire, idem pour 5 francs.
- Jean Baptiste Fillau, idem pour une journée de prestation à un homme, soit 1 franc.
- Jean Simon Deniseau, idem pour la somme de 20 francs.
- Alexandre Blin, comme locataire de la pièce n° 7 du plan pour son propriétaire, idem
- Jean Désiré Cochin, propriétaire de la pièce n° 27 du plan, idem pour une somme de 5 francs.
- Louis Desiré Haillard, idem pour 2,50 francs.
- Mme Chaudé, Vve Alexandre, propriétaire et locataire des pièces de terre n° 15 et 28, idem pour deux journées à un cheval ou une journée à deux chevaux en prestations, soit 10 francs.
- Jean Baptiste Brosset, idem.
- Charles Potentien Duret, idem pour une journée de prestations à quatre chevaux, soit 20 francs.
- Louis Colas, propriétaire de la pièce n° 13, idem.
« Souscription ouverte par MM les maires de Pussay et Monnerville en faveur du chemin de Grande Communication n° 18 de Pussay à Monnerville du 14 au 25 avril 1840.
Concours de MM les propriétaires, industriels et autres qui ont besoin habituellement dudit chemin ».
A l’unanimité, les souscripteurs lient le montant de leur souscription à la condition que le chemin suive son ancien alignement.
Nom des souscripteurs | Montant en francs |
M le marquis de Villedeuil à Paris | 100 |
M. Bondu teinturier à Méréville | 25 |
M. Godeau meunier à Méréville | 80 |
M. Philippart Mathieu filateur à Méréville | 25 |
M. Lemoine Bouthemard filateur à Saclas | 100 |
M. Cauchoix filateur à Boissy-la-Rivière | 100 |
M. Gry maire de Pussay* | 50 |
MM. Forteau et Gry filateurs à Pussay | 100 |
M. Delanoue Lefebvre à Pussay** (9 journées) | 45 |
M. Thomas fermier à Pussay (6 journées) | 30 |
M. Guillot (2 journées) | 10 |
M. Delanoue Marcille (3journées) | 15 |
M. Delanoue Bouthemard propriétaire à Pussay | 10 |
M. Samson garde-champêtre à Pussay | 1 |
M. Peltier Cochin filateur à Pussay | 2 |
M. Boudon propriétaire à Pussay (1 journée) | 5 |
M. Thomin Lavot cultivateur à Pussay (5 jours) | 25 |
M. Villette Dufrêne cultivateur à Pussay (3 jours) | 15 |
M. Pavard Buret (12 journées) | 60 |
M. Parait Thomin (4 journées) | 20 |
M. Cochin Darger (4 journées) | 20 |
M. Vassor Buret (1 journée)) | 5 |
M. Louis Denizeau Fourmon (6 journées) | 30 |
M. Savouré Bouthemard meunier à Saclas | 10 |
M. Daulon boucher à Pussay (2 journées) | 10 |
M. Renard Marcault cultivateur à Pussay (2 jours) | 10 |
M. Dujoncquoy Féau filateur à Pussay | 100 |
M. Catry bourrelier à Pussay | 2 |
M. Roger Charles à Pussay | 2 |
M. Villette Quinton (3 journées) | 15 |
M. Buret Fessard (4 journées) | 20 |
M. Buret Langlois (2 journées) | 10 |
M. Chaudé Jean Pierre (4 journées) | 20 |
M. Duret Gagé (4 journées) | 20 |
M. Boyard fils filateur à Pussay | 50 |
M. Langlois fils | 5 |
*M. Gry souscrit pour 20 m de pierres et se charge de les faire conduire par sa voiture sur la route, évalués à 50 francs.
** M. Delanoue-Lefebvre souscrit pour neuf journées de chevaux évaluées à 5 francs la journée. De nombreux souscripteurs font de même, nous avons mis le nombre de journées entre parenthèses.
Rectification d’alignement de la traverse de Pussay du 17 mai 1840
Le plan mesure plusieurs mètres et part de la route de Dourdan pour aller vers la route de Monnerville.
Première page du plan proposé le 20 mars 1840, qui mesure plusieurs mètres. La suite du plan est donnée ci-dessous avec les observations formulées par les propriétaires
Le 17 mai 1840, l’enquête de commodo et incommodo est cette fois ouverte pour la traverse de Pussay elle-même et fait apparaître les observations suivantes :
- Louis Elie Lemaire déclare « qu’il est propriétaire d’une petite maison, dont la cour se trouve sur la rue et le pignon d’une étable en bon état, que lorsque le mur deviendra en vétusté, qu’il se conformera à l’alignement du plan projeté ». [En marge : adhésion]
- Louis Thomin « propriétaire d’une maison, dont la cour se trouve le long de la rue, ainsi qu’une étable, est d’avis que le plan d’alignement de la traverse de Pussay, soit suivi sur la direction projetée ». [En marge : adhésion]
- Jacques Vincent Buret déclare qu’il « est propriétaire de quatre propriétés longeant le projet du chemin sur lesquelles le chemin anticipe, est d’avis que lesdites propriétés soient maintenu dans leur état actuel à l’exception de celle du Carroire ». [En marge : opposition]
- Eugène Lemoine déclare qu’il « est propriétaire d’une maison dont la cour tient à la rue dudit Pussay, sur laquelle le plan d’alignement anticipe, est d’avis qu’il soit conservé tel qu’il est présentement jusqu’à ce qu’il devienne en ruisne, et qu’ensuite l’alignement projeté, prendra son exécution ». [En marge : adhésion]
- Mme Vve Germain Chaussier « propriétaire d’une maison longeant la rue dudit Pussay a reconnu que le projet d’alignement anticipait beaucoup sur sa propriété, ce qui lui ferait un tort considérable, vu que c’est une maison d’habitation, est d’avis qu’elle soit maintenue dans son état actuel, jusqu’à l’époque où le pan sera susceptible d’être reconstruit ». [En marge : opposition]
- Victor Minos « propriétaire d’une maison longeant la rue de Pussay est d’avis que le tracé dudit chemin soit maintenu, suivant le plan ». [En marge : adhésion]
La place du Carrouge, appelée Carroire à l’époque, avec son puits et les deux mares, dont le plan d’alignement va sonner la disparition.
