La musique

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LES FANFARES

Les fanfares civiles trouvent leur apogée dans les années 1880, après les décrets impériaux de 1867 et 1869 qui suppriment les musiques de cavalerie pour des raisons économiques. Les musiciens militaires au chômage ou en retraite s’investissent alors dans ces formations. Parallèlement, de nombreuses publications voient le jour et parmi elles, la revue bimensuelle spécialisée L’Instrumental créée par Gautrot en 1864, destinée aux « sociétés philharmoniques, aux harmonies et aux fanfares », qui publient des pièces pour fanfares et que nous serons amenés à citer ci-après.

Création de la fanfare de Pussay

Le Grand Livre de la fanfare de Pussay nous apprend qu’elle fût fondée le 3 juillet 1881 sous le titre « Fanfare de Pussay », ainsi qu’il est dit à l’article 1 de son règlement :

Article 1 : Il est formé dans la commune de Pussay une société musicale sous le titre de Fanfare de Pussay dont le président est de droit le Maire.

Article 2 : Elle a pour but d’initier les élèves à la  connaissance théorique et pratique de la musique et de répandre et développer le goût de l’art musical.

Article 3 : La société est composée de membres sociétaires et de membres honoraires.

Article 4 : Il est créé un conseil d’administration composé d’un directeur, d’un sous-directeur- trésorier – bibliothécaire, d’un chef d’études et de trois membres sociétaires.

Article 5 : Le Directeur est de droit président du conseil, les autres sociétaires seront nommés à l’élection chaque année par les sociétaires le quinze juillet.

Article 6 : En cas de décès d’un des titulaires ci-dessus, la société convoquée extraordinairement procédera dans le délai d’un mois, par élection, à son remplacement, mais seulement pour le temps qui restera à courir.

Article 7 : L’élection ne sera valable que si la moitié des membres de la société au moins a pris part au vote. Les membres élus sont rééligibles.

Article 8 : Le conseil s’occupe de toutes affaires contentieuses et financière de la société, il statue sur les admissions et les exclusions ; il décide tout ce qui peut intéresser l’honneur et l’avenir de la société ; règle, débat et arrête les comptes du trésorier.

Article 9 : Pour prendre part aux élections, il faudra être membre de la société depuis au moins trois mois.

Article 10 : Le Sous Directeur – trésorier – bibliothécaire est chargé de la rédaction des procès verbaux des séances du conseil d’administration, de la correspondance, des propositions et rapports, de la comptabilité et de la perception des fonds, dont il est dépositaire responsable. Il ne peut disposer des fonds sans l’autorisation du conseil, laquelle sera transcrite sur le registre de la société.

Article 11 : L’un des trois sociétaires élus sera chargé à l’ouverture de chaque séance de l’appel nominal. Il constatera les absences et remettra chaque fois au trésorier, la liste des amendes à encaisser. Les amendes dues pour retard ou autres seront exigibles de suite.

Article 12 : Tout contrevenant qui aura laissé passer deux séances sans s’acquitter, sera de droit exclu de la société.

Article 13 : Toute convocation des sociétaires sera, après la décision du conseil, faite par les soins du secrétaire.

Article 14 : Le bibliothécaire sera responsable de la musique confiée à ses soins. Chaque partie en entrant dans la bibliothèque sera pourvue d’un numéro matricule et inscrite au catalogue général sous le même numéro.

Il pourra être confié des ouvrages ou morceaux de musique aux sociétaires, mais ceux-ci en donneront un reçu et deviendront alors responsable du dépôt.

Article 15 : Tout sociétaire qui aura détérioré ou perdu les ouvrages qui lui auront été confiés, pourra être tenu à en rembourser le prix.

Article 16 : Tout emprunt à la bibliothèque devra y rentrer dans un délai convenable.

Article 17 : Toute décision prise par le conseil ne sera valable que si la majorité de ses membres y a pris part.

Article 18 : Le chef d’études dirige les élèves dans leur instruction musicale et dans l’exécution des morceaux ; il désigne ceux qui doivent être étudiés. Il touchera annuellement un traitement arrêté de gré à gré qui lui sera versé par le trésorier tous les trimestres. Il sera obligé de donner trois leçons ou répétitions par semaine les mardis, vendredis et dimanches.

Article 19 : Les réunions auront lieu en la salle d’école à huit heures et demie en été et à neuf heures un quart en hiver. Les dimanches, la réunion aura lieu en toute saison à quatre heures. Chaque séance durera au moins une heure.

Article 20 : La police de la salle, l’application des amendes ou peines disciplinaires encourues, est à l’entière liberté du chef d’études qui pourra toujours en appeler ou se faire seconder par un des membres du conseil. Le silence est obligatoire pour tous, sous peine d’une amende de vingt cinq centimes.

Article 21 : Le nombre des sociétaires est illimité. Toute personne désirant faire partie de la société devra en faire la demande par écrit, être patronné par deux membres sociétaires.

Article 22 : Tout étranger au pays ne pourra faire partie de la société à moins qu’il ne déclare s’y fixer.

Article 23 : Le conseil d’administration statue sur les admissions. Tout candidat admis s’engage à exécuter le règlement dans tout son contenu. Il s’engage en outre à verser mensuellement et au premier de chaque mois, la somme de un franc cinquante centimes. Il ne peut faire partie d’une autre société musicale sous peine d’exclusion.

Article 24 : L’entrée de la salle des répétitions sera rigoureusement interdite aux étrangers.

Article 25 : Les cours seront obligatoires et nul ne pourra s’en dispenser sans autorisation. Tout retard de dix minutes sur l’heure fixée entraînera pour la première fois une amende de 0,15 F, pour une seconde de 0,25 F, pour une troisième de 0,50 F.

Article 26 : Les absences sans motif seront passibles d’une amende de 0,50 F pour la première fois et de 1 F pour la seconde. Cinq absences consécutives et non motivées entraîneront l’exclusion du sociétaire. Tout membre exclu ne pourra réclamer aucun remboursement des sommes versées : celles-ci étant acquises à la société.

Article 27 : Enfin la commission administrative aura toujours le droit d’éliminer le membre qui, sous n’importe quel prétexte, cherchera à troubler l’ordre et à entraver la marche et la prospérité de la société.

Article 28 : Les observations ne peuvent être faite que par les chefs auxquels chacun devra obéir sans contrôle.

Article 29 : Il est expressément défendu de fumer dans la salle. Tout sociétaire en état d’ivresse pourra être exclu de la séance.

Article 30 : Aucun sociétaire ne pourra quitter la salle sans un motif valable et sous peine d’une amende de 0,15 F.

Article 31 : Les absences ne seront reconnues valables que dans les cas de maladie ou de force majeure.

Article 32 : Une amende de 0,50 F sera infligée aux absents sans autorisation lors des répétitions générales.

Article 33 : La présence de tout sociétaire est obligatoire à tous les concerts ou concours. Celui qui y manquera sans motif grave ou sans autorisation sera appelé devant le conseil et pourra être exclu de la société après avoir été entendu.

Article 34 : Le sociétaire qui, par son inconduite en public, sa mauvaise tenue dans les réunions, son insubordination, son manque de respect envers les supérieurs, donnerait lieu à des plaintes graves, pourra être expulsé par décision du conseil.

Article 35 : Les membres du conseil seront passibles d’une amende de 0,50 F par chaque absence non motivée des réunions administratives.

Article 36 : Le produit des cotisations des membres honoraires et des sociétaires, ainsi que les amendes, sera appliqué à toutes les dépenses nécessitées pour le chauffage, l’éclairage, l’acquisition des méthodes, chœurs ou morceaux de musique et le traitement du chef, en un mot, à tous les besoins de la société.

Article 37 : Les membres honoraires auront le droit d’assister aux répétitions générales. Le Maire en sa qualité de président aura toujours le droit d’assister aux réunions.

Article 38 : Tout changement à apporter au présent règlement ne peut être mis en discussion que s’il est demandé par le tiers au moins des membres sociétaires. Il ne pourra être soumis à la société que dans sa réunion générale ainsi qu’il est dit dans l’article 5.

Article 39 : Tout sociétaire qui aura été déclaré apte devra se pourvoir à ses frais de l’instrument pour lequel il semblera avoir des dispositions particulières. A cet égard il devra suivre les conseils du chef d’études.

Article 40 : Lorsque la société sera à un concours, les élèves seront sous l’autorité du chef pendant tout le temps du voyage. Il pourra leur infliger des amendes ou des peines disciplinaires comme en séance ordinaire. Il pourra s’il y a lieu faire prononcer leur exclusion par le conseil.

Article 41 : Les membres honoraires sont des personnes qui désirent voir se généraliser l’éducation musicale publique. Ils coopèrent à la prospérité de la société en versant chaque année entre les mains du trésorier une cotisation qui ne pourra être moindre de cinq francs.

Article 42 : En reconnaissance de leur bienveillant concours, les membres honoraires auront droit d’admission à tous les concerts que la société pourra donner et auxquels ils seront toujours invités.

Article 43 : En cas de dissolution de la société, tout le matériel sera, par le Directeur, et sous sa responsabilité déposé à la Mairie et les fonds mis à la caisse d’épargne. Le conseil d’administration pourra être appelé à abandonner le tout à la nouvelle société qui se formerait soit avec les mêmes éléments, soit avec des éléments nouveaux.

Article 44 : Toute les personnes faisant partie de la société s’engagent à observer fidèlement les conditions du présent règlement qu’elles signeront lors de leur réception définitive.

Article 45 : Le présent règlement affiché dans la salle des répétitions est déclaré exécutoire à partir de ce jour.

A Pussay le 3 juillet 1881

L’année de sa fondation, la fanfare compte 46 membres sociétaires et 53 membres honoraires, parmi lesquels se trouvent Edmond Féau, maire de Pussay, son fils Paul, alors député, et le conseiller général de Seine-et-Oise ; les conseillers municipaux de Pussay, les fabricants de bas, de nombreux commerçants et artisans, ainsi que quelques ouvriers en bas. La plupart des membres honoraires verse la cotisation minimale de 5 francs, mais certains d’entre eux sont plus généreux.

Nous citons les membres sociétaires dans l’ordre où ils sont inscrits sur le Grand Livre :

Fleurizelle Rou, Georges Rou, Arthur Peltier, Henri Berthelot, Emile Pavard, Arthur Dauvillier, Fernand Gastineau, Emile Rebuffé, Henri Plançon, Maurice David, Emilien Gastineau, Charles Barroy, Marcel Fessard, Henri Douce, Gustave Hardy, Auguste Vallée, Casimir Leroux, Louis Dollon, Jean Baptiste Dollon, Paul Rebiffé, Georges Lemaire, Adolphe Thomin, Eugène Buret, Arthur Baranton, Arsène Bourdeau, Emile Corpechot, Albert Breton, Désiré Ramollet, Jules Thomin, Edouard Berthelot, Octave Dargère, Germain Genty, Raymond Lemaire, Jules Plançon, Louis Villette, Albert Rebuffé, Henri Robert, Gustave Belzacq, Emile Genty, Emile Poussard, Jules Robert, Louis Sanson, Théodore Réméné, [César Alexandre] Marie Buret, Hippolyte Gagé, [Charles François] Leclère Genty.

Le conseil d’administration se compose : du directeur, Théodore Réméné, du sous-directeur, Hippolyte Gagé, du chef d’étude, César Alexandre Marie, des sociétaires Émile Poussard, Jules Robert, Louis Samson et du porte-bannière Charles François Leclère.

Dès le 25 octobre, il décide d’augmenter de 100 francs, le traitement annuel du chef d’étude et de le porter ainsi à 300 francs, payable par trimestre, « en considération du travail imposé », et d’acquérir un certain nombre d’instruments au compte de la société, parmi lesquels :

  • deux contrebasses, l’une pour un coût de 180 francs, l’autre de 140 francs,
  • une grosse caisse et ses accessoires pour 96 francs,
  • une caisse roulante pour 73 francs,
  • un saxophone pour 180 francs,
  • une cymbale pour 52 francs.

Le Grand Livre de comptes mentionne en fait l’acquisition d’instruments de musique pour une somme de 2890,20 francs. Un petit livret contenant les articles du règlement est également délivré à chaque membre.

Détail du bâton de M. Marie, premier chef de la fanfare de Pussay. Le bâton porte son nom et en-dessous le nom de la fanfare.

Le bâton de M. Marie, au revers de la vue précédente

Le bâton, dans son ensemble, et sa boîte

En février 1882, « dans l’intérêt de l’avenir de la société », il faut envisager la formation de nouveaux élèves. Des cours sont donc ouverts à partir du 1er mars et dix inscriptions sont reçues. Un sous-chef M. Mulard est élu, « il aura pour mission spéciale de préparer les élèves et de suppléer le chef en cas d’empêchement ». Son traitement annuel s’élève à 100 francs, payable par trimestre à partir du 1er mars, et le dispense de la cotisation annuelle. M. Mulard reste sous-chef un an.

En dehors de la fanfare, il exerce sa profession de piston dans les bals, nombreux à cette époque, ce qui prive parfois la fanfare de son premier piston et lui fait, selon l’expression du président du conseil d’administration, « un tort considérable ». Il lui est proposé 50 F en plus de son traitement, pour prendre l’engagement d’être présent aux réunions organisées lors des concours ou des fêtes nationale ou patronale, engagement qu’il n’ose prendre.

Un an après sa création, la fanfare qui compte déjà 40 exécutants, célèbre avec éclat la fête du 14 juillet. Une magnifique bannière lui a été offerte par souscription et inaugurée lors de la fête patronale. Depuis, sur la proposition de M. Waelkens, médecin, le conseil municipal lui a voté une palme et une médaille à titre d’encouragement. En ce jour de fête nationale, rapporte le journal « l’Abeille d’Etampes », le Maire et le Conseil municipal, précédés de la fanfare, escortés et suivis par la compagnie des sapeurs-pompiers, se rendent, au son de la musique, sur la place du marché et délèguent M. Waelkens, pour offrir aux musiciens ce témoignage de satisfaction. Après avoir rappelé le parfait accord qui règne entre tous les membres de la fanfare, leurs efforts incessants, leurs progrès rapides, il leur remet la palme. M. Marie, directeur de la fanfare, le remercie chaleureusement et prend « l’engagement de redoubler d’ardeur afin de porter dignement hors du pays la bannière que nous devons à la générosité de nos concitoyens ».

Bannière de l’« Union musicale des bonnetiers de Pussay », portant la date de 1882.

Tel qu’il est représenté sur la bannière, ce caducée est l’attribut de Hermès-Mercure, dieu du commerce. Il est constitué d’une baguette verticale, entrelacée de deux serpents qui se font face et terminée par deux ailes d’oiseau. La baguette symbolise le pouvoir, les serpents, la prudence, l’équilibre des forces et les ailes, le voyage, le commerce, la diligence. De l’autre côté, un chausson noir rappelle la marque de fabrique des bonnetiers, celle qui a constitué leur réputation.

César Alexandre Marie ménageait si peu ses efforts que, dès le 1er juillet 1882, le conseil d’administration avait décidé et voté à l’unanimité de passer son traitement à 400 francs, « augmentation consentie déjà moralement ». Le 23 février 1883, il propose Gérald Gastineau pour l’aider dans sa tâche, se charger des cours de solfège aux élèves et éventuellement le remplacer, proposition acceptée. Gérald Gastineau entre en fonction le 1er mars, avec un traitement annuel de 100 francs, payable par trimestre, à compter du 1er juillet.

C’est alors que la fanfare va changer son nom. Le journal l’Abeille nous confirme, à l’occasion de la fête patronale en mai 1883, que la fanfare « a abandonné le nom de « Fanfare de Pussay » pour celui de « L’union musicale des bonnetiers de Pussay. Elle est présidée et administrée par M. Réméné et conduite par M. Marie qui ne ménage pas ses répétitions et de l’avis de gens compétents, cette jeune société est pleine d’avenir. Elle va d’ailleurs pouvoir aller briguer ses premiers lauriers au concours de Montereau ».

Elle donne un concert pour la fête, ce qu’elle fera tous les ans par la suite, et en juin elle participe au concours de Colombes : le premier relevé dans le Grand Livre, mais non le dernier. Suivront les concours d’Orléans en 1884 ; d’Etampes et de Chartres en 1885 ; d’Auneau, de Bourges et de Montargis en 1886 ; concours de Châteaudun et festival d’Etampes en 1887 ; de Nogent-sur-Marne en 1889. Au concours de Sens, le 1er juillet 1888, elle remporte un 1er prix de soli et un 4e prix d’exécution sur treize concourants.

La participation aux concours coûte cher à la Société. Pour le concours d’Orléans en 1884, par exemple, elle doit débourser 327,30 francs pour le déplacement en chemin de fer, les déjeuner, dîner et « petite buvette » de ses exécutants. Pour celui de Bourges en 1886, elle dépense, pour le déplacement de 28 personnes :

  • 299,60 francs pour le chemin de fer,
  • 203,00 francs pour les déjeuner et dîner à Bourges,
  • 81,15 francs pour le coucher et frais à Vierzon et à Pussay.

