La seigneurie de Châtillon

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Nous n’avons que peu de renseignements pour le moment sur cette seigneurie. Son existence est attestée par un plan fait par Philippe Guiault, arpenteur juré, à Angerville le 21 mars 1777. (Archives départementales de l’Essonne – 10H7). Ce fief appartenait alors à Monsieur l’abbé de Morigny. L’échelle utilisée est de 36 perches à 22 pieds pour perche et 100 perches pour arpent suivant la coutume des lieux. Trois couleurs différentes (trois gris différents sur la reproduction ci-dessous) indiquent : les guérêts en jaune, les blés en vert et les avoines en « verdâtre jaunette ».

Fief de Chastillon, appartenant à Monsieur l'Abbé de Morigny, le 21 mars 1777.

A gauche, entre le grand chemin d’Angerville à Dourdan et le chemin de Pussay à Grandville, l’arpenteur a représenté le moulin de Pussay qui appartenait aux seigneurs de Languedoue. Il a aussi fait figurer une croix à l’intersection avec le chemin de Gommerville à Pussay. De l’autre côté du chemin d’Angerville à Dourdan, il a tracé les deux emplacements, 114 et 115, de la ferme du Chesne avec ses terres : 880 perches pour l’une, sans y comprendre le chemin de Dourdan qui seul fait 104 perches, et 640 perches pour l’autre.

A l’autre extrémité du village et à gauche du chemin de Pussay à Méréville ou Artréville, se situe en 113 une terre de la cure de Pussay de 123 perches et deux bandes de terre notée Michel Le Comte et Louis Chaudé. Enfin tout en bas à droite se profile le bois de Châtillon.

Cependant, cette seigneurie est beaucoup plus ancienne. Elle apparaît dans les registres paroissiaux de Pussay en 1664, lorsque le curé donne à Cantianne Delorme, « servante à Chastillon », un certificat pour aller se marier à Allainville.

Le 18 mai 1677, François Gastineau décède. Il est laboureur à Chastillon. L’inhumation est faite par le curé de La-Ville-du-Bois, en présence de tous ses parents et amis « et moy j’ay du célébrer le lendemain la messe et le service avec plusieurs prêtres et ay commencé un annuel de une messe pour un an toutes les semaines », signé Dinétain, curé de Pussay. Son fils Cantian, né le 15 juillet 1663 épouse Marie Mosle originaire d’Ymonville. Lorsque Françoise Jacqueline est baptisée le 15 janvier 1693, lendemain de sa naissance, la profession de son père n’est pas mentionnée sur le registre, mais son parrain est « Messire Jacques Stoppa, écuyer, seigneur de Dommerville et capitaine du régiment de Stoppa », la marraine est son épouse Dame Françoise de Vesière. Elle décède 9 mois plus tard, alors que va naître François le 25 décembre. Le parrain de ce dernier est François Mosle laboureur à Ymonville, la marraine Marie Roulleau fille de défunt Paul notaire à Ymonville et le père est receveur de la terre et seigneurie de Chastillon. A la naissance de Marie en 1695, il est « fermier de Chastillon » et à celle de Suzanne en 1697, il est « receveur de Chastillon ». Ensuite, il disparaît des registres. Son bail écoulé, peut-être a-t-il loué ses services ailleurs, ce qui était souvent le cas à l’époque.

Le nom des parrain et marraine de Françoise Jacqueline est cependant à noter : Messire Jacques Stoppa et Dame Françoise de Vesière. Voici ce que nous en dit le dictionnaire de la noblesse de La Chenaye-Desbois et Badier « Louis de Hallot, Chevalier, Seigneur de Mérouville, & à cause de sa femme, Seigneur de Dommerville, Ouestreville et Châtillon fit la foi à Etampes le 19 mai 1719, & mourut en 1737. Il avoit épousé, par contrat passé devant Savigny, Notaire à Paris le 26 avril 1710, Charlotte Adrienne Stoppa, vulgairement Stouppe, fille de Jacques, Chevalier, Seigneur de Dommerville, Ouestreville & Châtillon, Lieutenant-Géneral des Armées du Roi et de Françoise de Vezière ».Il est donc fort probable qu’il s’agisse du même Châtillon. Là encore il est à constater que les seigneurs sont fréquemment parrains et marraines des enfants de leur personnel, tout comme ils le sont des enfants de leurs amis.

Charlotte Adrienne Stoppa est elle-même marraine, le 13 juillet 1704, de Charlotte Françoise d’Archambault, fille de René François et Charlotte de Languedoue. René François d’Archambault est alors dit « chevalier seigneur de Pussay en partie grand bailly de Châtillon-sur-Indre ex capitaine d’une compagnie de cavalerie dans le régiment du Roy ». Jacques Stoppa est dit « chevalier seigneur de Dommerville Bouville et autres lieux capitaine d’une compagnie franche de Suisses au régiment de Surbek » (Surbeck : régiment de Suisses au service de la France de 1692 à 1714. il y avait eu auparavant, de 1677 à 1692 un régiment de Stoppa, qui n’avait pas forcément de lien avec le nom du seigneur de Dommerville).

Cantian Gastineau n’est donc plus receveur de la seigneurie de Châtillon, mais voilà que le 4 novembre 1706, au détour des registres paroissiaux, à nouveau, s’inscrit un baptême. « L’enfant a été nommé Jean Charles par Valentin Durand serrurier à Angerville, comme procureur pour cet effet de Messire Jean Delpech Chevalier Comte de Mérenville, Angerville la Gaste, Autruy, Estouches et autres lieux, Conseiller du Roy en sa Cour et Parlement qui a été choisi pour parrain de l’enfant par ledit père et la marraine Damoiselle Charlotte Adrienne Françoise Stoppa fille de Messire Jacques Stoppa Chevalier Seigneur de Dommerville, Boinville, Chatillon et autres lieux Capitaine Suisse au Régiment de Sorbec [Surbeck] et de Dame Françoise de Mézières [probablement Vézière] son épouse, représentée par Magdelaine Torlé fille de Nicolas Torlé demeurant audit Dommerville », signé Sergeant, curé de Pussay, Durand, Stoppa et Delpech.

Jean Charles est le fils de Jean Boudon, laboureur demeurant à la terre et seigneurie de Châtillon en cette paroisse et de Geneviève Villemaire, sa femme. Même s’ils ne sont pas présents eux-mêmes, les seigneurs de la région sont encore représentés. A la naissance de François en 1708 et de Geneviève en 1711, Jean Boudon est toujours receveur de Châtillon. Ensuite in n’est plus fait mention de lui dans les registres.

Pour reconstituer l’histoire de cette seigneurie, il faudrait donc à la fois remonter et redescendre la généalogie du lignage Stoppa, à partir de Jacques et de sa fille Charlotte Adrienne. Charles Forteau précise cependant que Claude Charles de Languedoue avait cédé son domaine de Dommerville à Jacques Stoppa, déjà seigneur d’une partie de ce lieu. A suivre ultérieurement.

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