- Louis Félix Lesage « propriétaire d’une maison longeant la rue de Pussay, ayant reconnu, que le tracé dudit chemin forme une anticipation sur la façade de sa maison, pour le peu qu’il en serait détaché, ferait un tort à sa propriété, est d’avis qu’elle soit maintenue dans son état actuel sauf que lors que le pan menacerait ruine, qu’il se conformerait audit alignement ». [En marge : adhésion]
- Louis Henry Boyard « propriétaire de plusieurs maisons longeant la rue dudit Pussay, ayant reconnu différents motifs désavantageux à la commune, surtout sur la place du Carroire, où se trouve une mare et le puits communal ; déjà la mare se trouverait supprimée et le puits endommagé, tandis que prenant une courbe, dirigée du côté des bâtiments de MM. Lemaire Elie, Buret, Fessard et Guillot, en tombant sur l’angle de la propriété de M. Buret Jacques Venard, en établissant s’il y a lieu, une retraite pour être moins sensible pour arriver à la propriété de M. Buret, éviterait plusieurs anticipations et conserverait à la commune la mare très utile et ne préjudicierait aucunement le puits ». [En marge : place du Carroire opposition]
A noter sur cette portion de plan la remarque « pétitionnaires du 8 mai 1857 » qui a été inscrite plus tard, voir cette affaire ci-dessous.
- « M. Ret Jean Baptiste, propriétaire d’une maison, de laquelle le pan et le mur de sa cour, longe la rue de Pussay, ayant reconnu que le tracé dudit alignement anticipe sur sa cour, le mur se trouvant en bon état et lorsqu’il deviendra en ruine, qu’il se conformera audit alignement, vu qu’il procure à la commune, une ouverture plus satisfaisante ». [En marge : adhésion]
- « M Vassort Charles François propriétaire d’une maison longeant la rue de Pussay, en face du Carroire, ayant reconnu une petite anticipation sur sa dite maison, observant qu’à cet endroit, il y aurait possibilité d’éviter cette anticipation en formant une ligne courbe du côté des bâtiments de Mrs Lemaire, Buret, Fessard et Guillot, cette courbe conserverait la mare très nécessaire par sa position, ainsi que le puits, ainsi que le puits qui se trouverait endommagé rapport à l’approche du chemin ». [En marge : opposition Carroire]
- « Mme Duret Vve, propriétaire d’un corps de ferme, représenté par M Duret Potentien, son fils, a reconnu que l’alignement du tracé est assez bien dirigé, sauf sur la place du Carroire où il aurait intérêt de conserver la mare et le puits ». [En marge : opposition Carroire]
- « M Lejeune Louis, propriétaire d’une maison ayant pignon sur la rue dudit Pussay, a reconnu qu’il y avait anticipation sur sa propriété, il désire sa conservation jusqu’à ce qu’il devienne en vétusté ». [En marge : adhésion]
- « Mme Chaudé Vve Alexandre, représentée par M Chaudé Jean Pierre son fils, est d’avis que le plan soit maintenu, sauf à former courbe sur le Carroire, pour la conservation de la mare ainsi que le puits, déjà en mauvais état, que l’approche dudit chemin pourrait lui être préjudiciable ». [En marge : opposition Carroire]
- « M Thirion Charles propriétaire, [observant que le plan est] est assez bien dirigé, observant que sur la place du Carroire, qui serait pour l’intérêt de la commune nécessaire de former courbe du côté des bâtiments de MM Lemaire, Buret, Fessard et Guillot, pour tomber sur l’angle de la propriété de M Buret Venard, cette mesure conserverait à la commune, la mare très nécessaire en cas d’accident, ainsi que le maintien du puits, qui n’est pas très solide dans sa position ». [En marge : opposition Carroire]
- « M Langlois Charles François, propriétaire, sur lequel tracé il se trouve anticipation sur sa propriété, de laquelle anticipation il s’y conformera lors qu’il y aura vétusté observant que le plan est assez bien dirigé, sauf sur la place du Carroire, qu’il est possible d’y attribuer quelque changement, afin de conserver la mare et le puits ». [En marge : opposition Carroire]
« Examen fait du projet du plan d’alignement, vu les différentes observations des intéressés, par lesquels il est reconnu, que le tracé dudit chemin fait apercevoir et connaître plusieurs suppressions de courbe, qui procurent une ouverture plus commode et plus visible à la rue, que le redressement du côté midi anticipe sur beaucoup de constructions en maison d’habitation, observant que l’endroit appelé le Carroire, où se trouve un puits et une mare, laquelle par le tracé se trouverait supprimée, et de plus ledit alignement côtoie le puits, il y a lieu de présumer que l’approche du passage pourrait lui être très préjudiciable à cause de sa mauvaise construction ;
Pour obvier à ces inconvénients, il serait possible d’établir une ligne courbe du côté des bâtiments de MM Lemaire, Buret, Fessard et Guillot et tomber directement aux bâtiments de M Buret Venard, par ce moyen l’on conserverait la mare très utile dans l’enceinte de la commune et à proximité de produire des secours en cas d’accident, et de plus conserverait le puits dans sa position, que du contraire l’approche du chemin lui serait préjudiciable rapport aux fréquents passages ».