A ces dépenses, il faut ajouter l’achat des morceaux de musique, de quelques instruments, tout au moins au début, le traitement des chef, sous-chef et autres frais divers.

L’assemblée générale de 1884 décide aussi « de nommer un homme pour s’occuper des lampes, celui qui s’est présenté est Thomin Adolphe. L’assemblée lui a alloué la somme de 20 francs par an ». Pourquoi donc nommer une personne préposée aux lampes ? Tout simplement parce que les exécutants portaient à leur casquette de petites lanternes pour voir clairement leur partition, quand ils défilaient ou se produisaient la nuit et il n’était pas question que ces lampes ne fonctionnent pas le moment venu. L’organisation d’une fanfare demandait beaucoup d’attention.

Cocarde de l' »Union musicale des bonnetiers de Pussay »

Les concerts qu’elle donne lui permettent donc de renflouer ses finances. Tous frais payés, un concert pouvait lui rapporter entre 81,75 francs en 1889 et 206,65 francs en 1887, et en moyenne 140 francs.

A cela viennent s’ajouter les cotisations de ses sociétaires, 1,50 franc par personne et par mois, et les dons de ses membres honoraires, fixés au minimum à 5 francs par membre. Les fabricants de bas donnent 50 francs en 1884, à l’occasion de la Saint-Blaise, et cette somme augmente régulièrement d’année en année, jusqu’à 90 francs en 1889. La commune subventionne également la fanfare : 100 francs en 1883, le double en 1884 et 1885, 300 francs en 1886, 150 francs en 1887, 300 francs en 1888 et parfois aussi la fabrique dans des proportions moindres. Au titre des particuliers, la famille Brinon, Adolphe et ses fils Gustave et Henri lui accorde 170 francs en 1886, ce qui reste cependant exceptionnel. Adolphe Brinon lui octroie 40 francs le jour du baptême de la cloche le 14 juin 1885. D’autres particuliers se montrent également généreux, au premier rang desquels le docteur Waelkens et le fabricant Paul Ménardière.

A l’assemblée générale de 1888, M. Derlet, qui avait remplacé Gérald Gastineau comme sous-chef, se désiste de l’éducation musicale des élèves instrumentistes au profit d’Emile Rebuffé qui s’engage à les éduquer pendant un temps limité. Il perçoit 50 francs de la Société et une gratification annuelle de 50 francs faite par M. Marie et prise sur son traitement annuel de 400 francs. Le 1er janvier 1890, Aristide Boulommier est nommé par l’assemblée au poste de sous-chef. Il a pour mission spéciale de préparer les élèves et de suppléer le chef en cas d’empêchement. Il perçoit 150 francs par an, payable par trimestre à compter du 1er janvier 1890. Il le restera jusqu’en 1896, date à laquelle il remplacera M. Marie comme chef d’études. Son frère Albert sera alors nommé sous-chef.

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La division et la séparation

Les années 1888 et 1889 marquent un tournant dans la carrière de la fanfare. L’activité et les dons se font plus rares, ceux de la famille Brinon tout particulièrement. Le journal l’Abeille nous en révèle la cause le 5 juillet 1890. Au concours de Beaugency, la fanfare ouvrière de la manufacture Brinon et Gry de Pussay, classée en 3e division, 2e section, remporte :

  • lecture à vue, 3e prix, médaille d’argent,
  • exécution, 2e prix, palme de vermeil,
  • soli, 2e prix, médaille de vermeil.

Deux semaines plus tard, Henri Brinon s’exprime dans les colonnes du journal : « Le 14 juillet 1890 consolera de certaines avanies subies silencieusement, nos jeunes musiciens réduits à jeter aux échos de la Vallée les notes dont ne veut point la Plaine ! Et cependant, en ce jour de Fête Nationale, M. le Maire de Pussay, M. Guillot (soit dit pour préciser), secouant le joug que lui ont imposé jusqu’ici certains esprits étroits, n’a plus voulu distinguer entre le piston municipal et la contre basse privée : il a fait plus, il a bravé les foudres brouillonnes de ceux qui évoquaient les siennes, et c’est aux sons vibrants de la Marseillaise que nos jeunes gens, bannière en tête, ont pu gagner, sans encombre, la route de Monnerville. Nos actions de grâce à notre édile.

« Soumis avec respect à sa volonté, mais convaincus maintenant de son amour pour la liberté, nous attendons de lui une décision généreuse, qui mette sur un pied d’égalité deux fanfares n’ayant rien à envier l’une à l’autre et qui devraient, au grand plaisir des habitants, donner l’exemple de la fraternité. … ». Ces jeunes gens allaient donner un concert à Guillerval et Saclas.

Ce que la lettre ne dit pas, c’est que depuis quelque temps déjà, les musiciens de l’« Union musicale des bonnetiers de Pussay » étaient sollicités pour venir grossir les rangs de la « Fanfare ouvrière de la manufacture Brinon et Gry de Pussay » ; à l’exemple de Paul Rebiffé, nommé un temps au conseil d’administration de la première et qui va devenir le chef de la seconde. En 1887, le montant des cotisations ne révèle déjà plus qu’un nombre de 24 exécutants, comparé aux 40 exécutants de 1882. Le nombre des membres honoraires reste cependant élevé : 87. Le 30 juin 1889, Emile Rebuffé se démet également de ses fonctions de secrétaire.

Quelques mois plus tard, le 5 décembre 1890, le journal insère dans ses colonnes cet article anonyme « Dimanche dernier, la fanfare municipale fêtait la Sainte-Cécile. A la messe en musique à laquelle assistait une foule nombreuse, M. Le Curé en quelques mots très sympathiques a adressé toutes ses félicitations et ses remerciements ; malgré l’abstention de l’organiste, la cérémonie a été très brillante. Dans l’après-midi, promenade en musique à laquelle la population n’a pas ménagé ses applaudissements. Le soir, banquet suivi d’un bal très brillant honoré de la présence de la municipalité.

« A ce propos, nous nous permettrons de regretter la division qui s’est produite depuis un an. Pourquoi deux musiques à Pussay ? Sans doute les ressources musicales y sont plus nombreuses que dans des localités plus importantes, mais il est toujours certains éléments qui très brillants dans l’une manquent à l’autre société. Nous sommes persuadés qu’avec un peu de bonne volonté la fusion des deux sociétés se feraient facilement au grand profit de l’art. Nous connaissons bien les deux sociétés et nous certifions que réunies elles composeraient une fanfare de premier ordre, pour le nombre et l’interprétation des œuvres musicales ».

Ainsi donc, une « division » se serait produite en 1889, aboutissant à l’existence de deux fanfares :

  • la Fanfare de Pussay créée en 1881, renommée « Union musicale des bonnetiers de Pussay » en 1882 et dorénavant appelée Fanfare municipale,
  • la Fanfare ouvrière de la manufacture Brinon et Gry, dont on aperçoit la bannière sur cette carte postale.

Bannière et porte-récompenses de la « Fanfare ouvrière de la manufacture A. Brinon ses Fils et Georges Gry »

Il n’est pas impossible que la fanfare de Pussay n’ait été victime des graves divisions qui règnent à l’époque dans le Conseil municipal et la population de Pussay, au sujet de la laïcisation de l’école des filles tenue par les religieuses de la Sainte-Enfance soutenues par Adolphe Brinon.

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Les deux fanfares dans les concours de musique

Dorénavant, les deux fanfares vont se concurrencer dans les concours où elles se présentent ; pas pour bien longtemps à vrai dire, car l’une a des moyens que l’autre ne possède pas. Le Grand Livre de la fanfare municipale est muet entre 1890 et 1894, mais le journal l’Abeille supplée ce manque d’information. Le dimanche 24 mai 1891 a lieu le concours d’Etréchy. « La fanfare de Pussay joue avec ensemble et précision, et les autres auront fort à faire pour lui enlever le premier prix », écrit-il. Son délégué remet d’ailleurs la palme de vermeil, offerte par le journal, au chef de la fanfare de Pussay et l’Abeille se félicite que « cette palme soit attachée désormais à la bannière de la vaillante fanfare de Pussay. Nous connaissons son chef si consciencieux et si méritant, M. Marie, et nous serons heureux, lorsque l’occasion s’en présentera, d’aller écouter et encourager ses musiciens ».

Le tableau des récompenses nous apprend cependant que la fanfare de Pussay n’est pas la seule représentante de Pussay :

  • Concours de lecture à vue, propriété de M. Duclair, 3e division, 2e section – prix unique, médaille d’argent : Fanfare Municipale de Pussay,
  • Concours de lecture à vue, tente du bal, 3e division, 2e section – prix unique, médaille de vermeil : Fanfare des Ateliers Brinon de Pussay,
  • Concours d’exécution, propriété de M. Duclair, 3e division, 2e section – prix unique, palme de vermeil offerte par l’Abeille : Fanfare Municipale de Pussay,
  • Concours d’exécution, tente du bal, 3e division, 2e section – prix unique, palme de vermeil : Fanfare des Ateliers Brinon de Pussay.

Les deux fanfares sont encore classées dans la même catégorie, mais n’ont pas concouru l’une contre l’autre.

Le 5 juillet 1891, la ville d’Artenay organise, à l’occasion du Comice Agricole, un festival concours musical auquel prennent part 22 sociétés. La fanfare des Ateliers Brinon de Pussay, dirigée par Paul Rebiffé et classée en 3e division 1e section, obtient un 2e prix, palme de vermeil, en lecture à vue ; un 1er prix d’exécution, couronne de vermeil ; et un 1er prix, médaille d’argent grand module, offerte par le Ministre de l’Instruction publique, pour le concours d’honneur. Une promotion vient d’ores et déjà de lui être attribuée : elle est passée de la 3e division 2e section, son classement au concours d’Etréchy, à la 3e division 1e section.

Le classement comprend la division d’excellence, la division supérieure, les première, deuxième et troisième divisions. La 3e division comprend trois sections, les autres deux sections.

Arrive le concours de Montargis en juin 1892. « L’union musicale des bonnetiers de Pussay », toujours classée en 3e division, 2e section, remporte un 3e prix d’exécution. La fanfare ouvrière de la manufacture A. Brinon, ses fils et Georges Gry obtient, en 3e division, 1e section, un 1er prix de soli, 1er prix d’exécution ascendant, 2e prix au concours d’honneur. De plus, son chef, Paul Rebiffé, obtient une médaille pour son excellente direction. « 1er prix d’exécution ascendant », cela signifie que nous allons donc la retrouver dorénavant en 2e division et non plus en 3e division.

Au concours de musique de Versailles, le 21 août 1892, la fanfare municipale de Pussay, sous la direction de M. Marie, remporte un 1er prix de lecture à vue et un 2e prix d’exécution, qui ne la font pas pour autant grimper de division. L’annuaire des artistes et de l’enseignement dramatique et musical la cite pour l’année 1893 avec 30 exécutants.

Le 25 juin 1893, la fanfare ouvrière de la manufacture A. Brinon, ses fils et Georges Gry décroche à nouveau un prix ascendant au concours d’Auxerre, qui la classe en 1e division, 2e section. L’effet de cette décision ne pouvant être appliqué au 9 juillet, c’est encore en 2e division, 1e section, qu’elle participe au concours d’Etampes.

L’Abeille relate ainsi le concours d’Etampes : « La fanfare municipale est peu nombreuse et très disciplinée et très bien conduite par son chef, M. Marie. Les nuances du morceau imposé sont très finement observées, les chants agréablement détaillés par le bugle ; en un mot il est impossible de tirer meilleur parti d’un orchestre peu nombreux d’une société libre et nous en faisons tous nos compliments à M. Marie ». Le journal nous renseigne sur la fanfare municipale, société libre, très bien conduite, mais peu nombreuse. Elle ne dit pas un mot sur la fanfare des ouvriers de la manufacture A. Brinon, ses fils et Georges Gry, uniquement citée sur le tableau des récompenses :

Concours de lecture à vue :

  • 2e division, 1e section : 1er prix, palme de vermeil, Ateliers Brinon de Pussay (avec saxophones),
  • 3e division, 2e section : 1er prix, médaille de vermeil, fanfare municipale de Pussay.

Concours d’exécution :

  • 2e division, 1e section : 1er prix, ascendant, palme de vermeil, Ateliers Brinon de Pussay
  • 3e division, 2e section : 1er prix ex aequo, palme de vermeil, fanfare municipale de Pussay.

Concours d’honneur :

  • 1e et 2e divisions toutes sections : 1er prix couronne vermeil, Fanfare des Ateliers Brinon de Pussay
  • 3e division toutes sections : 1er prix couronne vermeil, Fanfare municipale de Pussay.

Le journal ajoute cependant : « Dans la tente Guignon, un bal à grand orchestre, très animé, a été donné, et l’on a dansé fort tard dans la nuit. Messieurs les membres du comité et quelques autorités s’y sont rendus vers minuit et demi. La fanfare Brinon leur a fait la surprise d’une ronde musicale autour du bal, jouant une marche endiablée avec leurs petites lanternes à la casquette, les sociétaires avaient fort bon air et ne paraissaient nullement fatigués ».

Enfin, au concours de Châteauroux, le 15 août 1893, la fanfare municipale de Pussay voit ses efforts couronnés et obtient un 1er prix de lecture à vue, un 1er prix de soli et un 1er prix ascendant d’exécution avec félicitations du jury. Elle se trouve maintenant classée en 3e division, 1e section.

Fanfare ouvrière de la manufacture A. Brinon ses Fils et Georges Gry. A l’extrême droite, Paul Rebiffé, chef de la fanfare

Sa rivale poursuit son ascension en mai 1894, au concours du Hâvre. La musique des Ateliers Brinon « a remporté un joli succès nous rapporte l’Abeille : 1er prix de lecture à vue, palme d’argent, et 1er prix ascendant à l’exécution, palme de vermeil. Cette jeune société arrivée par son travail à l’apogée de son développement, est inscrite aujourd’hui en 1e division, 1e section ». Le même jour, la Fanfare municipale joue pour la fête locale de Chalou-Moulineux.

Le concours d’Orléans les voit toutes deux réunies en juin 1894, mais elles ne sont plus dans la même catégorie. L’Abeille relate : « La fanfare des Ateliers Brinon (1e division toutes sections) a remporté de brillants succès au concours d’Orléans : elle aurait obtenu tous les premiers prix si la vaillante fanfare d’Arpajon ne lui avait enlevé le prix de lecture à vue.

  • Concours de lecture à vue : 2e prix, médaille de vermeil
  • Concours d’exécution : 1er prix, couronne de vermeil
  • Concours de quatuor ou de soli : 1er prix ex aequo, palme de vermeil
  • Concours d’honneur : 1er prix, prime de 300 francs.

La fanfare municipale de Pussay a pris part au concours d’Orléans à son rang, en 3e division, 1e section : elle s’est trouvée en présence de six sociétés concurrentes dont quelques-unes très fortes : la lutte a été chaude : les deux premières sociétés ont monté en 2e division 1e section. La fanfare de Pussay a obtenu un 3e prix d’exécution, médaille de vermeil, grand module. Elle était accompagnée de son président, de son vice-président récemment élu, [M. Leclère avait remplacé Théodore Réméné démissionnaire] et de quelques membres honoraires qui ont été heureux de féliciter les premiers leurs vaillants compatriotes.

Mais la fanfare est encore inscrite pour le concours de Dreux, du 8 juillet ; elle doit donc sans retard reprendre ses répétitions et travailler ferme son morceau imposé. Elle peut encore trouver une sérieuse résistance dans les sociétés rivales : nous lui souhaitons ainsi qu’à son dévoué chef de nouveaux succès ».

Tôt le matin, les musiciens, les président et vice-président et plusieurs membres honoraires sont conduits en omnibus à Auneau où ils prennent à 6 h 20 la correspondance pour Dreux. La semaine suivante, l’Abeille exulte : « C’est une grande victoire qu’a remportée à Dreux la fanfare municipale de Pussay. Avec ses 22 exécutants concourant en 3e division 1e section, elle a obtenu un 1er prix d’exécution (couronne de vermeil) avec félicitations à l’unanimité du jury ; un 1er prix de soli (médaille de vermeil grand module) ; un diplôme décerné au chef de la fanfare, M. Marie, pour son excellente direction. Enfin, un 1er prix d’honneur (couronne de vermeil, 22 cent. et une prime de 100 francs) avec les félicitations du jury.

Qui peut dire la joie et la fierté qu’a causé dans tout le pays la nouvelle d’un pareil succès. A l’arrivée des voitures qui ramenaient les sociétaires, les ouvriers de l’usine Langlois, où travaille M. Marie, lui ont fait une ovation, un bouquet lui a été offert, ainsi que des rafraîchissements chez M. Delafoy ; la fanfare a exécuté un morceau qui a été acclamé ; rarement on avait vu pareil enthousiasme. L’excellent M. Marie était tout ému, lorsque la musique ayant été présenter ses prix au maire et à l’adjoint, ses président et vice-président, un bouquet lui fut présenté avec un compliment fort bien tourné dit par un élève de la fanfare.