L’agent-voyer en chef, considérant qu’il n’a été produit de réclamations motivées sur le projet d’alignement qu’à l’égard de la réduction de capacité de la mare dite du Carroire, mais qu’il sera toujours facile de lui conserver la même capacité en lui donnant de l’extension en superficie et en profondeur dans d’autres parties de la place, est d’avis qu’il y a lieu d’adopter le dit projet d’alignement. Il propose en outre de modifier le tracé de l’entrée de Pussay du côté de Monnerville pour satisfaire aux demandes.
Nouveau plan d’alignement des rues en 1857
Le 20 avril 1857, le maire de Pussay est autorisé par le sous-préfet à faire établir un plan d’alignement complet des rues. Ce plan est établi par l’agent voyer d’arrondissement et soumis à l’enquête de commodo et incommodo, sous la direction de M. Huret, percepteur, nommé à cet effet par le sous-préfet le 20 juillet.
L’enquête, close le 10 août, recueille 28 signatures pour ou contre et le commissaire enquêteur est d’avis d’adopter le projet tel qu’il est proposé, puisque le plan établi par l’agent voyer est :
- d’utilité générale pour la bonne voirie et la circulation libre des voitures dans la commune de Pussay,
- qu’une grande partie des rues est, dans certains endroits, d’une largeur insuffisante et peut occasionner des accidents graves,
- qu’une grande partie des habitants est restée neutre, qu’une vingtaine seulement a protesté, composée en grande partie des propriétaires intéressés à la conservation de leurs habitations dans l’état actuel,
- et que l’intérêt général doit passer avant l’intérêt particulier.
A la suite de l’enquête, le maire réunit le Conseil municipal le 16 août 1857. Ce dernier, considérant la nécessité qu’il y a à donner aux rues figurant sur le plan la largeur qui y est indiquée, l’accepte dans son ensemble à la majorité de cinq voix contre quatre qui refusent de signer et protestent contre cette adoption. Nous avons vu que les noms de ces pétitionnaires avaient été signalés sur le plan de 1840 :
« Protestation concernant le projet d’alignement des rues de la commune de Pussay, jointe le 16 août 1857 à la délibération du Conseil municipal :
Les soussignés Gry-Bertrand, Lemaire-Chalopin, Duret-Gagé et Rouleau-Canet s’abstiennent de signer la présente délibération et protestent contre une mesure qui n’a été provoquée que pour arriver à jouir d’une place publique (l’ancien cimetière) pour y établir des rues qui ne seraient utiles qu’à M. le Maire et occasionneraient des dépens inutiles pour leur établissement ainsi que pour leur entretien, et que d’ailleurs elle doit rester place pour l’utilité de l’église.
Nous faisons observer à M. le Préfet que le projet d’alignement pour toutes les rues en général ferait un tort considérable à beaucoup de petits propriétaires, qui seraient atteints de reculement, vu qu’ils ne possèdent que leur maison pour toute fortune et ne pourraient les faire reconstruire faute d’emplacement (n’ayant ni cour ni jardin). Elles seraient totalement perdues pour eux, si un incendie ou tout autre accident venait malheureusement à arriver.
En résumé, M. le Préfet, cette mesure n’est aucunement utile dans la commune de Pussay. Il en résulterait, si elle était adoptée, des effets bien fâcheux. Il serait même à craindre qu’il arrive du tumulte. C’est ce qui se manifeste aujourd’hui.
Nous espérons, M. Le préfet, que votre sagesse nous fera justice. Autrement, il nous serait très pénible, mais nous ne pourrions rester plus longtemps dans un conseil, qui est composé presque d’une seule famille… ».
La séance du Conseil municipal est houleuse au point que le maire s’adresse au commissariat cantonal de Méréville et que ce dernier écrit, le 26 août, au préfet : « le maire de Pussay vient de me raconter que la séance de la session municipale qui a eu lieu il y a quelques jours dans la commune, a été troublée par les récriminations de plusieurs membres du Conseil qui ont vivement blâmé le nouveau plan qui vient d’être fait et qui fixe la largeur des rues ; plan qui est d’autant plus nécessaire que la largeur actuelle de ces communications gêne la circulation de l’air et que les eaux de savon que se servent les fabricants de bonneterie, laissent une odeur qui nuit à la salubrité. Cet officier municipal m’assure même que l’ordre a été troublé au point que des expressions grossières auraient été tenues, que lui-même, vexé de ces propos, se serait emporté par parole et il cite comme auteurs de ce trouble, Messieurs Gry Louis Bertrand, Lemaire Pierre Bertrand, Duret Charles Potentien et Rouleau Jean Prospère.
Monsieur le Maire se plaint également que quelques-uns de ces membres, et en particulier les sieurs Lemaire et Rouleau, racontent dans les cabarets tout ce qui se passe en conseil et que les propos souvent mal rapportés aigrissent l’esprit de bien des habitants contre lui… ».
La Commission des bâtiments civils reprend les conclusions du commissaire enquêteur le 5 septembre 1857 et le plan général est arrêté le 14 septembre 1857. Quelques aménagements y seront par la suite apportés, ainsi que le montre cet extrait du plan général modifiant les alignements de la rue de l’église le 1er juillet 1859 et approuvé par le préfet le 30 septembre 1859.
Aménagement du passage des tilleuls
4 novembre 1832, vente par Louis Bertrand Gry à divers particuliers des bâtiments de la ferme du château, avec un plan de l’arpenteur Cintrat détaillant tous les bâtiments de la ferme 19e siècle dans le cadre de la voirie et des chemins vicinaux et pour les droits de passage faits par Gry à pied d’une part (allée des tilleuls) en voitures et chevaux (impasse des tilleuls). Un inventaire après décès de Louis Bertrand Gry a été fait chez Clément les 13 août et 5 septembre 1822 (pourrait être intéressant pour propriété antérieure)
Un autre endroit de Pussay fait l’objet d’un procès. Louis Bertrand Gry, propriétaire d’une moitié de château, celle qui n’existe plus aujourd’hui, avait vendu en 1832, en plusieurs lots, les bâtiments de la ferme du château situés de l’autre côté du passage des tilleuls. [voir le plan dans l’article … . Or, le 23 novembre 1859 à midi, le maire de Pussay « en passant dans la petite rue de la mairie qui conduit à notre demeure, y avons trouvé le sieur Isidore Lemoine, entrepreneur de maçonnerie, en train de creuser le milieu de cette rue, en enlever les pierres et les déposer dans un des ruisseaux que nous avions fait établir dans le courant de septembre dernier… sur l’ordre de Mme Gry… qui veut éloigner le ruisseau de mon trottoir afin que l’eau ne s’infiltre pas dans ma cave… En ce qui me concerne le droit de propriété de cette rue que prétend avoir Mme Gry, nous ferons observer qu’il y a 25 à 30 ans, M. Gry a vendu une partie de sa propriété à 8 ou 10 particuliers, qu’il a en même temps vendu la portion de la rue dont s’agit pour conduire aux diverses habitations des acquéreurs. Que d’un autre côté, l’une des parcelles vendues est devenue depuis une dizaine d’années le local de la mairie et école des garçons… Nous ajouterons que cette rue donne entrée à un passage de 2 m de large que M. Gry a également vendu pour sortir dans la plaine ».
L’affaire est jugée par le tribunal civil d’Etampes le 20 décembre 1859 entre le maire de Pussay d’une part et les sieurs Louis Bertrand Gry propriétaire et Isidore Lemoine, maçon à Pussay, d’autre part, pour avoir « fait dégrader par le sieur Lemoine la petite rue de la mairie de la commune de Pussay et fait déposer des pierres dans le ruisseau ». Louis Bertrand Gry répond que la rue lui appartient et non à la commune. Il a vendu différents bâtiments dans cette rue, mais s’est réservé la propriété de la dite rue et n’a vendu que le droit de passage. Le ministère public répond que la rue appartient à la commune car elle a été entretenue aux frais de la commune. Lemoine dit que Gry lui a demandé de faire un trottoir et un talus pour empêcher l’eau d’aller dans la cave.
Le 19 janvier 1860, le Conseil municipal délibère sur le classement en rue du passage conduisant de la rue principale à la mairie et à l’école des garçons. Le 6 mars 1860, le sous-préfet propose d’acquérir le passage soit à l’amiable, soit par expropriation pour cause d’utilité publique.
Percement de la Grande Ruelle
Le 11 février 1877, le Conseil municipal envisage très sérieusement le percement de la Grande Ruelle. Le principal motif conduisant à ce percement est que « l’ouverture de la rue projetée faciliterait l’établissement de constructions nouvelles dans la commune, où l’industrie de la bonneterie prend tous les jours plus d’importance et amène un très grand nombre d’ouvriers ».
Le 12 juin 1877, le Conseil adopte à l’unanimité la rue projetée comme très urgente. Elle aura une largeur de 8 mètres à partir du chemin du tour de ville sud jusqu’aux propriétés Gâteau et Waelkens et une largeur égale à la distance qui sépare ces deux bâtiments jusqu’à la grande rue.
Il adopte également la donation faite par MM. Brinon et Boyard et approuve les marchés traités par le maire avec les différents propriétaires des bâtiments, terrains, cours et autres droits étant sur le passage. Il vote également les fonds pour payer la dépense qui s’élève à 3 803,43 francs, fonds couverts par une imposition extraordinaire de 8 centimes additionnels au principal de ses quatre contributions directes pendant quatre ans à partir de 1882 et de 4,5 centimes en 1886.