Après avoir rendu leur devoir à qui de droit, nos musiciens se rendaient en jouant un pas redoublé, chez leur sous-chef, M. Boulommier, et organisaient sur l’heure un bal. La salle était bientôt comble. Et pendant ce temps, les bouquets pleuvaient de tous côtés en l’honneur des lauréats. Nous joignons nos félicitations à celles que le vaillant chef, M. Marie, ce musicien expérimenté, et ses collaborateurs, ont reçues de tous en cette journée ».

Un mois plus tard, le 11 août, l’Abeille publie un article qui lui a été adressé : « Dimanche dernier, l’église de Pussay inaugurait une châsse nouvelle. C’était une belle cérémonie à laquelle la fanfare des Ateliers Brinon et Gry a prêté son concours. Cette société compte au moins soixante musiciens soigneusement recrutés et bien disciplinés – musicalement parlant. L’effet était superbe sous les voûtes de l’église. Le soir, il y a eu procession ; on espérait les y entendre encore, mais l’espoir a été déçu.

Je sais bien que je dirais une grosse hérésie, en souhaitant que les deux sociétés musicales du pays, qui toutes deux contiennent d’excellents éléments, s’unissent en une même fanfare qui serait tout simplement la fanfare de Pussay. Toutes deux y gagneraient et le pays aussi ; mais cela ne ferait pas sans doute l’affaire de tout le monde. C’est égal, j’émets ce souhait quand même ». On ne peut effectivement que regretter la situation, avec cet auteur anonyme. Comment en est-on arrivé à disposer de deux fanfares : l’une composée de 22 exécutants, classée en 3e division 1e section ; l’autre composée de 60 exécutants, classée en 1e division 1e section. Que n’auraient-elles donné toutes deux réunies ?

L’annuaire des artistes et de l’enseignement dramatique et musical cite trois fanfares à Pussay, pour les années 1895, 1896 et 1897 :

  • La Fanfare municipale dirigée par M. Marie, 22 ou 24 exécutants selon les années, 3e division, 1e section ;
  • La Fanfare musicale des bonnetiers dirigée par M. Marie, 24 exécutants, 3e division, 2e section ;

La Fanfare ouvrière des ateliers Brinon ses fils et Gry, dirigée par M. Rebiffé, 56, 58 ou 60 exécutants, 1e division, 2e section ou division supérieure, 2e section, selon les années.

L’auteur anonyme de l’Abeille nous a renseigné : il n’y a eu que deux fanfares à Pussay. L’annuaire a probablement été trompé par la double appellation de la fanfare municipale, auparavant appelée Union musicale des bonnetiers de Pussay.

Les deux fanfares poursuivent chacune leur chemin qui ne se croisent plus guère. Au concours de Moret-sur-Loing le 19 mai 1895, bien qu’on l’eût placée dans le même groupe que les divisions d’excellence pour la lecture à vue, la Fanfare municipale remporte un 2e prix, palme de vermeil ; et en exécution un 1er prix, couronne de vermeil, plus une médaille de vermeil.

De son côté, la Fanfare des Ateliers Brinon avec ses soixante exécutants reçoit la palme de vermeil, en juin, lors du concours de manœuvres de pompes à incendie et de sauvetage avec manœuvres d’ambulance et de secours aux blessés organisé à Etampes. De même en août, lors de la kermesse de Guinette à Etampes et de la fête annuelle de la société de gymnastique de cette ville, « s’est produite la fanfare Brinon, composée de 54 exécutants et qui possède des musiciens de sérieux talent ; la discipline y règne en maîtresse, aussi les morceaux avec soli et les ensembles sont-ils également bien exécutés. Des solis de baryton, de bugle, de saxophone ont été vivement appréciés par le public et applaudis ».

La Fanfare municipale va désormais pouvoir accrocher ses médailles sur un porte-récompenses qui lui a été offert par souscription et qu’elle promène en musique, le jour de Pâques, dans les rues de la commune ; souscription à laquelle ont participé le Député, le Conseiller général, le Maire président d’honneur, l’Adjoint, les Membres honoraires et de nombreux autres donateurs.

La fanfare municipale vers 1896. Sur la droite, sa bannière ; sur la gauche, son porte-récompenses.

La fanfare municipale en 1896 ou peu après, puisqu’elle n’a eu de porte-récompenses qu’en 1896.

De gauche à droite – 1er rang :  X  ,  X  ,  X  , Arsène Gatineau vers 14 ans ,  X  ,  X  ,  X

2ème rang :  X  ,  X  , Adolphe Brinon ,  X  ,  X  ,  X

3éme rang :  X  ,  X  ,  X  , Jules Coneggo ,  X  ,  X

4éme rang :  X  ,  X  ,  X  , X

5éme rang :  X  ,  X  ,  X  ,  X  ,  X  ,  X  ,  X  ,  X

A l’occasion du concours de Chartres en juillet 1896, les non-dits éclatent dans l’Abeille : « La fanfare d’Etampes [qui figure seule classée en 2e division, 2e section] avait comme concurrente la magnifique fanfare des ateliers Brinon de Pussay. La lutte assurément n’était pas égale, la Société Brinon figurant au concours en 1e division et ayant été classée, après le concours d’exécution, en division supérieure. Composée de soixante-dix musiciens, menée militairement, avec talent, nous le reconnaissons, recrutée dans beaucoup de cas, parmi des musiciens triés sur le volet avant l’admission dans la fabrique, cette fanfare obtient des effets de puissance et de fini auxquels une Société de volontaires amateurs ne peut le plus souvent atteindre.

Nous offrons donc à la Fanfare Brinon les compliments sincères auxquels lui a donné droit la belle exécution de l’ouverture des Francs-Juges. Le jury a attribué à cette compagnie, le 1er prix, couronne de vermeil grand module et 200 fr. en espèces et, il a, à l’unanimité et avec félicitations, attribué à la Fanfare d’Etampes un second prix d’honneur, couronne de vermeil, qu’elle avait bien mérité ».

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Création de l’Union chorale et Fanfare municipale

M. Marie qui dirige depuis quinze ans la Fanfare municipale, démissionne le 30 septembre, en raison de son âge, 67 ans, tout en restant membre honoraire de la Société. A l’unanimité des musiciens, Aristide Boulommier est élu directeur, son frère Albert, sous-directeur et Pierre Corpechot, moniteur. Aristide perçoit un traitement annuel de 170 francs, dont 20 francs pour le collage des morceaux de musique. Albert Boulommier et Pierre Corpéchot perçoivent chacun annuellement 50 francs.

Pince et cartons de musique. Lorsqu’ils défilaient dans les rues, les musiciens accrochaient leur partition, collée sur un carton rigide, à leur instrument, afin de pouvoir la lire tout en marchant.

César Alexandre Marie avait créé la fanfare, elle avait fière allure et était bien partie pour remporter des succès jusqu’à cette séparation qui lui avait pris beaucoup de ses bons éléments. Les obstacles n’avaient pas manqué sur sa route et il avait tenu bon. Au concours de Dreux, encore, il remportait des médailles. Aujourd’hui, il passait la main à un jeune musicien de 30 ans.

Le père et les frères Boulommmier, Aristide et Albert, sont bien connus des Pussayens et de tous les environs : ils sont entrepreneurs de bals et Aristide est professeur de musique. Nous ferons plus ample connaissance avec eux au chapitre des bals. Pour l’heure, la fanfare municipale donne le dimanche 18 octobre, à l’occasion de la nomination de ses nouveaux directeur, sous-directeur et moniteur, un concert de 3 à 4 heures du soir, sur la place du jeu de paume, dont voici le programme :

Allons-y-gaiement, all. militaire de R. Bayot ; Stéphanie, menuet de R. Bayot ; Marguerite, polka à coups de langue pour deux pistons avec grande introduction de A. Boulommier ; Nicolas II, marche militaire de F. Massenet ; Le retour des bains, grande valse pour trombone de X.  Aristide était professeur de musique, mais également compositeur et ses pièces étaient éditées dans « L’Harmonie des Musiciens ». Marguerite n’y figure pas, mais il s’y trouve une autre polka à coups de langue : « Souvenir d’une soirée en Beauce ».

Dès janvier 1997, Aristide fait ajouter trois articles au règlement :

« La présence de tout sociétaire est obligatoire à toutes les sorties, concerts et concours. Celui qui en manquera sans motif grave ou sans autorisation sera appelé devant le Conseil et sera passible d’une amende de 3 francs pour la première absence et de 6 francs pour la seconde et pourra être exclu de la Société pour la troisième absence après avoir été entendu devant le Conseil ».

« Dans le cas où un sociétaire se retirera de la Société de son chef, il devra d’abord s’il y a lieu, rembourser les cotisations qu’il pourrait devoir plus 10 francs qu’il devra verser à la caisse pour son éducation musicale ».

« Le Sociétaire qui ayant eu des amendes, ne les aurait pas versés dans le courant du mois des absences, sera appelé devant le Conseil et sera de plein droit exclu de la Société après avoir été entendu »

La Société éprouve donc bien quelques difficultés à conserver son effectif. Le 1er décembre 1897, l’assemblée décidera aussi que tout élève entrant dans la Société sera tenu de verser 10 francs pour les cours de solfège et sa cotisation de 1,50 franc par mois, du jour où il entrera en possession de son instrument.

La preuve nous en est donnée lors de son premier concours au Bourget avec son nouveau chef en juillet 1897, elle n’est tout simplement pas classée et elle ne comprend que 19 musiciens. Elle obtient cependant le 1er prix de lecture à vue, palme de vermeil grand module, le 1er prix d’exécution, couronne de vermeil grand module et la médaille de présence en vermeil. Ces résultats lui valent d’être classée pour concourir à l’avenir en 3e division, 3e section. L’Abeille poursuit : « Un pareil succès est la juste récompense du dévouement avec lequel la nouvelle direction de la Société s’est appliquée à mener à bien l’œuvre qu’elle a entreprise et aussi des louables efforts faits par nos musiciens pour se présenter dignement devant le jury d’examen.

Le sympathique directeur de la Fanfare, M. Boulommier, s’est créé un succès personnel, comme étant le plus jeune des directeurs de toutes les Sociétés participant au concours ; un superbe bouquet lui a été offert spontanément par un groupe d’exécutants et d’habitants du Bourget.

Mais c’est à Pussay que devait avoir lieu le vrai triomphe de notre jeune Société ; M. Leclère, président de la fanfare, informé des excellents résultats du concours, avait organisé une charmante réception. En arrivant lundi soir à 5 h à Pussay, la Fanfare traversait allègrement les rues de la ville et se rendait chez son président où un vin d’honneur lui était servi. Un groupe de jeunes gens et de jeunes filles est venu offrir une gerbe de fleurs au directeur et lui apporter les félicitations de tous les habitants de Pussay.

La réception s’est continuée chez M. Thomin, maire, M. Hutteau, adjoint, et M. Perchereau, vice-président de la Société. Le directeur avait tenu également à remercier ses dévoués collaborateurs et c’est chez lui au milieu du gai choc des verres que s’est terminée cette agréable soirée ».

La bannière de l’Union musicale des bonnetiers de Pussay, bannière de la Fanfare municipale, porte sur son envers la date de 1897. Cette année-là voit effectivement la création de l’Union chorale et Fanfare municipale et c’est sous ce nom qu’elle participe, le 19 juin 1898, au concours de Fontainebleau, où elle récolte :

  • Fanfare : 2e prix de lecture à vue, médaille en argent artistique,
  • Fanfare : 2e prix d’exécution, médaille en argent grand module,
  • Chorale : 2e prix de lecture à vue, médaille en argent grand module
  • Chorale : 2e prix d’exécution, médaille en argent artistique, grand module,
  • Médaille de vermeil pour le défilé.

« Ces résultats sont la récompense des efforts faits par cette Société et son directeur, M. Boulommier, pour arriver à tenir un bon rang dans la lutte musicale qui était engagée au concours de Fontainebleau, principalement pour la Chorale, et l’on peut dire que c’est grâce à l’assiduité aux répétitions et au travail constant du maître et des élèves que ces excellents résultats sont dus.

En outre, il était matériellement impossible à la société de se rendre aux appels des diverses épreuves qui lui étaient imposées, ce qui a eu pour effet de faire classer deuxième au lieu de première la société en lecture à vue, quoique les membres du jury aient reconnu qu’elle méritait le premier prix.

La fanfare est rentrée lundi soir du concours, à 7 h, à Pussay, où elle est allée donner un concert à son président, M. Leclerc, à M. Thomin, maire, M. Hutteau, adjoint, et M. Perchereau, vice-président de la société ».

Elle prend ensuite part au concours de Beaumont-le-Roger, le 16 juillet 1899. Le secrétaire général du comité d’organisation du concours lui adresse, quelque temps après, une médaille en or petit module qui s’ajoute aux récompenses obtenues à ce concours par la Société. Le comité d’organisation a voulu reconnaître ainsi la part que l’Union chorale et Fanfare municipale a prise au concours. L’Abeille, qui révèle ce fait, ajoute qu’elle a trouvé dans le journal l’Instrumental du 16 septembre et du 1er octobre 1899, les appréciations des membres du jury du concours de Beaumont sur l’Union chorale et Fanfare municipale de Pussay :

Fanfare de Pussay

Lecture à vue : Pussay, 27 exécutants. Sauf quelques erreurs de tonalité au commencement, cette société a fourni une très bonne lecture. Le chant lit correctement. L’accentuation est observée. Les contre-chants des barytons ressortent clairement. Au trio, il y a eu un peu d’hésitation dans les traits de doubles croches, mais la reprise du motif a été très correcte. Très bonne épreuve.

Exécution : « la Fée Mélusine », fantaisie imposée. Le début a été parfaitement compris. C’est la seule société qui ait observé exactement le rythme de ce passage. Le solo de baryton qui est un peu timide est bien accompagné. Le duo de piston et bugle est très correct de style, la valse ne manque pas d’élégance, les effets y sont habilement ménagés. La finale, très enlevée, très sonore, a produit une excellente impression.

Cette société paraît dirigée par un musicien de bonne école qui comprend et sait faire sentir la musique. Très bonne exécution.

Union chorale de Pussay

Lecture à vue (24 exécutants). Mouvement exact, nuance parfaite, justesse bonne, mais les parties élevées sont un peu trop faibles. Interprétation excellente.

Exécution. Mouvement incertain, justesse quelquefois douteuse, nuances bien observées, impression générale bonne.

Honneur. Cette société est en progrès, les intentions musicales, le style et l’expression en sont le souci constant. Attaques et nuances bien observées ; s’est maintenue convenablement. Les basses parfois couvrent un peu les ténors.

Morceau manuscrit de musique d’Aristide Boulommier : Pas de quatre beauceron.

Voilà qui nous donne un bon aperçu des capacités de la fanfare et de son chef « musicien de bonne école qui comprend et sait faire sentir la musique », par un journal spécialisé dans ce domaine. Le nombre des exécutants augmente, tout comme celui des membres honoraires. Tombé à 47 pour l’année 1894-1895, il va régulièrement remonter pour atteindre un maximum de 93 pour l’année 1900-1901.

César Alexandre Marie aura à peine le temps de voir ces belles perspectives : il décède le 22 septembre à 70 ans. Sur sa tombe, Prudent Thibault prononce ces paroles : « …Au nom de la société fraternelle « La Fanfare municipale de Pussay », dont vous fûtes le fondateur, le directeur, enfin le premier pionnier, je vous félicite d’avoir si bien su conduire votre œuvre, en montrant l’exemple du désintéressement, de l’abnégation et en donnant la preuve de votre parfait dévouement… ». L’Abeille quant à elle loue « son dévouement à sa société musicale, son énergie à la soutenir et sa modestie ». M. Leclère, président de la fanfare, le suit de près, le 8 octobre à 75 ans. L’assemblée générale de la fanfare élit donc un nouveau président : Léon Huchet, rentier à Pussay, auquel l’Union chorale et Fanfare municipale donne une aubade, le dimanche 19 novembre, de 2 à 3 heures de l’après-midi, tandis que Aristide Boulommier, son directeur, lui offre les insignes de la Société. M. Huchet félicite les musiciens pour leur excellente exécution et leur offre des rafraîchissements, avec ses vœux chaleureux pour la prospérité de la Société et ses futurs succès. Puis, la fanfare, accompagnée de son président, fait le tour de ville traditionnel en musique.

Au concours de Versailles le 17 juin 1900, l’Union chorale et Fanfare municipale de Pussay remporte « un véritable succès, malgré le nombre de sociétés concurrentes » : en fanfare, 1er prix de lecture à vue, palme de vermeil grand module et 1er prix ex aequo d’exécution, palme de vermeil grand module ; en chorale, 2e prix d’exécution, palme de vermeil grand module.