Le 5 août 1877 : les membres du Conseil se réunissent assistés des plus forts imposés de la commune, convoqués 10 jours avant la date de la délibération, en nombre égal aux conseillers municipaux, pour prendre part au vote. Les plus forts imposés présents étaient MM. Boyard, Buret Jacques Adrien et Gry ; les plus forts imposés absents étaient MM. Dujoncquoy Alfred, de Vezins, Langlois, Dujoncquoy Charles Alexandre, Cochin, Lemaire Gustave, Huteau, Bigot Paul et Guillot Emile. Il s’agit là de propriétaires cultivateurs et pour la grande majorité de fabricants de bas.
Adolphe Brinon et Louis Boyard font don à la commune d’un terrain et d’un bâtiment leur appartenant, ce qui représente une somme de 4 080 francs. Les autres riverains de la rue ont consenti, quant à eux, des cessions amiables ; il s’agit de :
- Mlle Alexandrine Thomin pour un prix de 2 500 francs,
- Louis Lambert Séjourné pour 800 francs. Il est ouvrier en laine et promet de vendre à la commune « un petit toit à porcs sis à Pussay Grande Ruelle… sous la condition expresse que la commune établira d’ici le 24 juin 1878 devant la maison de M. Séjourné, une rue reliant la Grande Rue de Pussay au chemin du tour de ville côté sud ». cette clause est valable pour tous les vendeurs.
Ces deux riverains ayant accepté d’être payés dans un délai de 10 ou 5 ans au choix de la commune, à partir de l’entrée en jouissance avec un intérêt de 5 %, ce qui fait que la commune n’a pas besoin de recourir à un emprunt.
- Mlle Alexandrine Thomin, Mme Rose Pavard veuve Leprince, Mme Clarisse Colas veuve Barbet, MM. Jules Waelkens, médecin, Joseph Gâteau, cultivateur, Louis Belzacq, menuisier, Joseph Plançon, ouvrier en laine, Laurent Thomin, ouvrier en laine, Félix Cochery, maçon, pour différentes parcelles de terrain dont le prix global s’élève à 503,43 francs.
En outre, il est accordé à la commune un secours de 500 francs pris sur les fonds des amendes correctionnelles.
L’autorisation de la préfecture est donnée le 2 octobre 1877.
Construction du chemin vicinal ordinaire n° 2 de Pussay à Grandville
Le 10 juin 1881, l’agent voyer du canton de Méréville rend un rapport ainsi rédigé : « Le chemin vicinal ordinaire n° 2 de Pussay à Grandville comporte une lacune de 583 m en deux portions : l’une entre Pussay et la route départementale n° 14, l’autre près du territoire de Grandville.
Les ressources actuelles de la commune de Pussay permettant d’entreprendre la construction de cette dernière partie de chemin, qui est la plus mauvaise et en même temps la plus indispensable aux communications, le soussigné a dressé le projet de construction… ». L’achat des terrains se monte à 247,91 francs pour 35 ares 16 centiares et le devis des travaux de terrassement et d’empierrement s’élève à 2 500 francs.
L’enquête publique est effectuée les 16, 17 et 18 juillet et soulève diverses protestations : les réclamants sont unanimes à repousser le tracé proposé, soit parce qu’il a pour résultat de morceler quelques parcelles de terrain, soit parce qu’il serait nuisible à la culture riveraine.
Pour le Conseil municipal, qui se transporte le 15 septembre 1881 sur les lieux, « le projet de rectification pose peu de perturbations dans la culture des 18 parcelles occupées puisque 10 d’entre elles sont déjà traversées par le chemin qui ne subit un déplacement maximum que de 25 m, que 6 autres ont fourni une surface très minime pour l’élargissement, qu’il ne restera que 2 parcelles qui seront morcelées, que le terrain est de peu de valeur et actuellement en partie en friches, que l’accès des parcelles ne sera pas rendu plus difficile puisque le projet de rectification a justement pour but d’éviter des terrassements ce qu’on ne pourrait faire avec l’ancien tracé… qu’en résumé les réclamants ne se sont pas bien rendu compte des avantages que le nouveau tracé procurera à la commune et qu’ils se sont exagéré le tort causé aux riverains… ».
Le sous-préfet rend un avis favorable le 17 décembre 1881 : « Considérant que contrairement aux dires de deux des protestataires, les propriétés riveraines du chemin ne seront pas morcelées davantage, toutes les parcelles sauf deux étant actuellement traversées par le chemin existant
Considérant que le nouveau tracé aura sur l’ancien l’avantage d’être un peu moins rapide
Que d’ailleurs le raccordement avec la partie du chemin construite sur Eure-et-Loir nécessite la rectification proposée
Estime qu’il y a lieu de déclarer d’utilité publique la rectification et l’exécution des travaux de construction du chemin vicinal ordinaire n° 2 dit de Pussay à Grandville, section comprise entre l’extrémité de la partie dudit chemin construite en 1878 et la limite du territoire… ».