Le 19 août, elle donne un concert sur la place du jeu de paume : allégro militaire, grande fantaisie avec solo de piston et baryton, fantaisie originale, mazurka avec solo de bugle, grande valse pour trombone, baryton et piston, à l’issue duquel elle exécute des pas redoublés en parcourant les principales rues de la ville. Si l’on en croit un membre honoraire de la fanfare qui envoie au journal l’Abeille un article la semaine suivante, le concert a été une réussite « d’autant plus méritoire que, à la veille presque, des défections se sont produites parmi les solistes de la société, dans le but peut-être, d’empêcher le concert d’avoir lieu. … Depuis 1881, la société a toujours su, grâce aux efforts de son directeur et à la bonne volonté de tous, faire belle figure dans les luttes musicales où elle a remporté toute une moisson de récompenses, elle a résisté à toutes les tentatives de désagrégation, elle résistera encore à la dernière manœuvre dirigée contre elle… ».

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Dissensions et léthargie

Léon Huchet qui avait été élu président de la fanfare le 24 octobre 1899, démissionne le 2 juin 1900. Alphée Perchereau est élu président et Désiré Fanon le remplace au poste de ce fait vacant de vice-président. Le nouveau président démissionne à son tour le 28 novembre 1901, l’assemblée le remplace par Désiré Fanon et élit Wilfried Foiret au poste de vice-président. Ce denier sera élu président le 26 mai 1907, Albert Girault étant élu vice-président. Cette valse des présidents précède de peu celle des directeurs et la fanfare municipale va dès lors connaître une dizaine d’années difficiles.

La première cause de difficulté se produit fin 1901 avec le départ des jeunes musiciens au service militaire. La fanfare se trouve ainsi amputée de plusieurs de ses éléments. La seconde cause va la mettre en sérieuse difficulté : le 25 novembre 1902, ses directeur, sous-directeur et secrétaire démissionnent. « Nous sommes démissionnaires pour la seule cause que le Président [le nouveau président, Désiré Fanon] exigeait de nous que nous fassions des répétitions pendant les mois d’août, septembre et octobre, mois pendant lesquels nous sommes absents du pays pour notre travail. Nous comprenons bien sacrifier l’intérêt personnel comme cela devrait toujours se faire pour une société d’agrément (au reste c’est ce que nous avons fait), mais lui sacrifier le travail, non ». Aristide et Albert Boulommier, et leur père avant eux, sont entrepreneurs de bals et l’été ils montent leur tente dans tous les pays alentour, partout où il y a des fêtes. Leur réputation est très grande et ils sont très demandés comme nous le verrons au chapitre des bals. Il était donc évident qu’en leur présentant une telle demande, ils ne pourraient l’accepter. Pourquoi donc la présenter ? C’est la question que nous pouvons nous poser.

Certains membres du conseil d’administration les accusent de « manger la caisse ». Albert Boulommier réplique qu’ils n’ont « jamais été détenteurs des livres de la Société ; donc, si M. Le Président remplissait ses fonctions comme il doit le faire, cela ne se serait pas produit, car le Président a pour mission de vérifier les comptes et additions après le secrétaire, ensuite les faire approuver par le conseil d’administration ». Ils ont d’ailleurs laissé des comptes corrects et l’inventaire de tout ce qui appartenait à la Société a été fait.

Il leur est aussi reproché « puisque leur travail les empêchait de faire des répétitions pendant les mois d’août, septembre et octobre, ils auraient dû au moins avoir la délicatesse de ne pas toucher les appointements d’un travail qu’ils n’avaient pas fait pendant ces trois mois. Nous voyons donc par cet exemple qu’ils étaient loin de sacrifier leurs intérêts personnels comme ils ont bien voulu le faire croire ». Ce à quoi, Albert rétorque « Quant aux appointements que l’on nous reproche, pendant six ans que nous avons rempli les fonctions, il n’y a jamais eu de suspension de paiement, du fait qu’il y avait un moniteur nommé par les sociétaires et payé par moi, pour faire les répétitions en notre absence (celle du chef et la mienne) et, c’est à ces conditions que nous avions accepté la place qui nous avait été offerte ; de plus, le traitement est annuel. Ils parlent de « délicatesse », j’aurai celle de laisser à la société les deux mois de traitement qui ne me sont pas réglés du dernier trimestre 1902 ».

C’est un beau gâchis, car nous verrons au chapitre sur les concerts que la Société était tenue d’honorer, que les Boulommier offraient à la population des soirées théâtrales et musicales de belle qualité, qu’elle n’est pas prête de retrouver. Mais la vie continue et la fanfare et son nouveau directeur, M. Lenfant, partent, le 31 mai 1903, au concours de Châteaudun en division de classement : tout est à refaire. Elle remporte un 1er prix, palme de vermeil, en lecture à vue, et un 1er prix, palme de vermeil, en exécution. Elle sera classée désormais en 3e division, 2e section.

Pendant toutes ces années, nous n’avons pas parlé de la fanfare des Ateliers Brinon et pour cause : aucun document d’archives n’a été conservé et l’Abeille n’en parle pas, sauf pour signaler une « promenade » à Méréville le dimanche 22 août 1897 où sera célébrée une grand-messe en musique, suivie d’un déjeuner chez M. Loiseau et d’un concert public sur la place. Il est possible que cette fanfare se présente à des concours moins locaux que le journal ne couvre pas.

Pourtant, le 11 septembre 1904, lors de la « fête des eaux » à Angerville, à savoir l’inauguration du château d’eau, un concours de musique est organisée entre quatre sociétés : celle d’Angerville, l’Amicale d’Etampes dirigée par M. Fousse, la fanfare de Méréville dirigée par M. Doulet et la fanfare des Ateliers Brinon de Pussay, « phalange de musiciens accomplis, dirigés depuis de longues années déjà, par un chef habile et précis dans sa direction, M. Rebiffé ». Les morceaux de concours exécutés ont été : pour l’Amicale, une fantaisie sur Faust de Gounod ; pour la fanfare de Méréville, Les Mousquetaires au couvent et pour la fanfare Brinon, une grande ouverture de concert bien faite pour mettre en valeur les qualités de sonorité harmonieuse et sobre, de pondération de l’orchestre, Lugdunum d’Allier. « Outre d’excellents solistes, cette compagnie possède une famille complète de saxophones qui fait merveille ». Après le concours, les diverses Sociétés ont fait entendre, sur la place de la Mairie, sur la place Tessier, route de Dourdan et route d’Etampes, des concerts qui ont été fort goûtés et fort applaudis par un public nombreux.

A l’arrivée du train à 2 heures et demie, les Sociétés de musique et les sapeurs-pompiers d’Angerville ont accueilli les officiels et les ont emmenés en cortège vers l’usine hydraulique installée sur la route de Ouestreville.

A 5 heures, avait lieu sous la tente Boulommier artistement parée et pavoisée, la distribution des récompenses du concours de musique ; les autorités venaient prendre place sur une estrade installée à l’une des extrémités de la salle de bal et bientôt, il n’était plus possible de trouver la moindre place.

Après l’exécution d’un morceau par la fanfare Brinon, M. Amodru, député, a pris la parole ; il a commencé son discours en déclarant que la fête qui se célébrait aujourd’hui à Angerville n’était pas une réjouissance banale ; elle avait une signification spéciale ; qu’elle était par excellence la fête du progrès. A la fin de son discours, M. Mulard, directeur de la fanfare d’Angerville, a donné lecture du palmarès des récompenses accordées :

  • 3e division, 3e section – prix unique : palme et médaille d’argent offerte par la Chambre de Commerce de Corbeil-Etampes : fanfare de Méréville, directeur : M. Doulet ;
  • 2e division, 2e section – 1er prix, palme et médaille de vermeil offertes par M. Girault fils : l’Amicale d’Etampes, directeur : M. Fousse ;
  • Division supérieure, 2e section – palme offerte par M. Amodru, député, et médaille de vermeil offerte par M. Dufour, conseiller général. 1er prix à l’unanimité avec félicitations du jury : fanfare des Ateliers Brinon de Pussay, directeur : M. Rebiffé.

A titre de souvenir, une palme et une médaille d’argent sont décernées à la fanfare d’Angerville pour sa bonne exécution. Après cette remise, la fanfare des Ateliers Brinon a exécuté La Marseillaise.

Le soir, la jeunesse s’était donnée rendez-vous sous la tente Boulommier où un orchestre brillant les a tenu jusqu’au matin.

L’annuaire des artistes et de l’enseignement dramatique et musical cite les deux fanfares de 1903 à 1910. Pendant toute cette période, la Fanfare ouvrière des ateliers Brinon ses fils et Georges Gry, dirigée par Paul Rebiffé, est classée en division supérieure, 2e section et compte 65 exécutants. Elle participe donc à des concours et donne également des concerts, sinon elle ne se maintiendrait pas à ce rang-là. La question est de savoir où ? Et quelles sont ses récompenses ?

Toujours selon l’annuaire, la Fanfare municipale est présidée en 1903 par Alphée Perchereau, dirigée par Aristide Boulommier, classée en 3e division, 3e section et compte 22 exécutants. Nous avons vu que depuis fin 1901, elle est déjà présidée par Désiré Fanon, dirigée par M. Lenfant et gagne ses galons de 2e section au concours de Châteaudun. En 1905, l’annuaire note qu’elle est présidée par Désiré Fanon et ne compte plus que 10 exécutants. Il ne mentionne pas son directeur, mais l’année suivante, il précise qu’il s’agit de M. Lenfant. Elle compte alors 23 exécutants et a été promue en 3e division, 2e section. Pour l’annuaire, il n’y aura plus de changement jusqu’en 1910.

Or, le 4 septembre 1904, M. Lenfant, chef de la fanfare, quittant la commune, démissionne. Auguste Pillet le remplace temporairement jusqu’à l’élection, le 15 décembre 1904, de M. Fouassier, payé 25 francs par trimestre. Sous sa direction, la fanfare se présente aux concours de Palaiseau en 1905, d’Essonnes et de Méréville en 1906, la médaille reçue à cette occasion a été retrouvée sur le porte-récompenses qui était promené dans les rues après les concours, de Tours en 1907, de Méréville en 1909. A ce dernier, elle obtient un 1er prix d’exécution, couronne de vermeil et M. Fouassier, qui la dirige, reçoit un prix de direction.

Cependant, pendant toutes ces années, il ne semble pas que la Fanfare municipale vive dans l’euphorie des années précédentes. Certes, un livre de compte n’est pas prodigue en émotions et l’Abeille ne semble plus s’intéresser aux concours comme auparavant, ou tout au moins, elle n’en publie plus les résultats. Mais, l’assemblée générale du 25 avril 1906 est, par exemple, obligée de décider que « tout musicien qui ne sera pas apte à remplir sa partie ne pourra pas prendre part au concours, vu qu’il ne pourrait rendre aucun service à la Société ». Nous retrouvons là l’importance de la formation, de la discipline et de la conduite d’une fanfare si souvent évoquée par l’Abeille lorsqu’elle parle de la fanfare des Ateliers Brinon et qui semble faire défaut à la Fanfare municipale.

Par contrecoup, probablement, le nombre des membres honoraires diminue fortement : il passe de 82 pour l’année 1903-1904, chiffres atteints et même dépassés pendant la direction des frères Boulommier, à 65 pour l’année 1904-1905, chiffres constants jusqu’à l’année 1912-1913 où M. Fouassier démissionne et où l’assemblée générale élit M. Mornas avec un traitement annuel de 100 francs, payable par trimestre.

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Le renouveau de la fanfare

Le 30 mars 1912, l’Abeille publie ces lignes qui le confirme : on nous écrit : « la fanfare municipale qui était en léthargie depuis une dizaine d’années, s’est éveillée dimanche dernier, et son premier chant nous a été un charmant concert qui a fait grand plaisir à la population de Pussay. Que son chef, M. Mornas, en soit remercié, ainsi que tous ses musiciens. Nous souhaitons vivement que ce régal nous soit donné le plus souvent possible ». Signé : un membre honoraire. Cette année-là, elle est présente pour fêter la médaille commémorative des Anciens Combattants, le jour de la sainte-Barbe. Comme par enchantement, le nombre de membres honoraires repart à la hausse et atteint le chiffre de 72 pour l’année 1913-1914.

En 1913, elle se rend aux concours de Sèvres et de La-Garenne-Colombes, dont le journal l’Abeille ne parle pas, mais également au concours de Saclas, le dimanche 1er juin 1913, auquel neuf compagnies prennent part. l’Abeille rapporte qu’au concours d’honneur, « la fanfare de Pussay a de la vigueur et de la justesse ; ses instruments de chant sont clairs et phrasent bien ; il lui faudra soigner encore la partie d’accompagnement. Les Noces d’Argent, petite symphonie de fête villageoise, d’allure vieillotte, lui a valu un prix et des applaudissements ». Elle reçoit un 2e prix de lecture à vue, un 1er prix d’exécution, un prix d’honneur de 50 francs.

L’année 1914 a peut-être vu la participation de la fanfare au concours de Blois. En effet, le Grand Livre mentionne à la date du 11 avril « payé à M. Baron pour admission au concours de Blois la somme de 10,10 F », mais il s’arrête à la date du 21 juillet et aucune dépense occasionnée par le déplacement n’est signalée. La mobilisation générale, pour la première guerre mondiale, eut lieu en France le 1er août 1914.

Le Grand Livre ne reprend ensuite qu’en 1919. Marcel Pointeau se souvient en 1994 : la guerre a donné un coup d’arrêt aux deux fanfares. C’est à la fin de 1919 qu’il est décidé de remonter la fanfare, mais cette fois il n’y en a plus qu’une. Il n’y a plus beaucoup de musiciens après la guerre, une quinzaine à peu près, dont trois basses : Conéggo, Leclère, Bouysset ; une caisse claire : Badier qui joua dans les deux fanfares ; un trombone ; un piston : Pillet ; un bugle : Corpéchot ; et d’autres encore dont le temps a effacé les noms de sa mémoire.

M. Mornas prend les cours en main après la rentrée scolaire de 1919. Cette année-là, il ouvre le cours de solfège avec une cinquantaine d’élèves. Ils sont nombreux car la musique et les bals sont à l’époque le seul loisir des jeunes. Ils n’ont pas de voiture et circulent à pied, ce qui limite les déplacements. Quant aux activités sportives, elles sont loin d’être développées comme actuellement et n’existent pratiquement pas.

C’est alors que Marcel Pointeau s’inscrit au cours et aide au redémarrage de la fanfare, poussé par son grand-père, Désiré Ramollet, membre fondateur de 1881. D’ailleurs, son arrière grand-père n’était autre que César Alexandre Marie, le premier chef de la fanfare. Marcel Pointeau a alors 17 ans et en un an il apprend, avec les autres, le solfège et l’étude d’un instrument : le baryton. Et tous sont prêts à jouer pour la fête de Pussay en 1920. La retraite aux flambeaux a lieu le samedi soir 1er mai et le lendemain, un concert est donné l’après-midi sur la place. La deuxième année, le cours compte environ 40 élèves. L’année suivante, M. Mornas ne donne plus de cours, la fanfare étant constituée. Il y a deux répétitions par semaine : une répétition de détail, instrument par instrument, et une répétition d’ensemble.

Morceau de musique de G. Mornas : Joyeux souvenir, dédié à MM. Foiret et Lambert, présidents de la fanfare de Pussay.

Le premier concours d’après guerre a lieu en 1921 à Bagnolet ; puis viennent en 1922, concours de Saint-Satur, près de Gien ; 1924, concours de Blois ; 1925, concours de Jargeau …. Et cette liste n’est sans doute pas complète, mais le Grand Livre s’arrête en 1927, année à laquelle Marcel Pointeau, alors secrétaire de la fanfare, quitte la commune. Il fera ensuite partie de la fanfare de la R.A.T.P.

La liste n’est effectivement pas complète car l’Abeille mentionne encore le concours de musique national et international de Vendôme, le 15 août 1926, où la fanfare obtient un 1er prix d’exécution, un 1er prix d’honneur, un 1er 2e prix de lecture à vue [sic]. En l’honneur de ses succès, la fanfare donne un concert le dimanche 22 août, à 16 heures, place du carouge.

Léon Aimont succède à M. Mornas à la direction de la fanfare et donne un concert le jour de Pâques 1928, en matinée, dont voici le programme : Terre natale, de F. Sali ; La Malmaison, ouverture de F. Sali ; Le Grand Mogol, fantaisie de H. J. Parès ; Rose Mousse, valse lente de A. Bosc ; Après l’Ondée, mazurka, soliste : M. R. Péan, de F. Ramay ; Marche de Rakoczy, de F. Andrieux ; concert terminé par La Marseillaise. L’Abeille écrit à cette occasion : « M. Aimont, le nouveau et distingué chef de la Fanfare, qui a bien voulu prendre cette direction très aimablement et d’une façon toute désintéressée a su, par sa fermeté, son énergie et un goût musical des plus délicats, donner à la Fanfare municipale de Pussay un essor, que nous n’avions jamais connu jusqu’ici. C’est une révélation.