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MESURES DE SALUBRITÉ PUBLIQUE
François Boncerf est médecin consultant et conseiller ordinaire du roi pour le bailliage royal de la ville d’Etampes et sillonne dès avant 1788, un immense territoire allant d’Etampes à Arpajon, Corbeil, Dourdan, Pithiviers, pour y exercer la médecine. Pour plus de détails sur ce médecin et la médecine à Pussay au XIXe siècle, voir la rubrique « Vie quotidienne » et l’article « Les médecins ».
Dès cette époque, il tente, sans trop de succès, de sensibiliser la population des villes et villages qu’il sillonne aux bienfaits de l’hygiène. Parlant plus particulièrement de Pussay et de ses industries, il explique : « Il est probable qu’une partie des laines qu’ils achètent pour fabriquer proviennent de moutons attaqués d’épizootie, inconvénient qui peut contribuer à altérer la santé ; de plus les atteliers trop petits, où les ouvriers foulent, apprêtent et teignent les bas, ne contribuent pas moins au dérangement de leur santé. La principale raison, selon moi, qui y produit la base d’un air malfaisant, est parce qu’on n’éloigne pas les eaux de savon qui ont servi à préparer les bas et les laines qui sont encore imprégnés de suint et de savon noir ou huile rance ; ces eaux séjournent dans les rues des villages ou dans les cours de ces manufactures, s’y corrompent et vicient l’air, qui, à son tour, trouble les digestions et infecte le chyle : ce désordre est nécessairement suivi de différentes maladies ».
Eaux de fouloirs
François Boncerf a-t-il été entendu ? En 1826, les fabricants ne déversent plus les eaux usées provenant de leurs foulons dans les rues, mais… dans les fossés qui bordent les chemins, ce dont les habitants se plaignent. Aussi, le 12 mars 1826, le maire prend un arrêté de police pour arrêter ces débordements :
« Vu les plaintes qui nous ont été faites par plusieurs habitants de cette commune, sur ce que plusieurs fabricants se permettent de déposer les eaux résultant de leurs fouloirs ou foulons, dans des fossés tenant aux chemins publics.
Nous nous sommes transportés sur les lieux et avons remarqué en effet plusieurs endroits où ces eaux sont déposées dans les fossés tenant aux chemins publics, et nous avons remarqué qu’il y en avait un amas prodigieux dans un fossé autour d’une pièce de terre appartenant à M Dujoncquoy (Alexandre), lequel fossé est le long du chemin qui communique du chemin d’Etampes à celui de Thionville. Cette masse d’eau provient d’un atelier bâti sur cette pièce de terre, dans lequel est un foulon.
Considérant que le dépôt de ces eaux est nuisible pour la salubrité de l’air, ayant l’odeur très forte et désagréable, et plus encore pour la sûreté personnelle des habitants, qui pourrait en bien des circonstances se trouver compromise, avons jugé en conséquence qu’il était urgent de faire un arrêté qui concilie ensemble les intérêts des fabricants et la sûreté publique.
Art 1er. Il est défendu à l’avenir aux fabricants de déposer les eaux résultantes des fouloirs ou foulons, dans les fossés le long des chemins publics.
Art 2. Les fabricants qui ont des dépôts de cette nature seront contraints, sur une simple notification, de faire disparaître lesdites eaux, à défaut de s’y conformer, il en sera dressé procès-verbal, qui sera envoyé à l’autorité compétente.
Art 3. Les fabricants qui voudront à l’avenir ouvrir des fosses ou fossés pour déposer des eaux de leurs fouloirs ou foulons, seront tenus de se retirer sur leur terrain et quand ils feront les fouilles sur un terrain non clos, ils ne pourront le faire qu’à la distance et en laissant deux mètres francs, de leur terrain, à partir de la voie publique ».
Arrêté approuvé par le préfet le 30 mars 1826.
Il est toujours possible de voir la trace des trous creusés pour recevoir les eaux de savon de l’usine Brinon, dans le parc situé sur le chemin de la Garenne.
Transfert du cimetière
François Boncerf lutte également pour faire déplacer les cimetières hors des villages. Cependant, il faut attendre 1832 pour que le cimetière de Pussay, situé autour de l’église, soit transféré sur son emplacement actuel, au lieu-dit « Le Paradis » : « Le 31 décembre 1832, on a commencé à inhumer dans le cimetière situé au chemin de Monnerville, le décès enregistré sous le n° 163 est la première inhumation qui y fut faite dans un espace d’environ trois perches, bénit le matin et entouré d’une haie sèche en attendant qu’on ait fait la clôture de tout le terrain (cinquante perches). Il a été bénit solennellement par M. Chalet, curé d’Angerville le dimanche 3 novembre 1833 » (Extrait du conseil de fabrique)
Coïncidence ou non, ce transfert a lieu alors que la terrible épidémie de choléra de 1832 fait de nombreux morts : 11 décès en décembre 1832 et 40 décès pour le seul mois de janvier 1833 à Pussay. Était-ce par souci de salubrité publique ou parce que le cimetière était devenu subitement trop petit, qu’il était déplacé ?
Il semblerait en tout cas que l’acquisition de ce terrain n’ait eu lieu qu’en 1834, selon une ordonnance du Roi datée du 24 janvier 1834, qui indique :
« Article 1er. La commune de Pussay est autorisée
1° à acquérir de M. Gry Bertrand, moyennant la somme de 650 francs, un terrain contenant cinquante perches, estimé 700 francs, pour l’établissement d’un nouveau cimetière.