C’est pourquoi tous nos amis sont invités à venir goûter un plaisir musical et constater les progrès inouïs de cette Société : une pureté de sons, une richesse de nuances, une mesure rigoureuse, un ensemble parfait, tout concourt à l’exécution impeccable et artistique des morceaux d’un goût sûr que M. Aimont nous fera entendre.

« Pour compléter ce programme, un grand bal sera donné à la salle Maës où les airs les plus en vogue feront la joie des danseurs. Les recettes qui seront probablement très satisfaisantes permettront à la Fanfare municipale de doter d’instruments une grande partie de ses 35 élèves musiciens ».

Alors que le bal bat son plein, vers 11 heures, Gustave Brinon, maire de Pussay, rentrant de sa tournée électorale pour les législatives, apporte son salut amical à la Fanfare et à ses concitoyens. « Une formidable acclamation s’éleva à son entrée, puis l’orchestre se mit à jouer l’air populaire « As-tu vu la Guinette, la Folie, » accompagné par tous les chanteurs et toutes les chanteuses présents.

Très ému, M. Gustave Brinon remercia ; puis apercevant dans la salle Mme Victorine Barroy, née Jaffeux, il s’en approcha et lui donna l’accolade. Mme Victorine Barroy atteignait, ce jour de Pâques, ses 80 ans ; or durant 30 années, elle avait été ouvrière dévouée à l’usine Brinon, puis elle avait continué avec les fils. Et ce fut un moment vraiment émouvant que celui où l’on vit patron et ouvrière échanger publiquement ce témoignage d’estime et de sympathie. Inutile d’ajouter que la petite fête familiale s’acheva dans le choc des verres, et que M. Gustave Brinon fut salué, à son départ, par des acclamations plus chaleureuses encore que celles de l’arrivée. Signé Un Ouvrier ».

Le samedi 27 juillet 1929, dans l’après-midi, les musiciens de la fanfare quittent Pussay pour se rendre au concours de musique de La-Ferté-sous-Jouarre en Seine-et-Marne, où ils vont se mesurer avec deux sociétés bien supérieures en nombre. Pour les encourager, Paul Brinon, président de la fanfare ; Gustave Brinon, maire ; Peltier, deuxième adjoint ; Paul Rebiffé, conseiller municipal et ancien chef de fanfare Brinon ; Barroy ; Prévost, se joignent à eux, dès la première heure dimanche matin. Sous la direction de leur chef, M. Aimont, les succès couronnent leurs efforts et la fanfare recueille le 1er prix de lecture à vue, 1er prix d’exécution, 1er prix d’honneur, diplôme de direction décerné à M. Aimont, directeur de la Société. Gais et contents, les musiciens rentrent triomphants à Pussay, lundi soir, défilant allègrement dans toute la grande rue, jouant sans arrêt un pas redoublé entraînant, acclamés par la population toute entière, qui se joignait au défilé.

Fanfare municipale de Pussay, vers 1930 (après 1928 puisque le chef de musique est Léon Aimont)

De gauche à droite – 1er rang assis : Yvon Judeau, Moïse Ballot ;

2ème rang : Jacques Péan, André Seurot, Gaby Aubard, Paris, Raymond Béchu, Paul Plançon, Louis Bourdeau, Georges Bourdeau, René Fessard ;

3ème rang : Eugène Vandewiel,   X  ,   X  , Barroy, Paul Rebiffé, Ephraïm Peschard, Léon Aimont, Badier, Paul Beauvallet, Lécuyer ;

4ème rang : Marcel Lamazure, Gaston Renard, Pointeau, Gaston Aubard, Maurice Lamazure, Julien Mille, Dassigny, Roger Rebiffé, Georges Gontard ;

5ème rang : Christeaut, Fernand Rebiffé, René Leclère.

Le dimanche 10 août 1930, la fanfare de Pussay donne un concert dans la cour de l’école des filles à son profit. La fête se continue le soir par un bal de nuit très animé, dans la salle des répétitions. Etait-ce une répétition générale avant le concours de Saint-Amand-Montrond, dans le Cher qui a lieu cinq jours plus tard ? Les musiciens quittent Pussay la veille vers midi, pour être prêts à concourir le lendemain 15 août. Le président, Paul Brinon, le maire, Gustave Brinon, un certain nombre de conseillers municipaux et de membres honoraires les accompagnent. La fanfare est appelée à concourir dès 8 h 30 du matin devant le jury et son président, le capitaine Collet, chef de musique du régiment d’infanterie en garnison à Bourges.

L’Abeille apprécie : « Le morceau de lecture à vue, le morceau imposé (Préambule et Cortège de Barrat), le morceau de choix (Marche triomphale de Vanremoortel) furent exécutés sous l’habile direction de M. Aimont avec un brio remarquable, que soulignèrent, par leurs applaudissements, les sociétés appelées à concourir dans le même local. Jouer la Marche triomphale de Vanremoortel, c’était beaucoup oser pour une fanfare telle que la fanfare de Pussay, classée en 3e division, 1e section ».

Les 30 sociétés présentes au concours défilent dans l’après-midi et exécutent le morceau d’ensemble avant la lecture du palmarès. Le jury décerne à la fanfare de Pussay un 1er prix de lecture à vue, 1er prix d’exécution, prix ascendant qui la classe désormais en 2e division, 2e section, un prix en espèces de 200 francs et il décerne à son chef, M. Aimont, un prix de direction. A leur retour, les musiciens déposent les fleurs qui leur avaient été offertes à Saint-Amand, sur le socle du monument aux Morts pour la Patrie. Puis ils défilent triomphalement dans la rue principale de la ville et un bouquet est offert à M. Aimont.

Fanfare municipale de Pussay vers 1930

de gauche à droite – 1er rang : Paul Berger, Roland Corpéchot, Sosthène Poussineau, Albert Masse, Paul Rebiffé, Léon Aimont, Paul Brinon, Ephraïm Peschard, Badier, Roger Péan, Jacques Péan, René Foiry, Raymond Béchu (tambour)

2e rang : Octave Corpéchot, Louis Bourdeau, Georges Gontard, Gaston Aubard, Georges Bourdeau, X, Christeaut, X, Gustave Brinon, Peltier, Roger Rebuffé, Gaston Renard, Eugène Vandeviel, Marcel Lamazure, Joseph Mornas, Barroy, Honoré Badier, Lecuyer

3e rang : Fernand Rebiffé, Maurice Lamazure, Paul Plançon, René Fessard, Brancharel, Jacques Brossin, Gaston Rebiffé, X, Paul Beauvallet, X, Roland Maraby, Julien Mille

L’année suivante, la fanfare se distingue à nouveau au concours d’Honfleur, dont nous n’avons pas d’écho, sinon qu’elle interprète, lors du festival de Méréville, le 12 juin, la Grande Marche triomphale de Vanremoortel, couronnée au concours de Saint-Amand en 1930 et Royal Chasseur, fantaisie descriptive et imposé au concours d’Honfleur 1931, œuvre de M. H. Fernand qui intéresse les chasseurs et les trompes de chasse.

Elle offre à ses membres honoraires, le 25 décembre 1932, un grand bal de nuit à grand orchestre, où elle compte faire entendre un répertoire de choix, « la réputation de ses musiciens n’étant plus à faire », avant de repartir à Sully-sur-Loire le 12 août 1933, accompagnée de son président et maire, Gustave Brinon, et de MM. Peltier, adjoint, Rebiffé et Barry, conseillers municipaux. La ville de Sully-sur-Loire avait organisé, à l’occasion du concours du comice agricole, un festival concours de musique comprenant quatre groupes et 17 sociétés.

Dans le premier groupe, la Société de Pussay concourt contre les « Echos de la Bezonde » et la fanfare libre de Vernon. Elle obtient le premier prix de lecture à vue, par 14 points sur 15, et le premier prix d’exécution, par 13 points et demi sur 15. Léon Aimont obtient une mention de direction avec félicitations du jury.

Enfin, un concours festival fédéral a lieu à Saint-Just-en-Chaussée dans l’Oise en 1935, ainsi que l’atteste le diplôme de 1er prix de lecture à vue décerné à la fanfare municipale de Pussay, dirigée par Léon Aimont. Et d’autres peut-être, dont nous n’avons pas connaissance.

Diplôme de 1er prix de lecture à vue décernée à la Fanfare municipale de Pussay en juillet 1935

La fanfare disparaît avec la seconde guerre mondiale et n’est pas remontée ensuite, malgré une tentative éphémère pour faire démarrer « Le Bigophone ».

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L’ANIMATION DES FÊTES

En dehors des concours auxquels elles participent régulièrement, les fanfares animent les nombreuses fêtes de l’époque, à commencer, bien sûr, par la fête nationale et la fête patronale, mais pas seulement. Elles sont présentes à la fête de leur sainte patronne : Cécile, lors de la distribution des prix aux élèves de l’école publique et lors de diverses inaugurations ou autres manifestations. Elles organisent également des concerts sur les places publiques du village. Pendant longtemps, les seules réjouissances à la disposition des villageois furent celles organisées pour les fêtes locales, généralement suivies d’un bal.

Ces traditions changent après la guerre de 1914-1918, lorsque des activités et des sociétés nouvelles se créent et se développent. Dès lors, tout en continuant à former des musiciens, concourir et donner des concerts, les fanfares vont accompagner ces diverses sociétés. Dans les années 1930, elle participe à de nouvelles fêtes, telle la fête de Jeanne d’Arc ou celle de l’armistice. Elle prend part à des kermesses données au profit d’œuvres de bienfaisance, telle la société de Secours aux Blessés Militaires, ou la caisse de secours pour les sinistrés du midi, avec le concours du Club Sportif de Pussay créé en 1921, ou encore à la kermesse organisée par le groupement des Anciens Combattants. Nous parlerons de ces dernières au chapitre des fêtes de l’entre-deux-guerres dans l’article 20e siècle.

La fête patronale de Pussay

Pussay est placée sous le double patronage de saint Rémy et saint Vincent. La fête patronale avait donc toutes les raisons d’être célébrée au mois de janvier et elle l’était effectivement, le 22 janvier, jour de la Saint-Vincent, jusqu’à ce que, par voie de pétition, la majorité des électeurs : 262 contre 13, décide, le 23 février 1879, de la reporter au premier dimanche de mai, pour bénéficier d’un temps printanier.

Dès 1883, la fanfare organise un concert pour la fête patronale, mais ce n’est qu’en 1894 que l’Abeille nous en donne une première relation : « Dimanche dernier, fête de Pussay. La veille, la retraite aux flambeaux a parcouru la ville entraînant, aux sons des fanfares, toute la population. Les attractions ordinaires se trouvaient réunies : forains de toutes sortes, chevaux de bois, musée d’anatomie, baladins, etc. La fanfare communale, sous la direction distinguée de M. Marie, a exécuté devant le cortège municipal, diverses marches rythmées et nuancées avec goût.

A 8 heures du soir, l’excellente troupe bordelaise dirigée par M. Campagne, interprète devant une salle comble, un intéressant programme composé de duos, chansonnettes et récits dramatiques. Ces artistes obtiennent un vif succès.

Lundi, mardi et mercredi, jeux pour les jeunes gens, concert et bal. La fête était complète. Jeudi matin, enfin, la cité ouvrière a repris son labeur. Enfin, la tente du bal de M. Boulommier, brillamment ornée, réunissait une jeunesse joyeuse et pleine d’entrain qui s’est divertie jusqu’au jour ».

Il en sera ainsi pendant de nombreuses années et encore aujourd’hui, même si de petits changements se sont produits au fil des années dans la forme et même si Pussay doit dorénavant faire appel à des fanfares venues d’ailleurs.

Dès l’année suivante, la compagnie des sapeurs-pompiers accompagne la fanfare et l’on peut assister pendant les trois jours de fête « à l’exécution de la bourrée légendaire qui sera dansée par de vrais Auvergnats d’Auvergne, car ceux-ci ne manquent pas parmi les ouvriers cordonniers de l’importante maison Brinon ». Tous les ans, un concert instrumental gratuit est donné sous la tente du bal le lundi après-midi. Les bals de nuit sont gratuits sous cette même tente « Boulommier » pendant toute la durée de la fête. En 1896, il y a bal du dimanche au lundi dans la salle de danse de l’hôtel du Progrès, propriété de M. Boulommier, lequel tient à la disposition des visiteurs et des danseurs, dans sa salle et sous la tente, des rafraîchissements et pâtisseries ; rafraîchissements dits « à la glace » plus tard et aussi « sans augmentation de prix ».

Le bal de la fête patronale fait l’objet d’une adjudication au profit du plus offrant et dernier enchérisseur. Les intéressés peuvent prendre connaissance du cahier des charges déposé au secrétariat de la mairie. Les 27 février et 6 mars 1897, le Maire de Pussay porte à la connaissance des entrepreneurs de bal sous tente fermée, qu’il procèdera, en la salle de la mairie, le dimanche 14 mars 1897, à 4 heures du soir, à l’adjudication pour une période de quatre années, du droit de bal à l’occasion de la fête patronale qui a lieu le premier dimanche de mai.

L’adjudication n’est sans doute par revenue à M. Boulommier, car le concert du lundi après-midi a lieu sous la tente de M. Dozy, dressée sur la place du marché et, nous dit l’Abeille, « après l’inauguration de la nouvelle pompe de la route de Dourdan, le cortège s’est rendu sous la tente dressée sur la place du marché. La fanfare municipale sous l’habile direction de M. Boulommier, triomphant des difficultés qu’une installation beaucoup trop réduite occasionnait, a exécuté avec beaucoup de brio, les différents morceaux du programme ». Le coût était peut-être moins cher, mais la tente était plus petite, si bien que l’année suivante, M. Boulommier dresse à nouveau sa tente sur la place pour la fête de Pussay.

 

Fête patronale place du marché avec les baraques foraines, le manège et au fond, la tente de bal.

Sur la carte postale de gauche, les musiciens sont en cercle, leur chef étant au centre et le public autour d’eux. On distingue leur partition accrochée à leur instrument. Sur celle de droite, ils repartent en ordre de marche après le concert.

Un groupe de jeunes gens organise d’ailleurs en parallèle, chez M. Boulommier, « un bal gratuit privé qui sera certainement une des principales attractions de la fête. Les invitations seront faites au moyen de cartes d’entrée personnelles qui seront distribuées à domicile, avec le programme détaillé des danses de chaque soirée. Rien n’a été négligé pour la bonne organisation du bal, l’orchestre est composé de douze musiciens choisis, le service de la buvette fait par M. Boulommier assurera à tous les danseurs des rafraîchissements de premier choix, la glace sera mise à la disposition des consommateurs. L’ouverture du bal aura lieu les dimanche, lundi, mardi et mercredi à 8 heures 30 du soir ».

Cette année-là également, à l’issue de la retraite aux flambeaux, la fanfare exécute la Marseillaise et l’hymne russe sur la place de l’orme, pour l’année de la Russie.

Le scénario se reproduira en 1903 quand le Maire procède à une nouvelle adjudication. Le jour de la fête arrive et la tente du bal appartient à un dénommé Richerolle. L’année suivante, la tente Boulommier revient sur la fête. Ces entrepreneurs paraissent incontournables dans la région et n’ont pas leur pareil pour monter et décorer leur tente et leur salle d’ailleurs.

L’adjudication du bal aux enchères ne date pas de 1897 : la plus ancienne connue remonte à 1862. L’adjudicataire est tenu de dresser une tente de 300 m² sur la place du Marché. Nul autre bal ne peut être établi dans la commune pendant les jours de la fête. Les prix d’entrée ne peuvent dépasser trente centimes par personne et par jour et celui des « contredanses » (quadrilles), quinze centimes. L’orchestre doit être composé de huit musiciens au minimum. En 1862, le droit d’établir le bal est adjugé à Jean-Nicolas Semay ; entrepreneur de bals à Dourdan, pour 50 F. En 1867, Guignon de Saclas s’adjuge ce droit pour 350 F, suivi en 1871 par Victor-Hippolyte Boulommier, entrepreneur de bals à Pussay. Guignon reprend le droit en 1875, mais à partir de 1876, il reste aux mains de Boulommier, lequel doit s’engager en plus à dresser sa tente gratuitement pour la distribution des prix aux élèves des écoles de Pussay, le dimanche 19 août, ce qu’il accepte à condition de pouvoir tenir son bal ce jour là et de le prolonger jusqu’à deux heures du matin.

Le dimanche 5 mai 1912, la fanfare municipale donne un concert de 4 h 30 à 5 h 30 du soir, sur la place de l’orme, dont voici le programme pour les connaisseurs : Salut à Lille, allégro de A. Aldebert ; La princesse d’Elide, fantaisie de F. Mourgue ; Tout à toi, valse de H. Moratin ; Philinte, fantaisie de F. Mourgue ; Franzini, polka de E. Mulot.

Dix ans plus tard, le dimanche 7 mai 1922, le premier morceau de son concert est dû au talent de son directeur, M. Mornas : Le troubadour, allégro de G. Mornas ; La fauvette du temple, fantaisie sur l’opéra de A. Messager de Tillard ; A la montagne, fantaisie de G. Morand ; Fantaisie sur Richard Cœur de Lion de E. Marie ; L’escorte d’honneur, marche de E. Pontet.

Le 15 octobre 1929, la commission des fêtes se réunie à la mairie, pour procéder à l’adjudication du bal de la fête. Ont soumissionné : Albert Boulommier et Valentin Firon. Le premier ayant fait les offres les plus avantageuses, a été déclaré adjudicataire du bal de Pussay pour une période de trois ans. Nous aurons l’occasion de retrouver ces deux personnages au chapitre des bals.

La fanfare qui entraînait derrière elle toute la population en 1894, entraîne maintenant non seulement le conseil municipal, mais aussi les différentes sociétés de la ville : sapeurs-pompiers, gymnastique et autres. En 1930, une vingtaine de soldats de la 10e compagnie du centre d’aviation à Etampes, se joignent spontanément au cortège pour aller jusqu’au monument aux morts pour la France, saluer leurs glorieux aînés.

Les jeux ont changé : course à pied des enfants des écoles, jeu de la pelote, course à pied pour jeunes gens, course cycliste, jeu de ciseaux pour les jeunes filles. Mais, sur la place, sont toujours présents, pendant les trois jours, beaucoup de forains et le bal Boulommier devenu trop petit pour la circonstance. En 1933, la fête offre en plus un match de foot C.A. Etampes contre Club Sportif de Pussay.

La distribution des prix

En 1894, la distribution des prix aux élèves des deux écoles communales des garçons et filles de Pussay a lieu le mercredi 15 août, à 2 h 30, sous la vaste tente de M. Boulommier, montée spécialement pour cette fête, sur la place du jeu de paume. Les conseillers municipaux, les sapeurs-pompiers assistent à cette solennité. La fanfare municipale y exécute les jolis morceaux qui lui ont valu ses nouvelles médailles au concours de Dreux. Dans la soirée, cette fête de la jeunesse est l’occasion de réjouissances organisées par le pays. La tente Boulommier reste montée et l’entrée en est gratuite pour un grand bal qui commence à 8 h 30. Cette cérémonie a régulièrement lieu tous les ans.

La tradition ne change pas dans les années 1910, si ce n’est que sa date en est légèrement avancée à début août. La fanfare offre toujours un concert et le soir la tente « Boulommier » abrite un grand bal. En 1912, « Les jeunes filles et les jeunes garçons, sous la direction de leurs maîtres et maîtresses, nous ont chanté de gracieux chœurs et d’agréables poésies, qu’ils terminèrent par la Marseillaise chantée par toutes les écoles. Pendant la distribution des prix, la fanfare municipale nous a fait entendre le chant national et plusieurs beaux morceaux de son répertoire ». A 5 heures, la fanfare, dirigée par M. Mornas, a donné un concert.

Le décor ne change pas en 1930, même si la date de la distribution est avancée au mois de juillet : la tente de M. Boulommier est toujours brillamment décorée, le maire, le conseil municipal, la fanfare sont présents, s’y ajoutent les sapeurs-pompiers, les administrateurs de la Caisse d’Epargne et les membres des différentes sociétés locales. Nombreux sont les prix et les livrets de Caisse d’Epargne offerts par de généreux donateurs et le bal n’est plus assez grand.

La fête de Sainte-Cécile

Depuis le XVIe siècle, les peintres ont représenté sainte Cécile s’adonnant à la musique vocale et instrumentale et les musiciens l’ont prise pour patronne. Un très beau vitrail lui est dédié dans l’église de Pussay (Voir article Eglise/Vitraux sur notre site). Fidèles à la tradition, les musiciens de la fanfare fête leur patronne le 22 novembre.

La veille, une retraite aux flambeaux annonce la fête. Le jour même, une messe est célébrée le matin, en musique avec la participation de la fanfare. Elle est suivie d’une distribution de gâteaux et d’un vin d’honneur offert chez l’un des restaurateurs de la ville. Dans l’après-midi, la fanfare donne un concert et se promène dans les rues de la ville. Le soir se déroule un banquet « fort bien servi [le 24 novembre 1895] par la maison Lesage, menu choisi et service excellent. Maître Fourmont s’était distingué. A table, la municipalité et le commerce de la ville sont représentés par de nombreux convives. Au dessert, joyeux propos font place aux chansons les plus gaies et à de désopilants monologues » ; jusqu’à ce que M. Boulommier et ses musiciens annoncent le bal. « Un mot du bal qui fut fort animé toute la nuit, grâce à l’excellent orchestre qui le conduisait. A minuit, intermède de chants, cavaliers et cavalières choquent le verre en mangeant la galette traditionnelle puis, reprise des danses jusqu’à une heure avancée. Enfin, chacun se retire avec un bon souvenir de cette joyeuse journée où les bons sentiments d’union et de camaraderie ont trouvé leur place. Une quête a été faite au banquet pour une œuvre patriotique, et a produit une somme assez ronde ».

En 1896, le banquet du soir réunit musiciens et invités à l’hôtel Boulommier. « Au champagne, offert par M. Amodru, député, M. Dufour, conseiller général, porte un toast à la Société et il exprime combien il a été heureux de profiter de cette circonstance pour venir à Pussay, n’ayant pas eu le loisir d’y pouvoir, cette année, rendre compte de son mandat. La fête s’est terminée par un bal si animé qu’on dansait encore à 4 h du matin ; on s’est séparé en se promettant bien de recommencer l’année prochaine ». Le député et le conseiller général étaient généralement membres honoraires de la Société et lui versaient une obole non négligeable.

L’Union chorale et Fanfare municipale fête également la Sainte-Cécile le dimanche 25 novembre 1900. La veille, à six heures du soir, a lieu une grande retraite aux flambeaux avec la fanfare. A l’issue de la retraite, un concert est donné sur la place de l’orme. Le dimanche à dix heures, une grand-messe est célébrée en musique avec le concours de la fanfare. A deux heures et demie, des gâteaux sont offerts à M. le Maire et à M. l’Adjoint, à MM. les président et vice-président de la fanfare et des aubades sont données pendant cette distribution. Le banquet est servi à cinq heures et demie chez M. Delafoy, restaurateur, pour les membres honoraires et les sociétaires. Le soir, à neuf heures, se tient un grand bal de société sur invitations, dans l’établissement de M. Boulommier ; un tour de ville en musique par les musiciens et les jeunes gens invités annonce l’ouverture du bal. Des rafraîchissements et des pâtisseries sont distribués à minuit à tous les participants et les danses reprennent à une heure et demie.

Menu servi à l’occasion de la fête de Sainte-Cécile en 1910

Le programme ne change guère en 1921 : à 10 heures, grand-messe en musique, à 14 heures, défilé dans les rues, à 18 heures, banquet à l’hôtel de l’orme, à 21 h 45, bal à grand orchestre, dirigé par M. Mornas, dans la salle de M. Maës, et de 24 heures à 1 heure, grand rafraîchissement offert par la Fanfare.

L’année 1923 innove : dans l’après-midi, les Pussayens peuvent assister, à la salle Jeanne d’Arc, à la représentation « un peu osée mais si belle de Sainte-Cécile, d’Alfred Poizat, tragédie-mystère en trois actes et en vers, avec accompagnement de musique de scène. Ce sera un vrai régal pour tous ceux qui aiment entendre de beaux vers et de la belle musique », selon l’Abeille. Le bureau ouvre à 2 heures, le rideau se lève à 2 h 30 et le prix des places est de 1, 2 ou 3 francs. Un changement notable dans les loisirs se fait jour après la guerre : la multiplication des activités et l’accès au théâtre et au cinéma qui se matérialisent à Pussay par l’ouverture de la salle Jeanne d’Arc en 1922.

Hormis cette exception, la tradition reste inchangée de 1924 à 1929. Le banquet est donné à l’hôtel Robert, chez M. Dozias ou plus tard chez Mme Veuve Robert. Le bal a lieu salle Maës, où se font les répétitions de la fanfare. Il est offert aux membres honoraires dont la cotisation minimale est passée à 7 francs en 1924, laquelle donne droit aux rafraîchissements et pâtisseries servis à minuit. Le bal est précédé d’un concert exécuté par la fanfare et les premières danses sont souvent jouées par toute la fanfare.

Carte de membre honoraire

Dans les années 1930, les membres honoraires sont plus nombreux et dès l’aube au jour, la Fanfare et son chef parcourent les rues, en s’arrêtant chez le Maire, puis chez son président, puis chez tous les membres du Conseil d’administration avant la grand-messe célébrée en musique. En 1931, le banquet est présidé par le député, M. Dormann. Au dessert, le Maire le remercie d’être venu présider cette fête, félicite les musiciens et leur chef des succès remportés chaque année à tous les concours et appelle l’attention du député « sur la crise que subit en ce moment la chaussure française et qui peut avoir de graves conséquences pour les patrons aussi bien que pour les ouvriers, par suite de l’envahissement sur notre marché des chaussures étrangères venant d’Allemagne, de Tchécoslovaquie et même du Japon. A son tour, M. Dormann, ancien ministre, reconnaît le bon fondé des observations sur la chaussure et une preuve, c’est que la chambre des députés, se rendant à l’évidence, a voté vendredi dernier, sur la proposition du Gouvernement, le relèvement des droits de douane ».

La fête nationale

La fête nationale est célébrée tous les ans mais aucune relation n’en est faite avant l’année 1912, où la fanfare donne un concert, de 5 à 6 heures du soir, sur la place du carouge, et interprète :Le canotier, allégro de D. Bauwens ; Philinte, fantaisie de F. Mourgue ; Los contrabandistas, boléro de E. Favre ; La Roche-Fendue, fantaisie de H. Morantin ; Pax et Labor, polka de G. Mornas. L’auteur de ce dernier morceau n’est autre que le chef de la fanfare de Pussay. Auparavant, la municipalité, les pompiers, la fanfare, la Société de secours mutuels avaient défilé aux accents de La Marseillaise, du Chant du Départ et des Girondins joués par la fanfare. Les prémices de la guerre se font sentir.

Défilé pour la fête nationale probablement, les drapeaux sont sortis aux fenêtres, au passage de la place du carouge. La fanfare est suivie de la gymnastique. Dans la suite du cortège, viennent les sapeurs-pompiers et la foule.

En 1924, la célébration est précédée la veille d’une retraite aux flambeaux, suivie d’un bal de nuit sous la tente Boulommier. Le lundi 14, il est prévu des jeux divers, des attractions foraines et à nouveau un bal de nuit sous la tente Boulommier.

En 1929, un cortège réunissant le conseil municipal, les autorités, les invités, les pompiers et la fanfare, part de la mairie à 16 heures pour le parc Angot. A 16 h 30, le Maire passe la revue de la nouvelle compagnie des sapeurs-pompiers et prononce une allocution, suivie par un concert de la fanfare et une distribution de gâteaux aux enfants des écoles. Le soir, à 21 heures : grande retraite aux flambeaux, avec le concours des sapeurs-pompiers et de la fanfare et à 22 heures, place du marché : bal avec un nouvel orchestre-jazz, illuminations, manèges, attractions diverses. Le jazz a fait depuis quelque temps déjà son apparition et un autre grand bal de nuit est donné à la jeunesse par le dancing Valentin.

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LES CONCERTS

Jusqu’en 1897, la fanfare donne des concerts d’une heure sur les places de la ville à l’occasion des fêtes : fête patronale, fête nationale, fête de Sainte-Cécile, distribution des prix ou lors d’inaugurations. Avec l’arrivée d’Aristide Boulommier à la direction de la fanfare, le concept va changer. Dorénavant, des concerts sont programmés en dehors des fêtes traditionnelles. C’est ainsi que la fanfare municipale offre à ses membres honoraires, le dimanche 21 février 1897, qui correspond au Mardi-Gras, dans la salle des répétitions de M. Boulommier, un grand concert vocal et instrumental avec le concours d’artistes de Paris, sous la direction de M. Léonard T. Le prix des places, pour les personnes ne jouissant pas du titre de membre honoraire est fixé à 1 franc pour les premières ; 0,75 franc pour les secondes, et 0,50 franc pour les troisièmes. On peut retenir à l’avance les places de premières et secondes sans augmentation de prix en s’adressant, soit à M. Leclère, président, soit à M. Boulommier Aristide, directeur. Le programme est quant à lui tout à fait exceptionnel :

Première partie

Godefroy de Bouillon, allégro (Bléger), par la Fanfare ; 2° Le Cidre, chansonnette de genre, par Mme Demmonetta ; 3° Le Père Bourdon, chansonnette comique, par M. Nécker ; 4° C’est le Printemps, chanson, par Mme Valairie ; 5° Le crieur de nuit, chansonnette de genre, par Mme Demmonetta ; 6° Si j’avais su, chansonnette comique avec parlé, par M. Nécker ; 7° Le drapeau du petit Noël, chanson, par Mme Demmonetta ; 8° Fantaisie pour piano, par Mme Léonard T. 9° Intermède, par M. Connety, illusionniste, dans son nouveau répertoire.

Deuxième partie

Sur la plage, fantaisie (Camille Martin), par la Fanfare

Les souliers de noces

Vaudeville-opérette en un acte, joué par Mme Valairie et M. Nécker.

Troisième partie

La Protectrice, marche (Bléger), par la Fanfare ; 2° La polka des Moustaches, chansonnette de genre, par Mme Demmonetta ; 3° Chez le marchand de chats, chansonnette comique, par M. Nécker ; 4° La fille du Marin, chanson, par Mme Valairie ; 5° Le bouquet de l’Alsacienne, chant, par Mme Demmonetta ; 6° Fantaisie pour piano, par Mme Léonard T. 7° Intermède, par M. Connety, illusionniste.

Quatrième partie

Dialogue, polka pour trombone et piston (Charles H.) par la Fanfare

Le billet de logement

Vaudeville-opérette en un acte, joué par Mme Valairie et M. Nécker.

Le piano sera tenu par Mme Léonard T

Si l’on en croit l’Abeille dans son compte-rendu de la semaine suivante, « dès 7 h une foule nombreuse envahissait la salle de M. Boulommier, foule impatiente de l’ouverture d’un concert pour l’organisation duquel on savait que le comité de la Fanfare n’avait rien négligé. Dès les premiers morceaux, les artistes ont su enlever le public, les acclamations et les bis ne leur ont pas été ménagés. Le programme en avait été composé avec un soin tout particulier ; les amateurs de musique, de comédie et de prestidigitation ont été servis à souhait. Le seul regret que les assistants aient pu exprimer a été que la petite ville de Pussay ne puisse jouir plus souvent de soirées si agréables ; chacun a fait des vœux pour que la vaillante Fanfare municipale se mette de nouveau en frais pour charmer de même façon ses membres honoraires et le public de Pussay ».

L’éveil d’un musicien en goguette éditée dans « l’Harmonie des Musiciens »

Un autre concert composé plus simplement d’un allégro d’une grande ouverture, d’un boléro d’un scottish et d’un galop est exécuté par la fanfare, le 11 avril suivant, jour des Rameaux, de 4 à 5 heures du soir, sur la place de l’orme. « Quelques regrettables défections » ont semble-t-il manqué à ce concert où le nombre des exécutants était restreint. Il fut suivi « d’un tour de ville en musique pour inaugurer ainsi les fêtes musicales qui se continueront pendant le cours de la belle saison ». Les concerts sont, certes, toujours donnés à l’occasion de fêtes religieuses, mais ils se multiplient et se produisent à des dates jusqu’alors ignorées. Nous trouvons là l’amorce de concerts déconnectés des fêtes traditionnelles.

Les artistes de la troupe de M. Léonard T. réitèrent leur prestation le 13 février de l’année suivante, avec la participation cette fois de la toute nouvelle Union chorale et Fanfare municipale, toujours dans la salle de M. Boulommier, « aménagée à cet effet d’une scène spacieuse et de banquettes en gradins pour la commodité du public. Les spectateurs étaient accourus en si grand nombre qu’on a refusé l’entrée aux derniers arrivants.

Le programme était d’ailleurs des plus attrayants. La première partie a été ouverte par un allégro de Coquelet : Les Faunes très brillamment enlevé par la Fanfare et les applaudissements n’ont pas été ménagés aux vaillants exécutants.

Les artistes de la troupe de M. Léonard T. ont eu un légitime succès, chansons et chansonnettes ont recueilli les suffrages du public et n’ont pas été un des moindres attraits de cette agréable soirée.