2° à s’imposer extraordinairement aux centimes et francs de ses contributions, en quatre ans, à partir de 1835, conformément à la délibération du Conseil municipal de Pussay, en date du 26 décembre 1832, la somme de 2 000 francs, pour payer les frais d’acquisition et ceux de clôture dudit cimetière.
Article 2. L’imposition accordée par l’article qui précède sera portée, par le directeur des contributions, aux rôles des contributions foncière et mobilière de 1835 et années suivantes et perçue par le percepteur de la commune, le tout jusqu’à concurrence et dans les proportions ci-dessus déterminées… ».
Le 6 juillet 1843, la superficie du terrain de l’ancien cimetière est estimée « afin de connaître les limites dudit terrain… Après avoir examiné les lieux et observé quelque petit inconvénient qui put se rencontrer, rapport aux bâtiments qui entourent une partie dudit terrain, vu la superficie donnée par le plan qui s’élève à 3 ares 95 centiares, nous estimons que le prix dudit terrain est de 800 francs en observant la réserve au profit de la commune de la masse de terres qui se trouve au-dessus du sol ».
Nettoyage des rues
Au XIXe siècle, le nettoyage des rues est vendu aux enchères pour un an et adjugé au plus offrant et certaines rues remportent un franc succès. Ainsi, le 16 janvier 1848, le nettoyage des rues de Pussay est mis en vente, « en la salle de la maison d’école, suite à l’avertissement donné dimanche dernier, le 9 janvier, par affiche et à son de caisse pour avertir les habitants, aux charges et conditions suivantes :
L’adjudication du nettoyage des rues se fera pour un an, à commencer du 17 janvier 1848, les adjudicataires seront tenus de payer le prix de leur adjudication entre les mains du percepteur des contributions directes le 17 janvier 1849 et paieront en outre les frais d’adjudication et de timbre.
Les adjudicataires auront seuls le droit de ramasser sur lesdites rues, les fientes provenant des animaux et immondices qui se trouveront dans lesdites rues ; il est entendu qu’ils seront obligés de tenir les rues en bon état de propreté. Procès-verbal sera dressé contre ceux qui négligeraient de le faire. Procès-verbal sera aussi dressé contre toutes autres personnes qui seraient trouvées ramassant lesdites fientes et immondices et qui ne se seraient pas rendues adjudicataires.
Desdites rues, nous avons fait 14 parties :
- 1ère partie : depuis la route départementale n° 14 jusqu’au coin de la propriété de M. Lemaire-Breton… il jouira en outre du curage de la petite mare située en face de la maison du sieur Gallier.
- 2e partie : elle s’étend depuis la propriété dudit sieur Lemaire, à la limite du sieur Breton-Quinton.
- 3e partie : depuis l’angle de la maison du sieur Breton-Quinton, jusqu’à l’angle de la maison de M. Casimir Vassort.
- 4e partie : depuis la limite ci-dessus marquée, compris la place du marché aux grains [place du Carouge], jusqu’aux limites des propriétés de MM. Foucher et Renard.
- 5e partie : desdites limites ci-dessus, jusqu’à l’angle de la grange de M. Lejeune.
- 6e partie : depuis l’angle ci-dessus, jusqu’à l’angle de la propriété des héritiers Roulleau, ou marché aux légumes [place de l’église].
- 7e partie : depuis l’angle ci-dessus, y compris le marché aux légumes, jusqu’à l’angle de la maison de M. Bertrand aîné.
- 8e partie : depuis ledit angle de la maison de M. Bertrand aîné, jusqu’aux deux angles des fermes de MM. Thomas et Deniseau.
- 9e partie : à partir du ruisseau de la mare jusqu’au bout du cimetière.
- 10e partie : depuis l’angle de la maison de Mme Vve Rebuffé, jusqu’à la croix des champs.
- 11e partie : depuis la porte de la cour de M. Brosset et l’angle de la maison de M. Rabaudry, jusqu’à la porte de M. Boudon, y compris le rue du puits du Carrefour.
- 12e partie : depuis la porte dudit sieur Boudon, jusqu’à l’angle du pignon au sieur Douce et passage de M. Gombault. La place du jeu de paume est comprise dans cette douzième partie, ainsi que les rues adjacentes.
- 13e partie : la moitié du tour de bourg côté du midi s’étend depuis l’angle de la grange de M. Savouré, jusqu’au bout des bâtiments des héritiers Deniseau et ceux de M. Isidore Lemoine.
- 14e partie : s’étend en tour de bourg côté du nord, depuis la porte du sieur Gallier jusqu’au chemin d’Etampes
En conséquence, nous avons commencé par ordonner la vente de la 1ère partie. La 1ère mise à prix a été de 3 francs par M. Méry, à cinq francs par M. Thirion, n’ayant pas trouvé d’autre enchère, nous l’avons adjugée à M. Belzacq Jean Pierre qui a mis la dernière enchère à douze francs.
- 2e partie : mise à prix à quatre francs par M. Méry, à cinq francs cinquante centimes par Belzacq.
- 3e partie : mise à prix à sept francs par M. Belzacq.