A citer également le chœur La Patrie de Laurent de Rillé exécuté par la Chorale, de formation récente et dont on a pu constater les rapides progrès.

Le concert s’est terminé fort tard dans la nuit, toujours avec des applaudissements enthousiastes de l’assistance et nous voulons espérer que devant le succès obtenu par cette soirée, la société ne manquera pas d’organiser un nouveau concert, car les exécutants et le public ont éprouvé chacun de leur côté, la plus légitime satisfaction ».

Alerte sur un kiosque, éditée dans « l’Harmonie des Musiciens »

Nouvelle grande soirée théâtrale et musicale l’année suivante le dimanche 26 février 1899, à 8 heures du soir, dans l’établissement de M. Boulommier, aménagé pour la circonstance, par l’« Union chorale et Fanfare municipale de Pussay », avec le concours d’artistes de Paris spécialement engagés pour cette présentation. Les prix des places sont toujours identiques et cette fois, le programme du spectacle est vendu à l’intérieur au prix de 0,10 franc au bénéfice de la société. Le programme de la soirée se compose comme précédemment, mais nouveauté cette année : Aristide et Albert interprètent un duo pour deux violons :

Première partie

1. Les Chevau-Légers, allégro militaire de Gustave Wettge, ex chef de musique de la garde républicaine, exécuté par la Fanfare – 2. Les Instructions de Maman, chansonnette comique par M. Mathias – 3. Le petit Bois voisin, chanson de genre par Mme Léa – 4. Mes moutons, chanson par M. Bernard – 5. Les Guignons de Girône, chansonnette comique par M. Mathias – 6. L’Oiseau blessé, chanson de genre par Mme Léa – 7. Virelai d’Alsace, chanson par M. Bernard – 8. Les Paysans, chœur avec paroles et musique de Armand Saintis, exécuté par la Chorale.

Deuxième partie

Simplice et Simplette, opérette villageoise en un acte, jouée par Mme Léa et M. Mathias – Fantaisie sur le Trouvère, duo pour deux violons, exécutée par MM. Aristide et Albert Boulommier.

Troisième partie

1. Fantaisie sur le mariage secret, opéra de D. Cimarosa, arrangé par P. de Noslin, exécutée par la Fanfare – 2. Bourlingau, chansonnette comique par M. Mathias – 3. chanson de genre par Mme Léa – 4. Le Violoneux, chanson par M. Bernard – 5. Le voyage de Croquemol, chansonnette comique par M. Mathias – 6. Les Blondes, chanson de genre par Mme Léa – 7. Chanson rustique par M. Bernard – 8. Le Clos Vougeot, allégro militaire par Signard, exécuté par la Fanfare.

Quatrième partie

Les indiscrétions de Jocrisse, opérette vaudeville en un acte, jouée par M. Mathias, Mme Léa, M. Bernard.

La semaine suivante l’Abeille ne tarit pas d’éloges sur la réussite de la soirée et le talent des deux jeunes gens Aristide et Albert. La troupe est dirigée par M. Léonard, comme la dernière fois.

L’Union chorale et Fanfare municipale de Pussay donne régulièrement des concerts sur les différentes places de la ville : le 2 avril, le 7 mai, le 30 juillet, entre autres. Le mois de février revient et le dimanche 11 février 1900, elle offre à nouveau, dans l’établissement de M. Boulommier, une grande soirée théâtrale et musicale, avec le concours d’artistes des principaux concerts de Paris. Le prix des places est identique pour les personnes ne jouissant pas du titre de membres honoraires et pour permettre l’organisation de cette brillante soirée, une quête sera faite pendant les entr’actes et le programme sera vendu à l’intérieur au prix de 0,10 franc au bénéfice de la Fanfare. Pour faciliter aux artistes l’exécution des morceaux du programme, les spectateurs sont priés de s’abstenir de fumer à l’intérieur de la salle pendant la représentation. La soirée est une réussite, Albert et Aristide Boulommier se sont cette fois distingués dans le grand air de l’Elisire d’Amore, avec variations pour deux violons, et ont dû bisser l’exécution de leur partition.

Valse Delicatezza dédiée à son ami Achille L’Ecuyer qui joue le Deuxième air varié avec les deux frères l’année suivante. (Editée dans « l’Harmonie des Musiciens »)

.

Comme les auditeurs en redemandent, la soirée se reproduit l’année suivante avec :

  • en première partie, un allégro militaire avec grand tutti de basses, barytons et trombones exécuté par la fanfare, suivi de chansonnettes, scènes comiques, chansons de genre ;
  • en deuxième partie, L’âme en peine, grande fantaisie sur l’opéra de Flotow, avec solo de bugle, piston et baryton, exécuté par la fanfare, suivie d’une opérette en un acte Grenadine et Babylas, jouée par Mme Louise Dalbray et M. G. Ramès ;
  • en troisième partie, une fantaisie avec solo de piston, baryton et basse, exécutée par la fanfare, suivie de chansonnettes, scènes comiques, chansons de genre et pour terminer Deuxième air varié, avec variations pour trois violons et accompagnement de piano par Aristide Boulommier, exécuté par Aristide et Albert Boulommier et Achille Lécuyer ;
  • en quatrième partie L’Olympienne, fantaisie polka pour trombone, exécutée par la fanfare, suivie d’une opérette villageoise en un acte Le Valet de la ferme, jouée par Mme Louise Dalbray et M. Saint-Dizier ;

et l’année suivante encore. Cette fois ce sera la dernière puisque les deux frères démissionnent ensuite. Un groupe de membres honoraires rappellera en 1903 aux musiciens que « les statuts de la fanfare municipale obligent ladite société à des concerts ou soirées, émettant le souhait que ces engagements soient respectés ». La fanfare municipale offrira un concert le dimanche 12 avril, de 3 à 4 heures place de l’orme, à l’occasion des fêtes de Pâques. Elle reprendra quelques concerts en 1905 avec des programmes beaucoup plus courts et simples, d’une heure, donné sur les places du village. 28 mai 1905, 13 octobre 1912, 30 mars 1913, 13 mars 1927, 14 avril 1929.

Lors de ce dernier, joué sur la place du carouge, elle interprète La Marche des Incas, de Baudouch ; Le Chalet, opéra comique de A. Adam, par G. Wittmann ; Carmen, fantaisie sur l’opéra de Bizet ; Triplette, polka de H. Maquet ; La Vallée d’Ossau, grande valse de G. Benoist ; Une soirée près du lac, idylle de F. Leroux et termine par La Marseillaise. A 21 heures, salle de la fanfare, un grand bal est organisé par la jeunesse. Un orchestre jazz-band, accordéoniste-symphonique, exécutera les danses les plus nouvelles.

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LES BALS

Les bals sont le loisir le plus populaire à l’époque, dont parlent encore, avec beaucoup de joie et d’émotion, les personnes qui les ont connus. Deux personnalités ont incarné ces fêtes immenses à Pussay : les Boulommier père et fils dès 1875, et peut-être même avant, et Valentin Firon à partir du 25 décembre 1927.

La famille Boulommier

Frédéric Hippolyte Victor Boulommier est né à Intréville de Rustique Alexandre, ouvrier en laine, et de Julie Adélaïde Percheron. Il a 23 ans et il est ouvrier en laine à Pussay, lorsqu’il se marie, le 6 juin 1864, avec Eugénie Philomène Babault, 19 ans, née elle aussi à Intréville et couturière à Pussay. Trois enfants naissent : Cécile Rose le 7 février 1865 qui décède cinq mois plus tard ; Aristide Jules le 3 mars 1866 et Albert Victor le 18 mai 1869. A ce moment-là, leur père est encore ouvrier en laine, mais lorsque sa nièce naît le 7 décembre 1875, il est déjà entrepreneur de bals et il a 32 ans. Quel chemin parcouru pour un ouvrier en laine et quel autre chemin vont parcourir ses fils !

Aristide se marie le 16 décembre 1884 avec Louise Rosalie Quinton, 18 ans, ouvrière en laine. Il est professeur de musique, comme l’atteste par ailleurs cette publicité passée dans le Réveil d’Etampes le 23 août 1884. Ses parents, âgés de 44 et 40 ans, sont tous deux notés sur les registres comme entrepreneurs de bals. Albert Clément naît le 2 mai 1885, son père est toujours professeur de musique, et un an plus tard, en août 1886, lors de la naissance d’un enfant mort-né, il est aussi entrepreneur de bals et il a 20 ans.

Journal « Le Réveil d’Etampes » du 23 août 1884 – ADE

Albert se marie à son tour le 5 janvier 1893 avec Julia Félicie Gautron originaire de Chalou-Moulineux. Il est musicien et son père, âgé de 52 ans, est cafetier ; l’entreprise de bals est gérée par les deux frères. S’il est dit « musicien » à la naissance de ses deux premiers enfants, Cécile Albertine en 1893 et Gaston … National, probablement ainsi nommé car pour un entrepreneur de bals, il est né un 14 juillet 1897, il est aussi enregistré en tant qu’« entrepreneur de bals » lorsque naît René Aristide le 13 février 1900.

Les Boulommiers : musiciens et entrepreneurs de bals

Les Boulommiers sont connus à des kilomètres à la ronde pour les bals qu’ils organisent, sous la vaste tente qu’il monte dans toutes les villes ou villages alentours, ou dans leur propre salle à Pussay. L’Abeille nous informe les 19 et 26 janvier 1889, que le dimanche 27 aura lieu l’inauguration de la nouvelle salle de danse aménagée par MM. Boulommier « dont on connaît l’expérience sous ce rapport. La salle sera magnifiquement décorée à cette occasion et la jeunesse de Pussay et des environs voudra assister à ce bal d’inauguration ». Le dimanche 29 janvier 1892, une grande soirée théâtrale est également donnée dans le grand salon de M. Boulommier, avec le concours de la Fanfare. L’hôtel et la salle de danse, situés place du jeu de paume, s’appellent « Hôtel du Progrès » et « salle du Progrès », tout un symbole. La façade est ornée d’une lyre.

Sur la façade il est écrit « BAL DU PROGRÈS SALONS DE 25 (ou 35) A 450 COUVERTS » ; Au-dessus, au centre, se trouve la lyre. Devant la maison, stationne la remorque servant à transporter le bal itinérant. A Pussay, le bal pouvait se monter aussi bien sur la place du carouge que sur la place du jeu de paume, en plus de la salle de danse de l’hôtel.

En 1895, « Messieurs Boulommier, père et fils, entrepreneurs de bals à Pussay, ont l’honneur d’informer leur nombreuse clientèle, qu’à l’occasion de la foire d’Angerville, le 4 novembre prochain, ils établiront sur la place de cette commune, en face la statue de l’agronome Tessier, une grande tente de bal parée avec soin particulier. L’orchestre sera nombreux et choisi ». Treize jours plus tard M. Boulommier, « réunissait en une petite fête de famille les musiciens qu’il emploie depuis plusieurs années à composer l’orchestre de ses bals. Il leur offrait un banquet, dans la journée, et le soir, tous munis de leurs instruments, ont exécuté brillamment les premières danses d’un joli bal qui s’est continué pendant une partie de la nuit. Enfin, on a soupé, et au champagne le chef de l’établissement a remercié ses musiciens d’avoir accepté son invitation ; il a donné un souvenir aux absents, et fixé un rendez-vous pour l’année prochaine après toutes les fêtes ».

En 1898, c’est le dimanche 29 mai, jour de la Pentecôte, qu’a lieu la fête de la Gare à Saint-Escobille. A cette occasion, un grand bal est donné sous la tente Boulommier, par M. Marillé, hôtel de la Gare. On trouve à la buvette des rafraîchissements et pâtisseries de premier choix et la fête se continue le lundi par un bal de 2 heures à 6 heures du soir. Bal de nuit. La fête de la gare de Saint-Escobille fait appel tous les ans aux Boulommiers, de même que la ville voisine d’Angerville qui a sa fête début juillet et bien d’autres fêtes dans toute la région.

La tente Boulommier montée en prévision d’une fête sur la place du carouge.

Une fois ces fêtes terminées, la famille est de retour à Pussay et elle célèbre tous les ans la « fête de la rentrée des fêtes ». A cette occasion, elle donne dans son établissement de Pussay, un grand bal de nuit avec un orchestre composé de tous les musiciens qu’elle occupe toute l’année pendant la saison des fêtes. Cette fête a généralement lieu à la mi-novembre. Le dimanche 17 novembre 1901 par exemple, « avait lieu à Pussay, le banquet annuel de la rentrée des fêtes, offert par M. Boulommier, entrepreneur de bals à Pussay, aux musiciens ainsi qu’au personnel qu’il occupe pendant la saison des fêtes. Un bal à grand orchestre a terminé cette petite fête de famille ».

Avant la saison et après la saison, la maison Boulommier ne manque pas non plus d’accueillir chez elle dans son hôtel, place du jeu de paume, toutes les sociétés qui le désirent. Ainsi, le 14 juin 1903, elle reçoit la 366e section des « Prévoyants de l’avenir ». Une grande retraite aux flambeaux a lieu la veille. Le dimanche, à trois heures, les membres se réunissent à la salle des recettes de la 366e section ; à trois heures et demie, le cortège défile dans les principales rues de la ville, avec le concours des musiciens amateurs de la Société des Prévoyants ; à six heures et demie, un grand banquet est servi dans les salons de l’hôtel du Progrès suivi, à neuf heures, d’un grand bal de nuit gratuit, salle Boulommier.

Les sapeurs-pompiers qui fêtent la Sainte-Barbe le 4 décembre, se réunissent eux aussi avec leurs membres honoraires autour d’un banquet dans la même salle. La liste des clients de la maison est longue dans la région et c’est pourquoi, au concours du Comice agricole d’Artenay en 1903, une distinction honorifique consistant en une médaille de bronze, est accordée par le jury à M. Boulommier.

Entête de commerce de 1910 avec les deux médailles, celle de bronze obtenue en 1903 au comice agricole d’Artenay et celle d’argent obtenue au comice agricole de Châteaudun en 1907.

Le journal l’Abeille publie cet article, le 24 octobre 1903 : on nous écrit : « Les amis et collègues de M. Aristide Jules Boulommier, professeur et compositeur de musique à Pussay, apprendront avec plaisir que, en récompense des services rendus par lui à la musique, pour ses compositions musicales et les nombreux élèves qu’il a formés, dont certains sont aujourd’hui chefs de musiques civiles ou militaires, ou solistes distingués, M. Aristide Boulommier a été nommé membre d’honneur de l’Institut populaire de France avec les palmes d’or de 1ère classe, le diplôme d’honneur et l’insigne spécial à feuilles de chêne de cette académie. Cette distinction a été remise au lauréat par les soins de M. le Maire de Pussay. M. Boulommier est élève de MM. Parouty, Jésus et Legendre, chefs de musiques militaires et compositeurs. Honneur à ses professeurs, ainsi qu’à ses parents dont il continue la profession musicale et que cette distinction honore également ».

Cette année-là, la fête de la rentrée des fêtes prend un éclat particulier : un grand bal de nuit entièrement libre et gratuit est prévu. L’orchestre se compose de 18 musiciens qui ont fait une promenade en musique dans le pays ; à 5 heures, ils se sont réunis en un banquet avec toute la famille Boulommier. « Il y a même eu un petit discours développé avec beaucoup de finesse et d’opportunité et qui s’est terminé par un compliment à l’adresse de M. Aristide Boulommier, rappelant sa récompense récemment décernée par l’Institut musical populaire de France et un toast à tous les membres présents de la famille. Le soir, un bal dont l’entrée était illuminée par un magnifique lustre en verres de couleurs a terminé cette fête de famille qui a causé de la gaîté dans tout le pays ».

Plus tard, des bals de société voient le jour : le 13 mars 1909, un bal de société est organisé par les ouvriers agricoles de Pussay. Il a bien sûr lieu dans la salle Boulommier. Prix d’entrée : 2 fr 50 pour les messieurs, 0 fr 50 pour les dames. A minuit, rafraîchissements gratuits.

Les Boulommiers sont présents sur le champ de foire de Toury le 9 octobre 1909, pour la foire de Saint-Denis et y installe un bal public, comme de coutume, et avec agrandissements sur le champ de foire : nombreux et brillant orchestre. Bal fermier dans la salle de M. Renard-Fourmont, prix d’entrée : 5 francs par cavalier et un franc pour les dames ; orchestre sous la direction de M. Boulommier.

Nouvelle consécration en 1912 : « M. Boulommier, entrepreneur de bals et de fêtes publiques à Pussay, et ses fils musiciens attachés à cet établissement, se sont vus attribuer par le jury du récent concours agricole d’Artenay une médaille vieil argent grand module, offerte par les membres du jury. Ceux-ci ont voulu exprimer la satisfaction du Comice pour la belle décoration de la tente de bal, la tenue irréprochable de cette riche installation avec sa charpente à fermes, sans mât, sans trous dans le terrain, son beau parquet en pitchpin monté sur lambourdes. Cette tente peut servir de salle de bal ou d’exposition avec portique, contrôle, vestiaire, buffet, office, salle de jeux, etc. Cet établissement, tenu avec intelligence et cordialité depuis trente années, méritait bien par la bonne union qui y règne, la distinction dont il vient d’être l’objet ».