- 4e partie : mise à prix douze francs par Mme Vve Lemaire, dix-sept francs par M. Belzacq, dix-huit francs par Mme Vve Lemaire, dix-huit francs cinquante centimes par M. Belzacq.
- 5e partie : mise à prix treize francs par Mme Vve Lemaire.
- 6e partie : mise à prix quatorze francs par M. Buret, dix-huit francs par M. Gombault, cabaretier.
- 7e partie : mise à prix dix-sept francs par M. Rabourdin, dix-huit francs par M. Thomin, vingt francs cinquante centimes par Mme Vve Plé.
- 8e partie : mise à prix dix francs par M. Rabourdin, douze francs par M. Belzacq, quatorze francs par M. Bertrand, vingt francs par M. Buret, vingt-deux francs par M. Bertrand aîné.
- 9e partie : mise à prix sept francs par M. Rabourdin, huit francs par M. Bertrand aîné, huit francs cinquante centimes par M. Rabourdin, onze francs par M. Bertrand aîné.
- 10e partie : mise à prix dix-neuf francs par M. Bertrand, vingt francs cinquante centimes par M. Baptiste Dauvillier.
- 11e partie : mise à prix six francs par M. Bertrand, quinze francs par M. Bourdeau Adolphe.
- 12e partie : mise à prix dix francs par M. Brosset, treize francs par M. Bertrand, quinze francs par M. Baptiste Leprince.
- 13e partie : mise à prix quatre francs par M. Bertrand, cinq francs par M. Eugène Lemoine.
- 14e partie : mise à prix six francs par M. Séjourné, huit francs par M. Bertrand, treize francs par M. Méry ».
L’ensemble des mises à prix s’élève à 132 francs et les adjudications se montent à 196 francs, soit une hausse de 48 %. Il est à remarquer que certaines rues sont plus prisées que d’autres et se disputent plus âprement. Ainsi, les 7e et 10e parties sont d’entrée mises à des prix élevés : 17 et 19 francs. Elles correspondent à la place de l’Eglise où se tient le marché aux légumes et où stationnent beaucoup de chevaux et à la rue de la Brèche actuelle. C’est cependant la 8e partie qui remporte la palme avec 22 francs ; elle correspond au départ de la rue Etienne Laurent à partir de la place du Souvenir. Notons aussi que deux veuves se portent acquéreuses du nettoyage des rues : les veuves Lemaire et Plé. Ce nettoyage se faisait encore ainsi en 1883.
Le marché aux légumes se tient sur la place de l’église puisqu’un arrêté pris par le ministre de l’Agriculture et du Commerce en date du 31 juillet 1847, autorise l’établissement, dans la commune de Pussay, d’un marché hebdomadaire à tenir le lundi. A cet égard, la commune souhaite que les marchands venant de l’extérieur « ne promènent pas leurs bêtes de somme et voitures dans les rues de la commune qu’autant que ces animaux seront attachés ou gardés ou s’ils l’aiment à déposer leurs denrées sur la place de l’Orme, lieu du marché ».
Enfouissement des animaux morts
Le 16 novembre 1850, l’adjoint au maire de Pussay, « prenant en considération les plaintes qui nous sont faites et attendu les accidents graves qui surviennent journellement de l’abus de laisser des animaux morts sans les enfouir,
Vu la loi du 6 octobre 1791 et l’arrêté du 27 messidor an 5 arrêtons ce qui suit :
Art. 1er Il est expressément enjoint aux propriétaires d’animaux morts de les faire enfouir à 1,33 m de profondeur au moins.
Art. 2 Cet enfouissement doit s’effectuer dans le terrain même du propriétaire et non dans celui de ses voisins ou bien il doit être fait dans un lieu désigné par le maire.
Art. 3 Si l’animal est mort à la suite d’une maladie contagieuse, l’enfouissement doit être fait dans une fosse de 2 m de profondeur et à 100 m au moins de toute habitation ».
Cette mesure intervient après l’épidémie de choléra de 1849 qui fait 47 décès à Pussay.
Interdiction des dépôts de fumiers et de débris d’animaux
Un autre arrêté s’avère bientôt indispensable pour la salubrité publique. Il est pris le 23 avril 1877, « considérant que les dépôts de débris d’animaux abattus qui sont établis chez les bouchers de la commune de Pussay répandent des exhalaisons infectes qui sont d’une grande incommodité pour les voisins ;
Que ces amas de débris constituent un danger sérieux pendant l’été en attirant des mouches qui peuvent communiquer des pustules charbonneuses aux personnes et aux animaux ;
Ouï les pliantes réitérées avec juste persistance à ce sujet, arrête :
Article 1er. Il est interdit aux bouchers de Pussay d’établir des dépôts permanents de débris d’animaux abattus, soit dans leurs fumiers, soit dans une cour quelconque de leur habitation.
Article 2. Ces débris devront être enlevés tous les jours, transportés et enfouis immédiatement dans les champs, à une distance d’au moins 100 mètres de toute habitation et de 50 mètres des chemins publics.
Article 3. Les contraventions seront constatées et poursuivies conformément aux lois.
Article 4. L’adjoint et le garde champêtre sont chargés de l’exécution du présent arrêté… ».
LA VOIE FERRÉE PARIS-ORLÉANS
A suivre
Sources :
ADE 3O372 et 373, 2S107
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