La guerre passe. Aristide a la douleur d’y perdre son fils Albert Clément en 1918. La guerre n’est pas non plus propice aux fêtes, bals et réjouissances. Dès 1921, la salle de danse appartient dorénavant à M. Maës. Il est probable qu’Aristide et Albert aient dû la vendre, à cause de la guerre ou du décès de leur père Victor. Ce dernier était né en 1840. En tout cas, M. Maës ouvre sa salle en 1921 pour la fête de Sainte Cécile et y donne un grand bal de nuit, le dimanche 1er juin 1924, au profit de la caisse de l’orphelinat des employés du Paris-Orléans. Il la loue du reste à la Société de la fanfare pour ses répétitions, à partir de novembre 1921, 20 francs par mois. Quant à eux, en 1925, « pour la saison des fêtes commençant à Pâques, MM. Boulommier frères, entrepreneurs de bals à Pussay, ont l’honneur de porter à la connaissance des amateurs de danses qu’à chaque bal donné sous la tente, l’orchestre exécutera un répertoire des plus modernes comprenant toutes danses nouvelles, les airs les plus en vogue, ainsi que les derniers succès du jour ». Le répertoire de musique a changé et les deux frères s’adaptent, mais dorénavant ils n’utiliseront que la tente.

La salle continuera d’être utilisée par M. Maës qui n’aura pas la notoriété des frères Boulommier, d’autant qu’il va bientôt être concurrencé par un jazzman.

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Le « dancing » Valentin

Le 24 décembre 1927, l’Abeille publie ces lignes : « On nous annonce que M. Valentin Firon, le chef de jazz bien connu, ouvrira à dater du 25 décembre une nouvelle salle de bal. Nous voulons bien espérer qu’il y aura foule pour la première dans cette salle qui est d’une belle réalisation. Donc, tous chez Valentin, dimanche 25 décembre à 20 h 30 ». Deux semaines plus tard, elle apprécie : « Le dancing « Valentin » a, pour ses débuts, remporté un vif succès d’ailleurs bien mérité. Aussi, la direction de cet établissement, toujours à l’affût du nouveau, nous annonce que dimanche 8, à l’occasion de la fête des Rois, les danseurs et danseuses trouveront à la buvette tout ce qui est nécessaire pour bien fêter ce dimanche ».

Valentin Jules est né le 13 février 1893 de Jules Firon, 26 ans, mécanicien à Pussay, et de Valentine Eugénie Pommereau, 20 ans. A l’époque où il ouvre sa salle de bal, Valentin a une autre activité : il exerce ses talents de mécanicien sur les automobiles que les clients amènent à son garage.

Dès l’ouverture de la nouvelle salle de bal, le nombre de bals donnés à Pussay explose :

–         8 janvier, bal à l’occasion de la fête des rois, c’est une nouveauté.

–         5 février, bal annuel offert au bénéfice de l’orphelinat des chemins de fer français. Il avait eu lieu pour la première fois en 1924 dans la salle de M. Maës. Le prix des places, y apprend-on, est celui habituel de la salle Valentin, c’est-à-dire 6 francs 50 pour les hommes et 3 francs pour les dames.

–         11 février, grand bal de société. Des invitations sont lancées, mais les personnes qui, par oubli, n’en recevraient pas, sont priées d’en demander aux commissaires. Musique agréable, buffet bien achalandé, joli carnet de bal souvenir, rien ne sera négligé pour que la fête soit en tous points charmante. Un garage permettra aux personnes des environs de ranger leur véhicule et pour cause ! Les jeunes gens qui ont accepté d’en être les commissaires ont groupé toute la jeunesse de Pussay. Quant à M. Valentin Firon, il s’est chargé d’organiser le programme, le décor, l’orchestre.

–         4 mars, bal au profit de la caisse des écoles de Pussay. La soirée fut des plus animées, et la recette s’éleva à 1053 francs. Tous frais déduits, une somme de 700 francs fut versée à la caisse.

–         14 octobre, bal de réouverture de la saison. Comme toujours, matinée à 16 heures et le soir, grand gala ; un brillant et nouvel orchestre est annoncé.

–         11 novembre, grand bal de nuit à l’occasion de l’armistice.

–         24 novembre, grand bal fermier, l’un des plus cotés de la saison. Orchestre choisi, salle spécialement décorée, rafraîchissements de premier choix, tenue noire de rigueur. Le jour même l’Abeille écrit : « C’est vraiment féerique ; tout le monde en cause, il semble que cette semaine va être longue !! Longue !! Il est vrai qu’un pareil événement. Enfin, quand nos lignes paraîtront, tous seront heureux ; car, soyez-en sûrs, Valentin n’a rien épargné pour le succès de son bal du 24 ; d’ailleurs ai-je besoin de vous faire connaître Valentin ! ».

–         1er et 2 décembre, bal de la Saint-Eloi et le lendemain grand bal de nuit avec une surprise et à 10 h 30, un superbe cotillon, auquel devra prendre part toute l’assistance.

Et il ne s’agit là que des bals organisés pour des occasions spéciales et annoncés par L’Abeille, car sinon Valentin fait bal tous les dimanches.

Journal « L’Abeille d’Etampes » du 23 novembre 1929 – ADE

L’année suivante, s’y ajoute :

–         un bal costumé pour la Mi-Carême, où il doit y avoir vers minuit, un intermède qui aura son succès et qui sera suivi d’un superbe cotillon. Tout le monde s’active pour préparer les costumes, mais les personnes désirant se procurer en location des costumes de travesti pour soirée, peuvent s’adresser chez Valentin, Grande Rue, à Pussay.

–         le bal du Club Sportif de Pussay. Là aussi c’est nouveau, l’association ayant été créée en 1921. « Jusqu’à 2 heures du matin, jeunes et vieux dansèrent au son d’un orchestre qui n’a pas d’égal dans la région », selon l’Abeille.

–         un grand bal de nuit pour la clôture de la saison d’hiver chez Valentin qui coïncide avec le jour de l’Ascension. Mais, il ne faut pas oublier que le dancing sera ouvert tous les jours de fêtes, matinées et soirées, grand bal de nuit également pour les fêtes de Pentecôte.

–         un grand bal en matinée et en soirée à l’occasion de la fête du 27 octobre, organisée pour la remise de la croix de la Légion d’Honneur à M. Gustave Brinon.

–         le bal de réouverture du Dancing Valentin pour la saison d’hiver le 10 novembre en matinée et en soirée.

–         le grand bal annuel de l’Agriculture et du Commerce. « Déjà, les jeunes filles s’occupent de leurs belles toilettes et les jeunes gens prennent leur disposition pour venir en grand nombre ce jour-là au Dancing Valentin, où, comme ils disent tous « On y a de l’agrément… ».

–         le bal pour la Sainte-Catherine, en plus du bal pour la Saint-Eloi.

Journal « L’Abeille d’Etampes » du 30 novembre 1929 – ADE

Le nombre de bal augmente donc notablement, mais cette explosion est moins le fait de l’ouverture de la salle que de l’air du temps et d’un changement de société. Il serait même probablement plus juste de dire que si Valentin ouvre sa salle, c’est qu’il a compris la nouvelle demande de la société et a su l’accompagner, cette période de l’entre-deux-guerres étant marquée par une frénésie de fêtes et de réjouissances. Il est, de surcroît, à même de leur offrir des rythmes et des orchestres nouveaux. Tout comme Frédéric Hippolyte Victor Boulommier, avant lui, avait su comprendre l’envie de danser et de faire la fête des jeunes ouvrières et ouvriers de Pussay, pour les avoir lui-même côtoyés à l’usine. Deux personnalités bien dans l’air de leur temps et aptes à saisir au vol les opportunités pour évoluer.

La jeunesse de Pussay aime beaucoup s’amuser. Le bal est, de toutes ses distractions, celle qu’elle affectionne le plus et encore plus quand il s’agit de se dévouer pour une œuvre publique. Elle le prouve en venant nombreuse au bal de la Caisse des écoles ou à celui pour l’orphelinat des chemins de fer français. A l’origine, il s’agissait d’ailleurs du chemin de fer Paris-Orléans. Cela aussi est nouveau.

 

Une nouvelle occasion de danser ne tarde pas à se manifester : celle du nouvel an 1930, qui curieusement a lieu dans la nuit du 1er au 2 janvier. Le bal dure jusqu’à deux heures du matin, mais celui de la Caisse des écoles qui suit se prolonge jusqu’à 4 heures du matin. « Malgré le mauvais temps, un public nombreux, non seulement de Pussay, mais des communes voisines : de Grandville, Gommerville, Angerville, Congerville, Monnerville, Thionville, Chalou, Estouches, etc. emplissait la salle Firon Valentin ». Le Maire, la plupart des élèves et des parents assistaient au bal, MM. Mage ingénieur voyer, et Noury, commis du trésor à Méréville, ainsi les instituteurs et institutrices : MM. Lamy, Audinet ; Mmes Desgouillons et Lamy, Mlle Couchard, qui animèrent le bal pendant toute la durée de cette inoubliable fête de famille.

Au bal pour l’orphelinat des chemins de fer, terminé à 3 heures du matin, le Maire est accompagné de MM. Dassigny, conseiller municipal, Soulet, chef de gare à Monnerville, de tous les cheminots disponibles du Paris-Orléans, de la gare et de la sous-station de Monnerville et même d’Angerville.

Journal « L’Abeille d’Etampes » du 1er novembre 1930 – ADE

L’Abeille du 19 avril 1930 fait paraître cet article : « comme je vous le disais la semaine passée, Valentin a tout fait pour que son bal de Pâques soit un super bal. On nous annonce à l’orchestre, Trogu Robert l’accordéoniste dont la réputation n’est pas à faire, et Mag’s de l’Olympia, un as du saxo. Donc, tout laisse à penser une belle soirée, surtout si l’on pense qu’un concours de danse avec nombreux prix récompensera les meilleurs couples. Ne manquez pas pareil gala. Il est vraiment unique. Donc, dimanche, 20 h 30, chez Valentin. Le jazeur ». La signature laisse à penser que Valentin écrit lui-même les articles qu’il envoie à l’Abeille, avec beaucoup d’humour.

 

Tout comme les Boulommiers, il ouvre la saison d’hiver entre la mi-octobre et la mi-novembre, par un bal, et la clôt de même vers l’Ascension, ce qui ne l’empêche nullement de prévoir d’autres bals entre temps, ni surtout d’être ouvert tous les dimanches. Tradition, sans doute. Il fait encore mieux puisque pour la fête de Sainte-Catherine, c’est au son de deux orchestres différents que pourront tourner les infatigables danseurs. Il n’y aura donc pas d’interruption entre les danses. Infatigables est bien le mot qui convient. A cette occasion d’ailleurs, le Maire de Pussay, toujours présent et lui aussi infatigable, se félicite « de constater que si le nombre des Catherinettes était en forte diminution sur les années précédentes, le nombre des mariages en retour avait grandement augmenté en 1930, et qu’il a l’espoir encore qu’en 1931, la progression des mariages s’accentuerait encore davantage ».

Et puisqu’il donne un bal pour le nouvel an, pourquoi ne pas en donner un aussi pour les fêtes de Noël. C’est fait dans la nuit du 25 au 26 décembre 1930 et les bals se succèdent ainsi d’année en année, avec chaque fois quelques nouveautés. En 1931, pourtant, il prévient sa clientèle qu’il ne fera plus bal en matinée, les dimanches après-midi.

Carnet de bal 1931 du dancing Valentin

Pour la Sainte-Catherine 1931, il innove avec l’élection de la Reine du Bal, son couronnement à minuit et un grand cotillon.

Le bénéfice du bal donné en 1933 au profit de la Caisse des écoles doit servir à prêter les livres scolaires et à donner les fournitures gratuitement aux enfants des écoles. Le prix d’entrée est donc fixé à 4 francs pour les dames, 8 francs pour les cavaliers, 2 francs pour les enfants et 5 francs au lieu de 8 francs pour les membres honoraires munis de leur carte.

Qu’elles soient anciennes ou nouvelles, les Sociétés font appel à ses services pour leurs fêtes et c’est ainsi que, sur la demande des dirigeants de la course Paris-Pussay et des membres de l’A.B.B., il donne le dimanche 4 juin, un grand bal de nuit, avec un orchestre choisi.

Le garage Valentin Firon, devenu ensuite propriété de Pierre Rebiffé, à gauche sur la photo. Le bâtiment situé derrière abritait le dancing au 1er étage.

Le Club Sportif de Pussay ne déroge pas à la coutume et offre comme d’habitude sa grande soirée dansante annuelle, le 18 mars 1934, au dancing Valentin. « Les membres honoraires sont particulièrement invités à cette soirée offerte à leur intention. Supporters, amis et amies de Pussay et de la région, vous êtes aussi conviés au dernier bal de la saison d’hiver, le plus populaire des bals de société. Nous n’ignorons pas que c’est pour le 18 mars au soir que se réservent jeunes filles et jeunes gens ; c’est encore au bal du club que l’on sortira sa plus belle toilette ; c’est aussi au bal du club que seront désignés par le sort les veinards des annuaires, et c’est toujours du bal du club que l’on conserve le meilleur souvenir… », écrit l’Abeille qui poursuit :

« Ouverture des portes à 20 h 45. A minuit, tirage de la tombola des annuaires, nombreux lots, dont le banquet du club et autres objets de valeur. Réclamez au guichet les derniers annuaires participant à cette tombola gratuite.

Venez entendre le plus réputé des orchestres musette, avec le concours du jeune virtuose Guy Firon du Moulin Rouge et rendez-vous dimanche soir chez Valentin ».

Valentin Firon, Guy Firon, oui, bien sûr, Guy est le digne fils de son père, né de son mariage avec Jeanne Fichet. Et si le père avait opté pour le jazz, le fils lui s’est tourné vers l’accordéon.

Plus tard, vers le milieu des années 1940, il se fera appeler Joe Bellingham et se produira, toujours avec son orchestre Valentin Jazz, à la salle Pleyel ou donnera des concerts radiodiffusés sur la chaîne nationale.

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Il enregistrera par ailleurs, en 1958, un disque 33 tours et un 45 tours sur des paroles de Boris Vian dont l’une des chansons est interprétée par lui dans le film « Les amants ».

Pour plus d’information sur le séga et des compléments sur Joe Bellingham, nous vous signalons le site : http://7lameslamer.net/quand-le-sega-faisait-danser-paris-1471.html

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Sources :

Marcel Pointeau auquel nous devons beaucoup de documentation et d’objets et que nous remercions pour le temps qu’il nous a consacré en 1994.

François Rebiffé que nous remercions pour son apport de documentation, qui nous a poussés à de nouvelles recherches.

Les journaux « L’Abeille d’Etampes » et « Le Réveil d’Etampes » accessibles en ligne sur le site des Archives Départementales de l’Essonne.

Archives Municipales de Pussay.

Pour les passionnés de fanfares, nous signalons ce site : www.citedelamusique.fr/pdf/musee/colloques_factures/estimbre.pdf

5 réponses à “La musique”

  1. Bonjour,

    Nous préparons un article sur l’histoire du séga (océan Indien). Comme Guy Firon a été une figure dans ce domaine (notamment pour la musique du film « Les amants »), nous aimerions pouvoir reprendre la photo où on le voit avec son accordéon. Nous mettrons les références et le lien vers votre site.

    Cordialement
    Nathalie Valentine Legros
    7 Lames la Mer

    • admin dit :

      Bonjour,
      Merci pour votre visite du site. C’est avec grand plaisir que nous vous autorisons à reprendre cette photo. D’ailleurs nous pouvons vous envoyer une photo peut-être de meilleure qualité par mail.
      Cordialement,
      Anne-Marie et Jean-Luc Firon

  2. Coneggo Michel dit :

    Bonjour
    Superbe site que je parcours avec plaisir, Pussay étant le berceau de ma famille
    Sur la photo de la fanfare de 1896 mon arrière grand père est au 3ème rang, 3ème en partant de la droite. Je crois qu’il jouait du basson.
    Encore bravo pour votre travail.

    • admin dit :

      Bonjour,
      Merci pour votre commentaire, cela nous fait plaisir. Nous avons mis le nom de votre arrière-grand-père sous la photo, mais pourriez-vous nous préciser son prénom. Nous vous donnons notre mail par ailleurs.
      Cordialement, Anne-Marie et Jean-Luc Firon

  3. Gaspin dit :

    Bonjour, mon père et mon oncle étaient amis de Guy firon Bellingham et jouaient souvent dans son orchestre, j’ai quelques photos et je recherche des bandes son ou disques ou autres docs….

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